
Entre un appareil photo compact ou un smartphone, comment choisir, budget en embuscade…
- KELEREPUS, août 2018 – Tout le monde ou presque est équipé d'un smartphone. Les réponses objectives à notre question ne peuvent toutefois pas être trouvées dans les points de vente ou rayons spécialisés, au sein desquels elles seront irrémédiablement et fort logiquement "orientées". En effet, chercher à éclairer ce choix sur le "terrain" est très compliqué, puisque les deux produits, APN et smartphones, ne sont pas vendus dans les mêmes circuits, qu'il s'agisse de rayons ou de magasins, et logiquement pas selon les mêmes visées. Les intervenants des rayons de smartphones (comme les boutiques d'opérateurs) vendent des instruments de télécommunication, tandis qu'au sein d'un espace dédié à la photo, l'équipement pour faire de la prise de vue est au centre de toute l'activité. Les informations "orientées" évoquées ci-dessus ne le sont donc pas par malhonnêteté, mais par simples affinités logiques.
Les smartphones ont conquis (certains diraient "siphonné") une part colossale du classique marché des appareils photo d'amateurs. Au point d'avoir sévèrement fait chuter l'activité des industriels du monde de la photographie. Si ces derniers, très majoritairement japonais, tiennent bon et même insistent sur les segments d'équipements destinés aux amateurs éclairés et aux professionnels, ils perdent régulièrement des arguments face au grand public alors que, inversement, les fabricants de smartphones multiplient leurs efforts pour rendre sans cesse plus attractifs leurs modèles... en matière de prise de vue. Ceci en profitant de l'avantage propre au domaine des télécoms que constitue le rapide renouvellement des mobiles, encouragé par les évolutions des réseaux, à commencer par les 3G, 4G, et bientôt 5G… Les bonnes questions se résument toutefois à une seule. Pourquoi encore acquérir un compact modeste, alors qu'un smartphone un peu plus cher peut en éviter l'acquisition, et en donner au moins autant à son utilisateur…?
Trois bonnes (mais uniques) raisons se détachent pour encore opter pour un APN compact, en plus du smartphone que tout individu ou presque aura de plus en plus en poche. Elles se résument par trois critères.: un vrai "grand" capteur, un écran de visée orientable et un viseur électronique.
Le capteur est un composant essentiel. Mais attention, si sa taille est à prendre en considération, par "taille", il faut comprendre dimensions physiques (surface ou diagonale) et non le seul nombre de mégapixels. Cette pièce est celle par où arrive la lumière, autrement dit les photons. Il est ainsi facile de comprendre qu'une surface deux fois plus importante qu'une autre recueillera bien plus de lumière (donc plus de photons) et donc davantage d'informations pour que les "processeurs" d'image (chaque constructeur vante le sien) aient, langage syndical, davantage de "grain à moudre". Même si le grain, en photo, fut longtemps un inconvénient lié à la sensibilité des films (ou pellicules)*. Dans les smartphones, si les mégapixels sont abondants, ils le sont souvent sur des capteurs de très petite taille physique, à peine le quart ou la moitié d'un timbre-poste…! En revanche, de nombreux compacts se distinguent avec des capteurs nettement plus grands. A observer avec attention.
L'écran de visée orientable est aussi un impératif. Pourquoi se doter d'un appareil avec lequel on retrouverait la contrainte typique du smartphone, qui limite largement les possibilités d'attitudes en prise de vue...? Avec un écran fixe, les clichés au ras du sol (sans s'allonger dans la boue) ou, sans escabeau, au-dessus de certains obstacles (personnes, murs, etc.) sont pour le moins peu commodes. Inutile pour ce point de songer à des conditions de prises de vues dignes de photographes artistes ou grands reporters, alors qu'il s'agit bien de prendre en compte des circonstances très banales. Photographier une tablée de convives lors d'une petite fête de famille est bien plus commode en prise de vue plongée qu'horizontalement. Quasi impossible avec un écran fixe ou un téléphone intelligent.
Le viseur électronique est la troisième clé de voûte. Absent sur tous les smartphones, cet accessoire permet de s'affranchir de l'incapacité d'exploiter la quasi-totalité des écrans (LCD, OLED ou autres) en pleine lumière, voire en plein soleil. Là encore, un compact non doté de cet atout ramène aux conditions "smartphonesques" classiques et à leurs limites.
Dans ces points importants, on voit que nul n'est besoin de répondre à une question (idiote pour tout profane) qu'adorent poser les vendeurs photo.: "quelles photos voulez-vous faire…?". (A laquelle la bonne réponse est soit "toutes, et même un peu plus", ou encore "je vous le dirai quand j'aurai exploité mon équipement"). Comme pour les bons repas, en photo, l'appétit vient souvent en mangeant. Autrement dit, l'entrée dans l'envie de faire des images (dont on ne ressort souvent jamais) conduira tout utilisateur à rencontrer tôt ou tard les limites de son équipement, l'appareil photo total et universel n'existant pas. Mais autant ne pas se bloquer sur des limites connues d'avance, faciles à contourner. Au-delà, et alors que l'individu de plus en plus mordu sera petit à petit en mesure d'identifier les barrières qu'il souhaite franchir, chacun peut comprendre que la photo de rue ou le portrait, les scènes nocturnes ou les scènes en mouvement rapide, le très rapproché ou le très lointain, ne peuvent se réaliser correctement avec un seul et même équipement.
Si un compact ne comporte pas ces éléments, mieux vaut alors dépenser un peu plus pour un smartphone bien configuré pour la photo. Il reste que ce choix d'un compact "minimal" emmène souvent (mais pas toujours) l'acheteur potentiel vers un compact expert, catégorie nettement plus onéreuse, mais qui peut fort bien constituer un excellent matériel "pour tout faire", et sur lequel les trois impératifs évoqués sont encore plus obligatoires. En outre, ces appareils ne sont souvent réellement compacts seulement que de nom.
* C'est aussi devenu un élément exploité artistiquement.