
Choisir le train plutôt que l'avion pour des raisons écologiques ressemble à un principe louable. Ressemble seulement... Car techniquement, ça ne tient pas la route…!
- KELEREPUS, 2 juin 2019. Parce qu'il est électrique, qu'il a abandonné des panaches de fumée qui ont fait rêver tant de gamins, le train et son modèle très rapide connu en France sous la marque commerciale TGV (qui appartient à la SNCF) paraissent plus inoffensifs pour la nature. Des petits malins de la famille de ceux qui se sentent investis du devoir de penser pour les autres mettent en joue les liaisons aériennes courtes. "Autant les remplacer par des trajets en TGV" affirment-ils en substance, préconisant déjà l'arrêt de certaines liaisons aériennes. Un raisonnement lourdement erroné, qui se place pile dans le sillage de l'une de ces tendances bouillonnantes dans lesquelles la société se laisse parfois aller jusqu'aux excès...!
Comme cela s'impose parfois, KELEREPUS s'éloigne ici partiellement de son univers des loisirs, lequel est en réalité indissociable de la vie courante. Trains et avions "du quotidien", objets de nombreuses passions, sont aussi vécus par leurs adeptes comme des éléments qui ne souffrent pas les approximations ou pire encore, les dénigrements pour raisons peu louables.

Prise comme inévitable exemple, la liaison Paris-Marseille, s'offre comme l'image de la preuve imparable. Parce que le train rapide couvre ce trajet en 3 heures, il serait plus propre mais aussi pratique que la voie des airs. Ce qui revient à prendre tous les usagers choisissant les nombreuses navettes entre l'ex-Marignane et CDG ou Orly pour des imbéciles et surtout de coupables pollueurs. Sur un plan purement pratique, il n'y a pourtant pas de comparaison possible entre l'aller et retour dans la journée que pratiquent notamment ces milliers de personnes qui, pour leur travail, embarquent aux aurores et seront de retour à la maison en soirée*, économisant ainsi une nuitée d'hôtel à destination, et du temps aussi bien dans le cadre de leur travail que dans celui de la vie familiale.
Mais hors de ce trajet sur lequel air et rail peuvent éventuellement se concurrencer, ces écologistes patentés qui mènent en bateau ceux qui les écoutent, peut-être par une innocente et ignorante conviction (ou alors, par une parfaite mauvaise foi non sans dessein), évitent cependant avec prudence d'évoquer des parcours tels que Paris-Toulouse, Paris-Nice, et davantage encore nos transversales. Aller de Nantes à Toulouse (d'une usine Airbus** à une autre) ou à Nice, de Lyon à Bordeaux, de Lille à Montpellier, de Bordeaux à Strasbourg, de Brest à Marseille, liaisons dites courtes... Et condamnables...
Après avoir tout compté, et tous comptes faits... Cette remarque à propos des transversales conduit à considérer des infrastructures… inexistantes. Chacun peut imaginer le côté titanesque et les dépenses qu'engendreraient l'établissement de lignes aptes à de la vraie grande vitesse pour véritablement quadriller l'Hexagone. Le sujet doit intégrer bien plus que ce que représente la seule consommation d'un trajet quai à quai en Ouigo. L'investissement serait gigantesque pour la collectivité (les contribuables en plus des voyageurs) en partant des acquisitions foncières, prolongées des chantiers (sans oublier les délais liés à toutes les facettes d'une telle entreprise, y compris les recours d'associations... écologistes craignant les nuisances ou l'éradication d'une herbe unique en son genre). En imaginant cette phase de création accomplie, suivrait l'incontournable entretient et maintenance des infrastructures, même si un jour, elles venaient à être moins utilisées***. On ne change jamais la moindre longueur de caténaire ni le moindre rail sur les voies aériennes, utilisées par des aéronefs qui se contentent de 3500 mètres de piste pour décoller, encore moins pour atterrir. Certes, il y a la panoplie radioélectrique qui sert à la navigation, mais aucun terrain accaparé pour toujours, aucun pont ou tunnel à construire, pas un seul passage à niveau... Le meilleur bilan du train quand il est électrique est en outre trop souvent considéré sans tenir compte de la production de cette électricité qui est très majoritairement d'origine fossile, sauf en France, grâce au nucléaire, lequel est combattu par les mêmes écologistes, qui sautent aussi sur l'occasion de protester quand une éolienne fait mine de s'intégrer au paysage.
Pollution politique...? A moins que ces élans, dont on imagine qu'au mieux, ils viseraient l'élimination de quelques vols entre la capitale et la Bonne Mère, soient nourris par des ambitions largement plus électorales que fossilement généreuses. La préservation de la planète, fondamentalement louable, est surtout devenue "vendable" comme un atout politiquement parlant. Comme, paraît-il, cela s'affirme dans pas mal de chapelles, l'important n'étant pas qu'un dieu existe, mais que les gens y croient...
* Un vol démarrant de Marseille Provence vers 7H00 libère ses passagers vers 9H00 au plus tard, qui plus est avec un temps d'accès aux zones d'activités proches de CDG (t nord de la capitale) ou Orly (sud de Paris). Un TGV parti de la gare de Marseille Saint-Charles à 7H00 libère ses voyageurs au cœur de la capitale (Garde de Lyon) à 10H00 (si aucun retard) et ôte déjà bien des chances de travailler à destination avant l'heure du déjeuner. Un vol décollant d'un aéroport parisien vers 19H00 permet d'être de retour à Marignane vers 20H30, alors qu'il faut compter sur un départ de TGV à 17H30 pour un retour à la même heure, soit un départ (risqué) vers 16h30 du lieu opérationnel. L'avion permet une journée de trvail, le TGV deux à trois heures, guère plus.
** Les Airbus de la famille A320 sont fabriqués sur le site nantais.
*** C'est l'un des problèmes financiers majeurs que rencontre la SNCF, qui a créé des lignes à grande vitesse dont, selon ses propres dirigeants, seul l'axe Paris-Lyon est réellement équilibré, mais qui conserve un réseau classique ancien, peu exploité, mais qu'il faut à coups (et coûts) de millions d'euros maintenir en parfait état, ne serait-ce que pour des raisons de sécurité.
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