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Par un étrange concours de circonstances, la France ralentit. Le chemin de fer se prend les boggies dans cette épidémie, mauvais arguments en prime. Le sifflet de l'arbitre va-t-il devoir remplacer celui du chef de gare...?

- KELEREPUS, 25 septembre 2021. Quand un trou noir menace, tout ce qui est matériellement concret risque de s'y voir englouti. La stratégie amère de Paris plonge l'auto dans le 30 à l'heure. Sa figure de proue, d'ailleurs plutôt peu que prou, tente de projeter son ombre déportée sur des autoroutes à 110 km/h, une erreur très accidentogène que des états lucides ont abandonnée*. Et voilà le train qui s'y perd à son tour. Enfin, presque, car depuis quelques jours, l'onde de choc a traversé les médias : le train réinvente sa vitesse lente. Pour quel objectif ? Proposer des tarifs que la firme nationalisée française affuble de l'expression anglosaxonne "low-cost". La formule "petits prix" serait-elle devenue vexante ou pas assez "dans le coup"? 

Le pire est que cette initiative pourrait être comprise très différemment. Car en réalité, cette vitesse réduite, comme le 160 Km/h sur Paris-Lyon, est celle que pratiquaient les "grands trains" (dont le Mistral, ou les TEE par exemple) des grandes époques, lorsque le train faisait encore rêver au-delà du cercle des ferrovipathes, il n'y a pas si longtemps, en particulier quand le tracé du TGV n'avait pas encore été réalisé, comptant pour une bonne part dans le gain de temps sur un trajet couvert à une vitesse très élevée. L'objectif est donc davantage de concurrencer des compétiteurs par le prix (en matière commerciale, cela s'appelle manger dans l'écuelle des autres) tels que les cars, le covoiturage, voire l'avion et ses temps de parcours (le temps, c'est de l'argent). Se plaçant dans cette approche commerciale offensive, la société nationale pourrait toutefois se voir interrogée à propos de tarifs excluant toute perte (et donc concurrence déloyale). Dans cette manœuvre, il aurait sans doute été plus élégant de mettre en valeur les liaisons à caractère plus régional. Ah oui, au fait, l'idée serait-elle de savonner la planche à une proche concurrence qui pourrait arriver dans le cadre de la libéralisation...? Avec des personnels qui ne partent pas à la retraite à 55 ans** et n'offrent pas des places assises gracieuses à leurs proches. Il reste que le message reçu est bel et bien "payez moins cher pour un service clairement et volontairement dégradé." Moins cher, reste à voir... Combien vont devoir débourser des voyageurs allant, par exemple, de Dijon à Macon... D'autres questions restent posées.

Même avec 4h30 de trajet, voire 5h00 sur Paris Lyon, l'auto reste plus attractive pour de nombreux voyageurs. Imaginons un francilien, tenu de rejoindre la Gare de Lyon - en fait Bercy-  (dans la capitale) pour accéder au train convoité. Rappelons que 80% des habitants de la région parisienne résident hors capitale. Avec une marge de précaution, nombreux sont ceux qui tableront sur 1h00 à 1h30 pour ne pas manquer le départ. Un fois à Perrache ou La Part-Dieu, il faudra encore un "certain temps" pour rejoindre la destination finale. En porte à porte, l'auto ne dépasse pas 5H00, en partant d'une destination à l'est de la capitale. (Pour les résidents du sud, c'est plus court). Les contradicteurs peuvent rétorquer qu'en voiture, il faut aussi compter le prix de l'autoroute. Allusion qui impose de classer les voyageurs par motifs de déplacement. Professionnel, la notion de coût est à prendre en compte avec l'aller-retour dans la journée (ou nuit d'hôtel et heures de travail non productives). Touristes ? Pourquoi prendre l'autoroute...? Les circonstances sont en fait extrêmement diversifiées. Même pour un professionnel, le choix peut encore se décomposer. Paris-Lyon même en TGV peut être concurrencé par l'automobile dans un porte à porte (de la maison ou du lieu professionnel). Mais avec seulement un attache-case et un notebook, au départ de Chessy Marne-la-Vallée (Disneyland Paris), la liaison prend environ 1h50 pour atteindre Lyon... Saint-Exupéry. 


* Outre Atlantique, les vitesses trop lentes ont été génératrices  d'accidents par somnolence. A faible vitesse, régulateur en fonction, le conducteur s'évade, pense à autre chose. De nombreux états ont remonté les vitesses maximales autorisées.

** Question sécurité...? C'est l'argument auquel s'agrippent certains syndicats. Que dire de ces innombrables commandants de bord qui traversent quotidiennement l'Atlantique Nord (entre autres) jusqu'à leurs 65 ans... 

 

 

Tag(s) : #- ACTUS, #- Train, trains...
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