Lion de Peugeot, Spirit if Ecstasy, Étoile à trois branches, fin de parcours...! Sans radiateur, l’auto perd le plus visible de ses éléments de physionomie. Comme si les dames n’avaient plus leurs oreilles, que deviendraient alors les boucles…?
- KELEREPUS, 26 septembre 2021. Si la nature a horreur du vide, elle ne tolère guère plus le trop-plein. Avec leurs moteurs de plus en plus courants, les autos de l’ère du grand remplacement (électrique) changent de faciès. L'automobile est dans un virage qui désole. Car depuis l’avènement de la motorisation thermique (en résumé, celui de l’auto), le refroidissement était une fonction impérative. Elle était en grande majorité confiée à un duo radiateur + circuit d’eau, l’air frais étant capturé très logiquement en face à face avec la route. En coulisses, la pompe faisait circuler l'eau, les pales du ventilateur brassaient l'air. D’où une disposition impliquant un effet protecteur et nécessairement décoratif. Seules, les motorisées par l'arrière pouvaient échapper à cette élégance avancée.
Devant les éléments austères du radiateur, ont été créés ce qui est aussi devenu le vrai visage de l’automobile, un peu comme celui d'un monsieur ou d'une dame, parfois doux et charmeur, parfois si impressionnant en imposant son caractère dans un rétroviseur. De cette apparition surgit instinctivement un véritable jugement sur la mine, classification sociale à la clé. On ne voit pas grossir l'image du poursuivant de manière identique, dans le miroir de bord, selon que se profile la proue d’une modeste Dacia ou celle conquérante d’une puissante Mercedes. Assez pour en déduire déjà le rang social de celui qui tient le volant, riche ou banalement du peuple ordinaire.
Mais les électrons changent les idées, surtout quand celles-ci sont toutes faites. Plus de radiateur, plus de calandre. Cela arrive de surcroît au moment où un virus impose à tous de se masquer le visage. Faut-il y voir un signe ? Déjà, cette absence était bien présente sur les Tesla (tout comme sur l’historique Jamais Contente). Sans pour autant interpeller des regards et esprits perdus entre autonomies étriquées et facéties d’Elon Musk. Mais alors que les électriques commencent à se multiplier, la neutralité de la face avant saute soudain au regard. Quelle banalité…! Quel manque de personnalité…! Vous allez voir que l’heure des regrets n’est désormais plus très loin. La nostalgie, qui est à la tristesse ce que le tic-tac de l’horloge est au vertige du temps qui passe, va s’installer. Et créer des calandres pour rien ne consolera pas. Ah, qu’elles avaient du charme, ces belles d’hier, capot ouvert, transpirant d’une émanation subtile de vapeur, en pause reconstituante après un athlétique ascension alpestre ! "Au moins, on ne nous piquera plus nos bouchons de radiateurs.!" vient de rompre un interlocuteur, les pieds bien sur terre, moins sensible aux rêveries lyriques qu'aux rugueuses réalités du collectionneur. Erreur, cher passionné, car en s’effaçant du décor, la calandre vient de prendre du galon. Plus que jamais à conserver !