Autour de Roissy, les opposants au bruit se font entendre dans un combat que l’on pourrait croire juste. Et pourtant…!
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- KELEREPUS -
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- KELEREPUS, 4 septembre 2023. Dans quelques mois, l’aéroport de Roissy-en-France, baptisé Charles de Gaulle, fêtera ses 50 ans. En mars 1974, un Boeing 747 de la compagnie TWA s'y posait, inaugurant l’exploitation au concret de ce qui est devenu l’une des grandes plateformes mondiales du transport aérien. Curieusement, loin de satisfaire tout le monde, ce superbe succès économique soulève depuis longtemps des colères associatives locales. Les riverains supportent mal le bruit des avions qui approchent ou décollent. Et cela même si les bruyants parmi les bruyants (dont cet affreux Concorde) ne sont plus exploités, si les avions du présents sont devenus nettement moins bruyants que leurs prédécesseurs, et si d’autres mesures ont été prises, dont des aménagements des couloirs aériens, ou des travaux anti-bruit sur certaines habitations. Mais comment ne pas s’étonner de certaines de ces protestations, qui révèlent des choix bien peu précautionneux sur des choix de lieux de résidence…? L’historique du chantier, accessible à qui le souhaite, montre que lors de la décision, dans les années 1960, de réaliser cet aéroport, il n’y avait strictement personne dans ces environs, essentiellement agricoles*. Les expropriations se sont d’ailleurs réduites à... une seule propriété, celle d’un exploitant qui fut, selon les archives, correctement indemnisé. Ce qui démontre que toutes les édifications des alentours résultent d’initiatives postérieures à l’édification de la plateforme aéroportuaire. Or, il faut être soit peu perspicace, soit bien peu attentif, pour consentir à élire domicile à proximité d’un aéroport naissant, sans anticiper une montée en puissance inévitable des activités, et en particulier des circulations d’avions. Dans le cas d’un aéroport, les zones perturbées potentiellement ne sont pas celles comprises dans un cercle dont le centre serait le milieu des pistes. Les trajectoires d’approches et de départs sont matérialisées par des "zones de bruit" figurant longtemps à l’avance sur les plans d’urbanisme. Les études notariales ont clairement signalé les zones concernées à chacun des accédants (les inconvénients ayant peut-être été "mensongèrement" minimisés par quelques promoteurs, dans certains des nombreux lotissements pavillonnaires ayant été développés localement). Néanmoins, nous avons la confirmation que des projets ont été abandonnés, même dans des zones concernées à plusieurs kilomètres par des zones de bruit délimitées pour des pistes qui ne seront jamais construites (dont au moins un axe de piste approximativement nord-sud). Zone de nuisances qui dès lors ont été supprimées. Plus loin sur les trajectoires, des zones urbanisées subissent des nuisances sonores bien réelles, mais là encore, sans aller jusqu'au demi-siècle que le prochain anniversaire ponctuera, nombreux sont les accédants à des logements qui pouvaient dans leur recherche constater la présence d'un trafic. Ce de surcroît du fait que les couloirs ont été créés pas très loin de ceux de la principale piste de l'aéroport du Bourget (la 07-25), qui était en service soutenu des les années 50 et surtout 60.
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Dans le droit fil de ces influences parfois mal supportées, il faut mentionner les oppositions surgies du projet de desserte de Roissy-CDG par le "CDG-Express", (stupidement qualifié de "train des riches" dans quelques associations opposantes du 93, comme si les voyageurs se rendant à l'aéroport n'étaient que de riches managers). Cette liaison, en cours d'édification, (en marge de celle du réseau du Grand Paris), se range en grande partie le long de la ligne de chemin de fer "Paris, Laon, Hirson", qui est aussi celle du RER-B, branche "Mitry". Cette ligne fut mise en service aux alentours de 1870...! Autant dire que personne, parmi ceux qui résident le long de la voie et déplorent le bruit des trains, n'a pu être piégé par surprise. Il aurait été facile d'élire domicile à quelques centaines de mètres pour ne pas être dérangé. Quand une voie ferrée existe, l probabilités d'y voir des trains circuler et de les entendre sont élevées...!
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* “Personne“ n'est bien sûr qu’une simplification qui ne fait pas abstraction du fait que des communes, telles que Roissy-en-France, ou Le Mesnil Amelot, ont été profondément métamorphosées par l'implantation de l'aéroport, largement d'ailleurs bien profité des apports économiques induits, dont une belle progression de la valeur de l'immobilier sur leur territoire.