Hier encore, deux univers partageaient le monde de la capture d'images, celui du fixe, le cliché, et en mouvement, cinéma, vidéo... Lesquels ne sont plus seuls.
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- KELEREPUS, 20 mars 2024. Qu'on le veuille ou non, ce sont bien des progrès purement techniques qui sont à la source de ces dimensions inédites. Et incontestablement, en passe d'ouvrir des espaces de créativité qui ne demandent qu'à grandir. Alors que depuis des lustres, la plupart des progrès ont été centrés sur les techniques argentiques, numériques, optiques, mécaniques, électroniques, mises en œuvre pour saisir, conserver et visionner des images, nous voici face à du nouveau dans la manière de regarder, de ressentir. D'accord, tout n'est pas tout à fait nouveau, si l'on ne considère que des aspects classiques de cette préoccupation, allant de la photo sur papier à celle projetée sur un mur, de la vision purement fixe de toute scène ou sujet, à l'incroyable et très ancienne quête d'un certain relief. Ce que l'on a tenté de trouver avec les initiatives (ratées commercialement) de la 3D, mais déjà amorcées avec de petites visionneuses stéréoscopiques ou, dès le 19ème siècle, des reproductions en noir et blanc, elles-aussi stéréoscopiques, simplement imprimées sur papier. Ce qui reste dans un registre auquel s'ajoute désormais l'intermédiaire entre la vue fixe et la séquence vidéo.
La photo animée mérite une attention particulière. Elle fait naître des perceptions jusqu'alors interdites, faute de ce qui aurait été nécessaire pour les utiliser. Les possesseurs de smartphones d'une grande marque californienne ont probablement été parmi les premiers à découvrir ce qui peut ressembler à un petit gadget, mais au potentiel d’œuvre d'art à part entière. La silencieuse chute de neige qu'évoque une photo ci-dessus, la façon dont s'amorce un sourire sur un visage, les bûches dans la cheminée, le frissonnement de l'eau sur un rivage, la puissante vague déferlante frappant une digue... L'infinité des sujets "animables" est bien réelle. Et tous ces moments fugitifs qui, à eux seuls, sont à ce point évocateurs de tant de choses, ne peuvent pas seulement rester des petits clichés amusants coincés dans la mémoire d'un mobile. Si des applications en matière de création ont vu le jour, il reste pour cet épanouissement à doter tout utilisateur (qui le souhaite) de ce qu'il faut pour voir et revoir ce genre de contenus (connecter un smartphone à un téléviseur est déjà sans aucune difficulté, mais au-delà...?). Même le cadre photo peut y trouver une nouvelle raison d'être...
La vue que l'on touche et qui vous touche, n'est-ce pas un autre de ces axes innovants, pour l'heure un peu moins concret, mais plus prometteur encore...? Une initiative signée Canon, bientôt visible à Londres à l'occasion d'un événement destiné aux personnes atteintes de cécité lève le voile sur un autre horizon qui tend les bras à la photo (lire ici). Il s'agit encore d'une sorte de position intermédiaire entre la photo brute et l'impression 3D, qui peine (la faute à qui) à trouver sa place auprès d'un assez large public. Pour des personnes non ou mal voyantes, une exposition va permettre par le toucher de percevoir des formes qui leurs sont inconnues. Le moyen est une restitution d'image adoptant un "léger" relief. C'est un exercice pour lequel il n'est pas encore possible de passer immédiatement à une mise en oeuvre immédiate. Car il faudrait combiner un peu de cette impression tridimensionnelle et ce qui apparaît dans une épreuve photo, intégrant forcément les informations correspondant au relief, Ce qui n'a rien à voir avec une quelconque capture stéréoscopique (elle même pas trop disponible) souvent et bien improprement affublée du terme "relief". Mais cette petite remarque ne doit surtout pas servir de point de départ à la relance de quelque remarque désobligeante envers qui que ce soit. Pas mal de paliers à franchir sont encore d'une réelle complexité pour atteindre des la photo en relief fidèle aux couleurs et aux... pixels. Ce qui doit aussi inciter à une certaine patience ceux qui espèrent la conjonction de ces deux modes d'imagerie, qui permettrait de voir en relief les eaux impétueuses d'un torrent photographiquement animé.