
Lointain onzième jour du mois de mai, mais…! Ceux qui aiment la photo devraient voir dans ce confinement prolongé davantage une belle occasion qu'une insupportable contrainte. Suggestions, sans laisser passer le virus.
- KELEREPUS, 18 avril 2020. Il n'est pas indispensable d'aller loin pour faire plus que des photos, "de la photo". Ce qui tombe bien, puisque avec le confinement prolongé jusqu'en mai (au moins), on ne peut aller nulle part. Ce qui tombe bien aussi est que le numérique a apporté un atout inestimable aux amateurs de prise de vue, sa gratuité. En possession d'un APN et d'un ordinateur, aucune autre dépense n'est à supporter. Pas d'achat de films, pas de factures de labo… Exact, mais cloué dans son chez soi, que peut-on bien clicher ? Pour ceux qui manquent d'idées, voici la preuve par 9, 9 univers parmi une infinité, où l'optique de tout appareil pourra se dégourdir les pixels. Attention, plaisir parfois supposé solitaire, la photo est aussi, et même surtout destinée à être montrée. Avoir à l'esprit l'idée de créer au moyen des prises de vues des petits spectacles entre amis (en évitant ce qui en avait tant fait bailler lors des soporifiques séances diapos) est une ligne conductrice précieuse. La constitution d'un album n'est pas davantage une piste à éliminer. Précision ultime, sans disposer d'un APN prêt à utiliser, mais avec en revanche un bon smartphone sous la main, pratiquement tout ce qui suit est possible, à quelques rares exceptions près, mais aussi avec, consolation, des choses que le téléphone moderne autorise, mais pas toujours l'APN.
- 1 - Le balcon, la terrasse, le jardin pour ceux qui en disposent. Il fait plein soleil, et au gré des angles et des perspectives, plantes, arbres, feuilles, fleurs, insectes, animaux domestiques ou de passage (oiseaux…) n'attendent que la mélodie d'un obturateur. Les objets, nains de jardins, vases, pots, jardinières, parasols, chaises, fauteuils, bancs, sofas, l'embarras du choix… Et si le ciel, parfois mauvais joueur, fait d'un week-end bien commencé un moment qui tourne à l'ondée, inventez le pied-de-nez photo. L'eau qui fait l'averse (c'est le moment de jouer avec la vitesse) ou qui ruisselle ajoute son grain aux possibilités déjà explorées.

- 2- La rue, si l'on dispose d'une fenêtre. Même vide, surtout vide, la rue reste un spectacle. Le confinement a rendu nos voies urbaines quasi désertes. Et par conséquent, ceux qui y circulent quand même ne le font plus ni par routine, ni sans motif bien pensé. Il en découle des ambiances, des scènes, des attitudes, des accoutrements, des mouvements propres à inspirer tout observateur. La rue, qui n'avait jamais été banale, devient plus que jamais la source de l'inattendu.
- 3 - Le ou les portraits, quand on est plusieurs dans un même logement. Confinés en famille, c'est un moment propice à un genre qui orne toutes les publicités et les modes d'emplois des appareils photo, le portrait. L'angle, l'ombre ou la lumière, la profondeur de champ, tant d'aspects technico-artistiques à marier avec les expressions, les "de face", "de profils" légers ou appuyés, sans oublier le décor, quitte à le composer, et sans oublier les effets spéciaux, le noir et blanc, le sépia, avec sujets tenant la pose, ou à la volée. Le tout en songeant à l'impression, du piqué ciselé à l'illusion d'aquarelle. Tout le monde peut entrer dans le champ de l'objectif, sans oublier les animaux de compagnie (ou envahisseurs…)

- 4 - Les objets inanimés ont peut-être une âme. Il y a dans tout cadre de vie des objets familiers dont il est fascinant de transcender le statut. Sans aller jusqu'à une mise en scène rappelant la chanson d'un comique trouvant beau, beau, beau le lavabo, mais laid, lais, laid le bidet, les figurines, vases, lustres, détails de meubles, rideaux plus ou moins tirés, vêtements bien posés ou négligemment abandonnés, chaussures, pantoufles, reflets ou rais de lumière, images dans les miroirs, tapis, ou perspectives inattendues (couloirs) effets au grand angle, pourquoi pas fish-eye, sans oublier ce qui est davantage côté cuisine…
- 5 - L'infiniment petit, vues rapprochées, macro à gogo. Combien de fois a-t-elle été exploitée, cette possibilité d'images macro ? Le plan plus que rapproché est un bon plan, qui impose d'excellents exercices au photographe amateur. Il n'y a pas que le cadrage et la mise au point à considérer. Côté petits problèmes à résoudre, la lumière en connaît un rayon. Et que de spectacles inattendus à la clé, de la pointe du crayon à la boutonnière d'un gilet, des nervures du bois de poutres à l'imposante structure d'un morceau de sucre…!

- 6 - Vitres et glaces, la source inépuisable d'effets spéciaux ou inattendus. Qui aurait pu imaginer que l'armoire à glace avait des aptitudes d'accessoire photo ? L'APN calé sur son pied ou un support solide, commencer à jouer avec la porte "glacée" suffit à entrouvrir le champ (visuel) des possibles. Si par hasard, ou presque, un autre miroir s'invite dans ce champ, les visions devenant inspirations ne tardent pas à se multiplier. Partant de presque rien, elles filent à la vitesse de la lumière vers l'infini. Sous certains angles, toute vitre devient aussi une sorte de miroir, capable de réunir en une synthèse quasi magique ce qui n'est en principe pas fait pour vivre autrement que chacun de son côté. Depuis des années, les économies d'énergies ont fait se multiplier les doubles vitrages. Dans lesquels il est aussi possible de découvrir des effets spéciaux inattendus, à l'œil ! Dans la catégorie des réflexions, vitres et glaces ne sont pas les seules complices du preneur de vues. Des métaux bien brillants peuvent jouer un rôle similaire mais quand même différent. Avec ce qu'un cuivre bien nourri au Mirror reflète, vu grâce à un miroir : l'univers de l'image insolite ne va pas chercher plus loin pour ouvrir les portes de son paradis à l'amateur. Et ce beau téléviseur qui se tient fièrement au salon, sait aussi se faire miroir, diabolique, qui plus est, car il est possible d'y glisser une photo déjà mise en boîte, et de jouer les doublons, les superpositions, les mélanges inattendus. Il faut "télé viser" !
- 6 - L'eau, les liquides, ça coule de source. Versez du lait dans un grand verre. Ajoutez un filet de grenadine et top, "shootez"…! Mille et une manipulations de ce genre peuvent être imaginées, sans oublier les cubes de glace, les bulles et les projections de micro gouttelettes des boissons gazeuses, qu'au cas où elles s’avéreraient insuffisantes pour des motivations créatrices, on peut toujours inonder de lumières. Il pleut, un peu fort, l'averse frappe le sol, sur le trottoir, sur la terrasse, sur les carreaux, ça coule dru sur les verrières, à figer sur le CCD. Il a plu, restent les flaques, les reflets, le "soleil à l'envers" cher à Claude Nougaro, ou l'éclairage public, ou toute source lumineuse, sans négliger les lueurs des phares…

- 7 - Le soleil et ses rayons nous en proposent de belles, côté images. Outre ses rayons qui passent par les interstices et dessinent des lignes droites, déjà évoquées, ambiance volets clos d'une indolente atmosphère quasi estivale, l'astre suprême sait se projeter par les plus divers cheminements, francs ou malicieux. Trouées dans un ciel nuageux, bande façon billard dans les fenêtres d'en face, rebonds sur les pare-brises des véhicules en stationnement, ombres chinoisant avec les branches et feuilles des arbres… Sans le soleil, que deviendrait-on ?
- 8 - La nuit, ce n'est pas l'ennui. Inutile de tout récapituler depuis le début. Car tout ce qui s'imagine de jour se duplique quand la nuit arrive. Incroyable ce qui s'illumine quand tout s'obscurcit. A l'insolite, le fantasmagorique s'ajoute généreusement. La cage de l'escalier, les ombres dans la cour de l'immeuble, le spectacle éphémère d'un clair de lune vigoureux, les lieux les plus familiers, séjour, couloir, cave, sous des éclairages divers et diffus…etc.

- 9 -La photo de la photo. Et si plus rien n'accroche les tentations, c'est dans les collections de photos déjà en fichiers que s'ouvre un autre panorama sans limite. C'est l'heure du "photoshopping", autre passe-temps qui suppose que tout individu friand de prise de vue est aussi doté d'un de ces correcteurs de fichiers, dont beaucoup sont accessibles à tous, voire gratuits (au moins en versions test) et qui prolongent la pratique de l'image d'une façon si illimitée qu'elle risque de tenir en haleine bien des adeptes largement au-delà de la levée de tous les confinements.
A chacun désormais de poursuivre sa chasse aux thèmes, petit mécanisme passionnant, qui n'est naturellement pas réservé aux périodes de confinement. Sans sortir de la maison, ou en sortant, ce qui va bien arriver un jour prochain.
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