Laisser l'auto tout faire toute seule est à la fois un projet et peut-être un fantasme. Surtout quand les conditions deviennent délicates. Certains s'y risquent, enjeux industriels à la clé.
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- KELEREPUS, 7 mai 2023. Dans l'aérien et les chemins de fer, les automatismes ont incontestablement réduit à des niveaux très réduits les accidents. Aujourd'hui tout avion moderne peut réaliser la quasi-totalité de ses vols d'une manière totalement autonome, décollage, trajet, atterrissage. Alors au sol, presque une rigolade. Enfin presque. Car c'est bien quand tout se complique que les problèmes, voire les drames, surgissent. Même dans des domaines aussi en pointe et aptes aux investissements les plus lourds que l'aéronautique, c'est face à des conditions rares et extrêmes, parfois totalement exceptionnelles, que la machine déclare forfait. Diriger une automobile en lui imposant de ne pas sortir de sa trajectoire, en lui demandant de garder ses distances, en sachant lire les panneaux routiers, en identifiant un piéton présent sur la chaussée, voilà des aptitudes qui apparaissent progressivement sur les automobiles de maintenant. L'industrie range d'ailleurs les niveaux "d'autonomie" (d'automatisme serait un terme préférable) dans des classes, une déjà concrète forme de normalisation. Mais pour les circonstances plus délicates, les initiatives se multiplient aussi. Pour se glisser là où, souvent, l'individu et son expérience mariée à une inspiration quasi-instinctive, sait improviser les gestes salvateurs qu'une machine ne peut exercer.
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Ainsi, chez Cariad, filiale "logiciels" du groupe d'outre-Rhin VAG (et par l'intermédiaire de Nira, sa filiale suédoise), c'est à temps complet que les 6000 collaborateurs sont quotidiennement à la tâche sur ces délicats sujets. Avec insistance et, comme cela se dit familièrement, "sans moisir". Car la concurrence n'est pas inerte, notamment en Asie, où se trouvent non seulement des groupes industriels spécialisés dans l'automobile, mais aussi les principaux créateurs et fabricants de puces et composants clés, lesquels se voient de plus en plus enrichis, dans leurs entrailles de silicium et de matériaux rares, d'éléments de ces softs capables de rendre incontournables leurs productions et, cerise dans les bilans, les royalties qui y sont associées. Alliée à un spécialiste de l'intelligence numérique, la firme Thundersoft, Cariad est en train de développer ce qui devra, dans l'avenir, permettre au véhicule de détecter les pertes d'adhérence, sur chaussée grasse, ou plaques de verglas. Le marché visé est nommément désigné, la Chine. Techniquement, et "pour faire simple", une telle stratégie de détection des endroits où l'adhérence peut défaillir, repose sur le rapprochement entre des données météo en temps réel, des statistiques, et une cartographie, ce qui justifie la présence de HERE, (ex-cartographies de Nokia) dans la boucle. Voilà qui est simple... "y'a plus qu'à", relèveront les spécialistes de l'observation de ce qui est nouveau ou va le devenir. Le PDG de la "Régie" Renault, Pierre Lefaucheux, mortellement blessé par son attache-case qui l'avait frappé à la tête dans une fatale cabriole alors que sa Frégate avait dérapé sur une plaque de verglas aurait adoré ce progrès en marche.