Les techniques numériques ont donné naissance à des usages extraordinaires. Mais d'autres nettement moins agréables sont à redouter.
Il ne faut pas se le dissimuler, la génération numérique va changer dans des proportions inimaginables la manière d'utiliser les automobiles, et pas seulement se limiter à connecter les smartphones ou faire des créneaux réussis sans les mains. L'épisode amer des pastilles antipollution toujours d'actualité rend inéluctable quelques évolutions, d'autant qu'en hauts lieux, l'imagination ne manque pas en ce qui concerne l'alimentation de l'autophobie ambiante.
Dans un délai assez court, la possibilité de savoir à tout instant où se trouve un véhicule, pour l'ensemble du parc, ne se limitera plus aux services dédiés aux flottes professionnelles. Si pour l'heure les limites techniques des moyens de télécommunications rendent impossible la mise en pratique d'un tel suivi, l'arrivée dans 3 à 5 ans de la 5G, au minimum 100 fois plus performante que la 4G, éliminera cet obstacle. Ce d'autant plus que les galaxies de satellites, plusieurs milliers, dont les mises en orbites sont programmées, devraient "débarrasser" les réseaux terrestres d'une part énorme du trafic lié à Internet. Et que les possesseurs de véhicules d'un certain âge, voire anciens ou même historiques, se rassurent, l'adjonction obligatoire d'un boîtier spécifique ne serait ni compliquée ni très onéreuse. Le progrès n'est-il pas encore plus beau quand il "profite" à tous ?
Cette géolocalisation probablement inéluctable associée à des zones géographiques permettront de savoir au mètre près si un véhicule est en excès de vitesse, et si les industriels sont tenus de placer à bord des véhicules qu'ils fabriquent une puce d'identification, cela deviendra un jeu d'enfant de savoir si une automobile pénètre dans un quartier qui ne lui est pas autorisé pour des raisons de pollution.
Autant suggérer, au point où nous en sommes, quelques "améliorations" à ces futurs dispositifs, comme l'amende immédiate pour excès de vitesse avec prélèvement bancaire instantané pour couvrir l'amende. Et pourquoi pas l'arrêt tout aussi instantané du moteur si le conducteur présumé n'a plus de points, ou si la provision sur le compte bancaire est insuffisante pour payer l'amende.
Notre conviction au sujet de cette évolution est qu'elle se produira ! Elle sera de surcroît argumentée de mille et un bonheurs inédits, comme savoir immédiatement où se trouve une voiture accidentée, où est parti un véhicule volé, ou encore générer des alertes techniques éliminant trop de pépins en rase campagne. Ce qu'il faut pour rendre sympa une perspective qui ne l'est pas.
Cette géolocalisation "H24", qui dispensera l'Etat d'acquérir des parcs de radars coûteux et exposés au vandalisme permettra aussi, très accessoirement (mais utile en cas de mise en examen) de savoir si un quidam père de famille s'est aventuré pour quelques moments intimes avec sa secrétaire. Chose qu'il est d'ailleurs déjà aisé de savoir, les smartphones laissant à peu près autant de traces sur un cheminement qu'en laissait le Petit Poucet avec ses cailloux blancs.