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AUTOS D'HIER : La Rochepot...! Encore un vieux souvenir routier, qui a cessé d'être un épouvantail. Et pourtant, que d'impatiences, de gaz d'échappement et de moments exquis dans les interminables grimpettes derrière de courageuses 2CV ou des poids lourds vociférant de tous leurs cylindres.


- KELEREPUS -
 

- KELEREPUS, 12 juin 2023. Voici revenue l'heure des vacances, des virées vers le sud. Symptôme d'une France ne rayonnant que depuis sa capitale, la route nationale 6, "RN6"* pour les intimes, fut longtemps considérée comme "la" route du soleil. Comme si nos concitoyens de Concarneau, de Vesoul ou de Valenciennes n'avaient pas eu droit, eux aussi, à leur route vers les plages de la Méditerranée. Mais bien avant l'autoroute, sur cette rude ascension d'un coin de la Côte d'Or, pas loin d'Arnay-le-Duc, comme sur bien d'autres pentes étagées en degrés de méchanceté par les flèches des cartes Michelin, la route devenait une épreuve. Patience...! Pour les moteurs d'abord, les conducteurs ensuite, les passagers parfois. Avec une crainte majeure, la surchauffe. Capot ouvert, petite émanation de vapeur révélatrice, l'auto stationnée en recherche d'un soulagement sur le bas côté était une vision fréquente. Les poids lourds, figures de tête de longues files captives, pouvaient infliger à tous un ralenti encore plus rigoureux, dans un sillage étouffant, surtout si par une complicité préméditée, le soleil estival était de la partie. Doubler...? Encore aurait-il fallu avoir de la reprise, de la réserve... Rien de plus étonnant à tout cela. Avec un nombre de chevaux réels souvent particulièrement modeste, les moteurs d'antan savaient mener une belle cadence sur un sol horizontal, mais avouaient déjà leur faiblesse musculaire sur le faux-plat, celui qui fait si mal aux jambes des cyclistes car, justement, il est faussement plat. La Rochepot avait une réputation digne de celle d'une star. Sur toute pente un peu plus raide, la cavalerie s'effondrait. Sauf celles de voitures de riches, des "grand tourisme", des sportives, voire des américaines...! Bien sûr, cette côte de la Côte (d'Or) n'était naturellement pas la seule à savoir anéantir les velléités de montées triomphantes. Regrets...? Oui, car ce moment faisait partie du voyage quand celui-ci prenait du temps, son temps. Sans GPS, pas d'heure d'arrivée numériquement calculée. On faisait au mieux, en rétrogradant dès que nécessaire, avec l'obligatoire "double débrayage" pour ne pas faire mal aux dents (de la boîte). Tant mieux, car, comme pour récompenser la mécanique de son abnégation face aux épreuves du bitume, il n'était pas si rare de voir des occupants de belles limousines comme de plus modestes bagnoles succomber aux charmes d'une terrasse de village, sous des platanes, panaché ou diabolo menthe apportant après l'effort le juste réconfort. Il ne faudrait cependant pas exagérer la réputation de ces presque côtelettes, comparées aux véritables ascensions montagnardes. Le Petit Saint-Bernard (Savoie vers l'Italie), c'est autre chose. Les cols, ça vous forme. Car en plus du pourcentage, se succèdent les lacets. Avec l'altitude, et l'oxygène qui joue les filles de l'air, la carburation devient une science, à maîtriser avec l'avance (à l'allumage). Un bouton qui ne se fait plus sur les SUV. Sauvés. Quelle aventure... Oui, ça, c'était des vacances...!


* A propos de RN6, de RN7 et de route du soleil, la confusion a longtemps perduré. Pour la 6, le "du soleil" était un peu excessif. Si de Fontainebleau (ou presque, mais ne faisons pas entrer un numéro 5 dans cette courte évocation), l'Yonne, la Bougogne, le Charolais (où plusieurs "côtes" se disputent une notoriété justifiée) puis le Lyonnais se succèdent, effectivement cap au sud, cette jolie route oblique lâchement vers l'Est puis les Alpes dès la cité célèbre pour ses bouchons franchie. En revanche, c'est la 7 qui prend le relais vers la belle bleue,  Valence, Montélimar,  Avignon, les cigales, le pastis...  Passé Briare et son pont canal, puis Nevers et la Loire, et après une promenade pleine d'autres côtes vers la capitale des Gaules moins souvent évoquées, c'est bien la 7 qui est la route du soleil ...

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