L'art du portrait est une composante importante de l'activité photographique. Le confinement dont nous sortons vient de nous offrir une séance de formation par la démonstration quotidienne de ce qu'il ne fallait surtout pas faire. À regarder bien en face.
- KEKEREPUS, 9 juin 2020. Couper les contacts ne veut pas dire couper la parole. Celle-ci est même devenue l'axe dominant, la poutre soutenant tout le reste, dans l'univers des médias. Coup de chance, tous, et en particulier les spécialistes de la santé, des contagions, des virus, sans oublier les experts du blabla, sont venus nous expliquer tout et son contraire sur l'ensemble des facettes de la crise du coronavirus. Venir est en fait un terme inapproprié. Confinement et distanciation (plus chic que "distance", non ?) obligeant, les individus invités à prendre la parole sont pour beaucoup restés dans leurs propres locaux, face à leurs propres smartphone. Et c'est là que le festival a commencé.
Objectifs trop bas, décors ni faits ni défaits, et surtout, désastres lumineux se sont enchaînés, mélangés, bousculés sur les écrans de télévision. Moins grave pour les utilisateurs regardant ce spectacle sur de vieux récepteurs petits et peu fringants, cela est devenu très pénible pour les possesseurs de majestueux et onéreux OLED ou QLED d'une taille aussi belle que la facture. Presque un complot...
A quelque chose malheur est bon. Nous voilà en présence d'une sorte de petit récapitulatif de ce qu'il convient de préserver non pour devenir un virtuose hors normes dans l'univers des portraitistes, mais seulement pour obtenir de bonnes images quand un proche ou autre est mis au centre d'une prise de vue. Ce qui convient pour une bonne photo s'applique aussi pour les séquences de vidéo en ligne partagées (Face Time et similaires), ce qui n'est pas rendu trop commode par la position d'un capteur facial minuscule, adroitement mal placé sur le smartphone ou la tablette, et à exploiter tout en regardant l'image venant du correspondant.
-La bonne image se met en quatre points essentiels-
- 1- La lumière est prioritaire dans la série des bons réflexes. La surabondance de visages éclairés d'un côté, dans le sombre de l'autre, n'a pu que sauter aux yeux des spectateurs, habitués à voir, sans y prendre garde, des prises de vues de professionnels de la TV, en général excellentes, même en extérieur. Inutile de s'armer d'une flopée de projecteurs. Mais il existe dans les linéaires d'accessoires des petites "torches" à LEDS qui produisent une lumière à la fois douce et claire, et qui sont à positionner pile au-dessus de l'appareil de prise de vue. Rapprocher ou légèrement éloigner cet accessoire suffit à gérer l'insuffisance (trop sombre) ou l'excès de lumière.
-2- Le niveau ou est placé horizontalement le capteur est un point très important. Trop bas, ce qui est le plus souvent le cas (parce que l'appareil est placé sur une table ou un bureau, d'une manière stable), la visée aboutit à une sorte de contre-plongée assez disgracieuse qui donne l'impression que l'individu filmé regarde le monde d'une hautaine domination. Trop haut, ce n'est pas mieux, bien que plus rare. Comme quand un interlocuteur que l'on voit du palier descend, pressé de partir, descendant déjà l'escalier.
-3- L'angle, autre élément déterminant, se gère soit en utilisant la variation de la focale, soit, si celle-ci est fixe, en éloignant un capteur souvent placé trop près, aboutissant à une " fernandellisation" des visages, déformation dans le sens de celle que l'on observe en se regardant dans une grosse boule de sapin de Noël.
- 4- Enfin, le fond est aussi le piège dans lequel peu vite se perdre toute image. La bibliothèque détourne l'attention de ceux qui cherchent à voir les titres qui y sont rangés (et commencer leur analyse psycho-orientée du correspondant, du Victor Hugo ou l'almanach des Grosses Têtes entraînant des pré jugements différents). Une fresque peut venir enrichir se fond. Mais au pire, l'une des meilleures formules consiste à se placer loin du fond, au milieu d'une pièce, par exemple. De sorte que ce fond d'image soit un simple flou n'accrochant pas le regard. Inutile de se plonger dans un océan de principes où l'on se noie rapidement. Viser la simplicité reste la recette la plus sûre pour éviter les résultats pitoyables que bien des intervenants, pourtant cultivés et compétents par ailleurs, n'ont pas su contourner.
- Côté pros - Vous vendez de la photo ou de la vidéo, dans un sens quelconque...? N'oubliez pas que l'une des demandes les plus fréquentes chez les amateurs est celle d'une formation, qui peut prendre mille et une formes, du petit dépliant à un kit-promo associant par exemple un équipement et un bouquin comme celui du photographe Bernard Jolivalt que nous avions chroniqué ici. Le "coin conseils" dans un espace dédiée du rayon ou du point de vente n'est pas aussi utopique qu'on pourrait le croire. La course aux idées est lancée.