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Souffrant d'une réputation injustement déplorable pour des raisons quasi anecdotiques, elle est moins vulnérable que le microsillon et s'honore de bien meilleures performances. Sous quelques conditions....

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- KELEREPUS, 27 juin 2022. C'est devenu le vilain petit canard de l'ère analogique. Une réputation très injuste lui colle au ruban. Pourtant, cette mise en support verrouillé d'une bande magnétique imaginée (notamment) par Philips, qui l'a dévoilée en 1963, a fini par réunir des qualités qui ont définitivement échappé au bon vieux disque. Enfin..., "bon" mais aussi pas si bon que cela, cette remarque ne tenant même pas compte des choix un peu trop économiques de l'édition phonographique qui dans certains cas, n'a pas hésité à sacrifier certaines qualités sur l'autel du bénéfice net. Mais bon, le disque se vendait, alors...! A ses débuts, la cassette, avec un ruban défilant à une vitesse fort lente, ne brillait pas non plus de tous ses feux acoustiques. Il aura fallu attendre une dizaine d'années pour que, grâce aux systèmes de Ray Dolby, ses célèbres "réducteurs de bruit"* (qui surtout dopaient la dynamique), elle accède sans réserve aux canons de la haute-fidélité et aux louanges de ses analystes. Sans multiplier les éléments techniques, notons que la cassette brillait par une diaphonie (séparation entre canaux droit et gauche en stéréophonie) sans commune mesure avec le très pitoyable palmarès du disque sur ce plan. Elle a aussi su atteindre une dynamique très élevée, proche sur certains matériels de ce qu'a permis le CD audio. Autre atout : la cassette ne risque pas les rayures par maladresse qui imposent des "tocs-tocs-tocs" définitifs, sanction du moindre faux geste en manipulant une tête de lecture, et qui a donné naissance à cette historique exclamation : "le disque est rayé...!". Elle n'est pas davantage attaquée par la poussière, ce qui a fait de nombreux microsillons, électricité statique et poussières ambiantes aidant, des sources de musique affectées de grésillements pour toujours et ce parfois dès leur première sortie de leur pochette d'origine. En lecture, le disque en matière plastique a eu aussi pour défaut cette tendance à se gondoler, mettant en péril son bon contact mécanique avec son plateau de lecture (défaut qui fut corrigé sur une table de lecture Luxman par l'adjonction d'une... pompe à vide plaquant le disque sur le plateau tournant). Même l'usinage n'a pas toujours été très précis, avec un trou central pas toujours "pile" au juste milieu,  anomalie que le fabricant japonais Nakamichi a combattu sur une onéreuse platine d'exception en la dotant d'une mécanique assistée par une petite informatique recentrant en permanence le disque autour de son centre absolu. N'en déversons pas davantage sur le compte de ce pauvre disque qui a pourtant permis à toute l'industrie phonographie (familièrement dite "industrie du disque", ce qui veut tout dire) de vivre ses plus belles décennies, et à des centaines de millions d'utilisateurs de consommer pleinement leur passion pour la musique. Mais alors, si cette cassette a évité tant d'écueils affectant le microsillon, pourquoi vit-elle recluse dans une réputation très injuste...?

Oubliez la cassette d'édition. Si vous aimez la soupe, visitez plutôt le rayon des potages de votre supérette favorite. Pour être juste, il faut reconnaître que la cassette a été victime de l'une de ses principales aptitudes : la mobilité. Au moins un industriel, Sony, a pourtant démontré avec ses Walkman la possibilité d'une exploitation parfaitement correcte en mouvement (et même "mouvements")**. Mais c'est sur la route que la cassette a rencontré les pires soubresauts de son existence. Plus commode à placer dans un lecteur pour l'automobile que le disque, elle a été cataloguée avec un optimisme un peu excessif outil idéal pour que tout utilisateur puisse écouter la musique de son choix, ses compilations copiées de sa propre discothèque, ou à la radio***, sur ses trajets quotidiens comme lors de longs déplacements. Hélas, les trépidations de la machine ont toujours eu pour effet d'imposer de multiples mouvements en tous genres et tous sens, rendant le défilement et l'enroulement du ruban de plus en plus irréguliers. Ajoutez un nid de poule plus méchant, un peu de poussière, de condensation, de la chaleur, du résidu de fumée de cigarette, et hop, le ruban déjà mal en piste quitte sa trajectoire, s'enroule là où il ne faut pas. La cassette se survit pas, et sa dépouille se retrouve bien souvent là où le trépas l'a frappée, des mètres et des mètres de ruban sortis et emmêlés, révélant son agonie et des tentatives de soins palliatifs nerveusement abandonnés, faute de résultat. Grrr...! De là, déduire les critères d'une bonne utilisation sont faciles à deviner. D'abord, toujours sur une même mécanique, une de la meilleure qualité possible de préférence. Avec de temps en temps un rembobinage complet pour que se recrée un enroulement homogène. Et le choix du support (les assortiments en rayons ont hélas presque totalement disparu) n'est pas anodin. La qualité sonore dépend aussi de l'enregistrement, du bon usage du ou des réducteurs de bruit et de la source, naturellement.

Mais alors, pourquoi cette résurgence vigoureuse du vinyle, que ne connaît pas (ou si peu) la cassette...? Le renouveau du vinyle a initialement puisé sa source d'abord dans le "maxi 45 tours", un microsillon qui, tournant plus vite (que le classique 33 tours dont il a la taille), autorise une bande passante plus élevée vers le haut du spectre sonore. Et la génération DJ a fait le reste, côté tendances. Impossible de faire avec des cassettes ce que l'on fait avec une paire de platines TD, du mixage et de la dextérité. Dans ce mouvement, le disque analogique a fait revenir à l'oreille des mélomanes et des audiophiles un son plus vrai, moins sec, que celui issu d'une technique numérique. La cassette peut le faire aussi. L'ignorer serait quand même dommage.

* Du bon usage des réducteurs de bruit, Dolby et d'autres, à lire prochainement sur ce blog. ** Pour aller jusqu'au bout de cette histoire de la cassette nomade, ajoutons que, contrairement à ce qui est populairement admis, le célèbre Walkman ne fut pas le premier du genre. La firme japonaise avait auparavant créé un lecteur de cassettes fait pour la mobilité, le véritable ancêtre du Walkman, confirmé lors d'une rencontre avec le responsable à l'époque de cette ligne de produits. L'appareil (que l'auteur de ces lignes avait testé pour des magazines spécialisés, dans les années 1970) était doté d'une mécanique très élaborée, avec notamment des cabestans associés à deux volants d'inertie en disposition opposée, lissant les éventuelles fluctuations mécaniques issues des mouvements en mobilité. *** D'une manière parfaitement "légale", sans la moindre notion de piraterie, les deux formes de diffusions originales assumant sans faille la rémunération des ayant droits.  
 

 

 

Tag(s) : #- ACTUS, #- LA MUSIQUE
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