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En passant de la machine à vapeur à la traction électrique, puis du train avec motrice à la rame autonome, les sensations procurées aux spectateurs sur les quais de gares ont perdu l'essentiel de leur effet de fascination. D'où naissent les passions ?
- KELEREPUS, 25 août 2021. Les touristes qui, à juste titre, s'émerveillent devant les évolutions des locos à vapeur de nombreux trains touristiques passent pourtant bien loin des réalités d'hier, facettes impressionnantes au premier plan. Bien sûr, on peut raconter, mais cela ne vaut pas le vécu, lequel se perd dans la nuit des temps. C'est peut-être un élément déterminant dans le recul d'un charme ferroviaire qui n'est plus ce qu'il était. Pour un voyageur arrivant d'un périple et descend d'une rame à grande vitesse, le spectacle n'a rien de commun avec ce qu'était cette même fin de trajet, lorsqu'une "majestueuse" soufflait comme pour récupérer des efforts accomplis. Cette vapeur ne se regardait pas, elle se vivait. "Bambin, à Nevers*, ce n'était pas au dépôt et dans les vibrations enivrantes de sa rotonde, mais simplement sur le pont de la Grippe que je me laissais envoûter par la vapeur", explique un natif de cette cité célèbre pour sa botte. Ce pont, bien plus inoubliable pour ce mouflet que ceux d'Avignon, du Gard et de Nantes réunis, se situe à l'extrémité des quais de la gare neversoise. Les locomotives des trains venant de Paris et poursuivant vers Clermont-Ferrand stoppent donc au pied pile de cet ouvrage d'art. Et dès lors, au mépris des avertissements de parents craignant l'escarbille, le bain dans cette vapeur était quasi voluptueux. Autre témoignage**: "Sur le petit sentier, juste au-dessus de la sortie du tunnel, je sentais le sol vibrer à l'approche de l'express que j'était venu attendre. D'un coup, surgissait la masse impressionnante d'une locomotive immédiatement camouflée par une fumée projetée par la cheminée." Au beau milieu de la Savoie, le bambin attendait la suite d'un spectacle pas encore terminé. Il savait qu'en repartant de la gare***, il verrait à nouveau le train deux fois, une fois en attaquant sa montée vers Bourg-Saint Maurice, une seconde fois dans la courte corniche vite franchie par un convoi gravissant une véritable spirale taillée dans la roche.
Dans une gare parisienne, forcément terminus, Montparnasse (arrivée de Nantes), du Nord, derniers tours de roues de la Flèche d'Or (Londres), de Lyon, en provenance de Marseille, Clermont-Ferrand, etc., la rencontre avec la machine sur le chemin menant vers la sortie était inévitable. Combien de bambins ont pu subir dans ces instants une sorte de coup de foudre, de ces instants qui vous inoculent pour toujours des sensations génératrices de passions. Il faudrait des pages entières pour esquisser toutes les ressentis de tels moments. Expression d'une puissance exprimée par le calibre de ce géant d'acier, émerveillement devant l'embiellage scintillant de ses perles d'huile, tout cela ne va pas sans la chaleur et les odeurs. A l'heure ou des accros de la réalité virtuelle s'ingénient à créer des visions d'un futur pas toujours probable, quand nous feront-ils le plaisir de recréer ces instants qu'il est en revanche bien compliqué de traduire sur un réseau en N ou HO (pas véritablement mieux dans des échelles supérieures). En attendant, défi lancé, admirons de-ci de-là ce que des passionnés d'un autre registre font revivre avec de la vapeur vive. Et imaginons...
* Ville du centre (Nièvre), siège d'un important dépôt et jouxtant les célèbres ateliers de Vauzelles... Bref un peu à la vapeur et aux chemins de fer ce que Detroit est à l'automobile...
** Récits authentiques.
*** Il s'agit de Moûtiers (Moûtiers-Salins), d'où, chaque hiver, des milliers de vacanciers partent vers des stations de sports d'hivers telles que Courchevel, Pralognan-la-Vavoise, Méribel...
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