
Certaines particules semblent plus fines que les stratégies politiques visant à éliminer les véhicules alimentés au gazole.
- KELEREPUS*, janvier 2019. Les excès ne sont jamais bons. Il en est ainsi pour les excès de diesel, et les excès de son dénigrement. En France, ce carburant avait depuis des années au moins un inconvénient majeur, celui de rapporter nettement moins de taxes à l'Etat que le super. Logique, puisque pour en encourager l'usage, le choix avait été fait à son égard d'une fiscalité préférentielle. Les tirelires nationales ayant, comme les baignoires de nos années scolaires, la mauvaise habitude de se vider plus vite qu'elles ne se remplissaient, cette taxation stupide -puisque insuffisante- a commencé à être corrigée en 1995, moment où ce qui faisait économiquement glouglou dans les réservoirs a commencé à être qualifié de dangereux pour les organismes. Ce qui, ne travestissons pas la réalité, est réel. Personne ne peut prétendre que les particules n'ont aucun effet négatif sur la santé. Mais depuis ce quart de siècle, la technologie a fait de gros progrès. Au point qu'à présent, un moteur animé au gazole de dernière génération ne présenterait plus qu'une nocivité très réduite. Forcerait-on le trait sur la dangerosité potentielle...? Possible. Mais difficile à dénouer, au cœur de l'imbroglio qui secoue l'ensemble de l'industrie automobile à travers le monde, séisme à propos duquel il serait naïf de supposer qu'aucun règlement de compte et qu'aucun croque en jambe ne serait venu se glisser dans les événements qui envahissent les médias depuis quelques saisons.
Carlos Ghosn avait déclaré il y a quelques années, juste constatation, que les constructeurs français n'étaient pas les seuls à se battre contre la suprématie de leurs concurrents allemands, qui posait des problèmes à tous les fabricants du monde. Un jour prochain, lorsque l'histoire effacera progressivement ce qui reste pour l'heure du domaine de l'actualité, se révéleront peut-être des détails intéressants sur la genèse du "diesel-gate" et autres soubresauts.
Mais aujourd'hui, un autre chapitre semble prendre place dans ce roman anxiogène. Outre-Rhin, des manifestations se sont récemment déclenchées, pour protester contre cette condamnation sans réserve d'un carburant peut-être moins nocif que certains politiques en mal de conquête de sièges ne l'affirment. D'ailleurs, Emmanuel Macron lui-même a confirmé ces jours derniers, devant une audience extrêmement large, que les aides au remplacement restaient proposées pour l'achat de diesels récents. Comme il est facile de l'imaginer, on compte dans les rangs des protestataires allemands de nombreux collaborateurs et employés des marques incriminées. On recense de surcroît une bonne quinzaine d'autres manifestations programmées pour le court terme. Les mécontents n'avancent pas sans quelques arguments. Comme cette affirmation, signée par plus de 100 pneumologues, indiquant que les normes imposées seraient très excessives. Si la dangerosité était celle qu'affirment les tenants de l'interdiction, tous les automobilistes et ceux qui les voisinent seraient déjà morts, soutiennent en substance ces professionnels de santé. Les profanes (que nous sommes) n'ont aucun moyen de trancher. Il reste qu'entre la montée en puissance des véhicules électriques et les probables fermetures d'unités de production dédiées au diesel, les chiffres évoqués de-ci de-là laissent entrevoir une industrie qui, au niveau mondial, pourrait perdre près de la moitié de ses emplois.
* KELEREPUS, au risque de déplaire aux autophobes, persiste à considérer l'automobile, même actuelle, comme un instrument largement dédié aux loisirs.
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