Si le mobile photographieur s'est révélé être un violent et irréversible destructeur d'une part colossale du marché de l'appareil photo, il a en revanche largement contribué à la libération de la liberté de capturer à qui mieux mieux...
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- KELEREPUS, 14 mars 2024. Prendre des photographies n'a pas toujours été un comportement favorablement accepté. Si les amateurs occasionnels, pour une belle journée sur la plage, un baptême, une fête entre amis, ne s'en sont jamais vraiment rendu compte, d'autres, dont des amateurs plus photographes dans l'âme et dans la pratique, ont eu parfois quelques obstacles à franchir. Car tous les sujets ne paraissent pas innocents aux yeux de certains. Ainsi, se sont propagées des panneaux d'interdiction, d'une valeur juridique tout relative. Pour des sites militaires ou soumis à des impératifs sécuritaires spécifiques, la loi peut se comprendre et clicher ce qui est bien visiblement signalé comme ne devant pas l'être ne souffre aucune discussion. Dans les lieux privés où le public est admis, le sujet est moins facile à trancher. Entre la loi et un règlement intérieur (magasin, musée...) le flou peut exister. Au-delà des mille et une raisons qui ont conduit à des prohibitions parfois incompréhensibles (stands dans des salons, où la définition même de ce genre d'événement consiste à montrer), le quidam en train d'immortaliser un scène reste un suspect.
Il a découlé de cette vision des preneurs de vues des sentiments aussi complexes que variés. Comme ceux de simples citoyens se prenant pour des personnalités et réclamant leur droit à l'image (où d'ailleurs une confusion semble s'établir entre la prise de vue et une éventuelle publication), et d'autres brandissant à tout moment le respect de la vie privée, oubliant qu'en se promenant dans le domaine public, avenue, plage, sentier de montagne, qui de gare, ils y sont de toutes façons visibles par tous. Dans la foulée, les empêchements de photographier s'étaient étendus à des magasins, où les services chargés de la sécurité ont longtemps vu dans les capteurs d'images des cambrioleurs préparant un larcin. Et les exploitants des concurrents espionnant ce qui se vend si bien.
C'est alors que le smartphone s'est invité partout, de quoi totalement changer la donne. Plus de souci pour qui veut photographier un produit ou un rayon, pour se rappeler de ce qu'il a vu, affiner un choix, ou même mémoriser un tarif. Moins parce que la tolérance se serait adoucie, mais surtout parce que tant d'individus utilisent en toutes occasions leur mobile qu'il est devenu impossible et inacceptable de les en empêcher. Ou pire, les réprimander. Certaines enseignes sont même allées jusqu'à organiser des actions promotionnelles intégrant des prises de vues de linéaires, petits cadeaux à la clé. De l'objet utile pour les souvenirs de la vie à l'outil artistique, en passant par l'aide-mémoire, quasi-bloc-note, ces usages ont aidé à densifier le parc d'appareils, par ce complément des autres utilisations techno-numériques. Ce qui a permis à des quantités en véritable explosion d'utilisateurs de se ranger dans la population "disposant d'un équipement pour faire des prises de vue". Une population qui n'est sans doute pas approchée avec toutes les assiduités constructives au sein de laquelle le "vrai monde de la photo" pourrait "recruter", de nouveaux adeptes en puissance, capables un jour de ne plus se contenter des seules aptitudes de leur mobile. Opportunité qui, si l'on souhaite en profiter, comme cela se dit parfois pour certaines applications, "nécessite une action"...
- Il faut ajouter que le smartphone est aussi le premier maillon d'une activité vidéo, qui est très souvent, notamment dans le domaine des influenceurs, l'outil que l'équipement photo-vidéo remplace dès que les raisons de faire plus et mieux se font sentir.