Entre admirations raisonnées et coups de foudre, quand tout se conjugue pour faire naître un atome crochu irréversible, cela se doit d'être raconté. Comment, il y a presque 6 décennies, une tendre idylle s'installe avec une légende.
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- KELEREPUS -
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- KELEREPUS, 21 novembre 2024. L'important est pourtant ce qu'il y a dans la "caisse". 1967, de nuit, sur les petites routes de la région des "broads"*. C'est l'heure d'une découverte, et d'un véritable changement dans l'idée souvent faite de l'automobile. L'auteur de ces lignes a pris place à l'avant, siège de gauche. Un peu comme celui du conducteur sur le continent. Mais du passager sur l'île britannique, d'où une sensation inhabituelle sur ce jeune conducteur (l'année de mes 20 bougies). La soirée a été très "automobile". L'ami, qui est au volant, m'a fait assister à l'une de ces soirées de compétitions amateurs que les Anglais affectionnent particulièrement. Dans un autodrome conçu comme un stade, les tours de piste s'enchaînent. Dans un contexte amateur et penchant sport, cet ami conducteur n'a pas participé aux trophées de ce soir. S'il l'avait fait, cela eut été à bord de sa Sunbeam Tiger, un truc délirant qui marie le plus typique des cabrios GB et la musculature débordantes d'un V8 Ford américain de 4,2L. Ce joujou ne lui sert, semble-t-il, qu'à donner la réplique à un frangin ne jurant que par sa Cortina Lotus.
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Fin de soirée, ou plutôt cœur de nuit qui s'avance. Dans l'espace faisant office de Pub, les amateurs aiment et consomment de la bière, des bières. "Des bières et des bières" faudrait-il écrire. Bien plus que ne peuvent le concevoir des morphologies continentales, qui deviendraient vite "incontinentales". Mais "ça va" explique ce conducteur qui, de fait, n'a en rien ni l'allure ni le comportement du moindre début d'un quidam éméché. Toutefois, et par précaution, surtout parce qu'en terre britannique, les contrôles d’alcoolémie impromptus existent déjà (il y a bien plus que 50 ans...!), le choix est fait d'un retour par de petites routes campagnardes, dont le revêtement est d'une qualité extrême (qui explique sans doute que les constructeurs de ces petits coupés britanniques de légende ne soient pas pourvus de suspensions très amortissantes). C'est dans ces conditions que la 420** se révèle. Plus rien à voir avec nos Simca.1000, nos Panhard, nos 2CV. Impressionnant, ça glisse, ça vole presque, dans un feutré enchanteur. Le tableau de bord et ses scintillements agrémentent le spectacle. Ligne droite... Le XK (4,2.l) révèle un peu de son inépuisable puissance, sans même hausser le ton. De la puissance et du couple, des spécificités qui évitent de rageuses montées en régime. Des virages, la fine silhouette épouse le tracé, sans protester, docile et agile... A partir de cet instant, c'est l'idée de ce qu'est une automobile qui vient de se métamorphoser.
* Norfolk, Suffolk, nord-est de Londres. Les "broads" sont les canaux, où de merveilleuses balades se vivent ai fil de l'eau.
** Attention, ne pas confondre 420 et 420G (1967 toutes les deux). "420G" était l'appellation attribuée à la seconde génération de l'imposante Mark-10 (1962), identique sauf à quelques menus détails près. En revanche, la 420 (1967) évoquée ci-dessus est la dernière née des berlines "moyennes", dont les "S". La 3,4-S (3442.cc) était celle adoptant un arrière effilé (succédant aux arrondis des versions antérieures). Elle fut suivie par la 3,8.L-S, le déjà légendaire XK étant passé à 3781.cc. La 420 reçoit un alésage à 4235.cc, et elle est la première à recevoir la calandre droite -ou plate- dont le style sera prolongé sur les XJ-6 et suivantes.