Le ralentisseur est un dos d'âne conjugué dans une multitude de variantes où le non réglementaire domine. Mais à bien y réfléchir, c'est aussi un instrument cruel qui, hors normes ou pas, campe à la limite de la dangerosité.
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- KELEREPUS -
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- KELEREPUS, 3 août 2024. Il y a sans le moindre doute des ralentisseurs qu'il faudrait détruire le plus vite possible. Les excès ne sont pas seulement accidentogènes par la vitesse. Toutes les proéminences démesurées ou les profils rebelles sont aussi des agents redoutables pouvant conduire à la catastrophe. Une simple réflexion démontre que le concept du ralentisseur est tel qu'on ne comprend même pas ce qui a pu pousser certains à en multiplier les implantations. Certes, "pris" dans les limites d'une vitesse prescrite, et à l'impérative condition que celui-ci respecte scrupuleusement et en tous points les caractéristiques issues de la réglementation, beaucoup de véhicules peuvent le franchir d'une manière indolore. Beaucoup mais pas tous. Toutefois, reconnaissons que personne n'est tenu de circuler à moto, en cabriolet bas sur pattes, ni même en ambulance. Pour les bus et cars, le commentaire est presque sans objet puisque les ralentisseurs sont en principe non autorisés sur leurs parcours. En principe, ce qui est commode pour les autobus en zones urbaines suivant des "lignes" bien établies. Beaucoup moins pour des autocars supposés aller... partout.
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Toutefois, même strictement conforme, le dos d'âne conçu pour inciter à rouler moins vite n'a pas que de l’innocence dans son ADN. Passer par inadvertance à 60 ou 70 là où le 30.km/h est imposé par panneau n'entraîne que le risque d'être flashé, ou interpelé par une maréchaussée en éventuelle surveillance. Le panneau ne se venge pas physiquement, fâché d'être ignoré. Le dos d'âne, si. Le même dépassement modéré sur un ralentisseur suffit déjà à être dommageable. À commencer par le véhicule dont les suspensions sont maltraitées, et dont certaines pièces essentielles peuvent être brisées ou dangereusement fragilisées. Rendez-vous dès lors à l'ultime rupture d'un triangle de suspension ou d'une autre pièce vitale, éventuellement à 130.km/h sur autoroute, quand tout semble aller bien. Mais franchissement aussi très dangereux car le bond imprévu est un périlleux saut dans l'inconnu. Une embardée est capable de s'amorcer, encore plus acrobatique sur sol mouillé. Évoqué un peu plus haut, le sort du motard est franchement plus proche de ces finalités morbides que ces dispositifs de sécurité sont supposés écarter. En clair, le ralentisseur est le seul instrument de cette catégorie sécuritaire à garantir au moins un pépin sérieux, voire une catastrophe, immédiat ou à retardement, chaque fois qu'il est non respecté, même par simple inadvertance (ou non vu par défaut de signalisation ou d'éclairage. N'oublions pas qu'en novembre, il fait nuit vers 17H00, et que le crachin peut alterner avec des chaussées mi-givrées, mi-verglacées). Stimulés comme par une hargneuse vengeance par anticipation envers qui irait trop vite, les concepteurs pleins de hargne de cette roulette russe du bitume ont-ils songé à cette facette du sujet...? Tout cela en tenant compte d'une réalité toujours vive à l'esprit selon laquelle un seul blessé ou un seul mort sont à chaque fois une ou des victimes de trop. Il existe pourtant d'autres solutions pour ralentir les véhicules dans des passages exigeant de la modération, comme par exemple les chicanes (improprement baptisées "écluses", -mais la langue de Molière n'en est plus à ce genre de modeste agression-). Répétées, elles peuvent même modérer des habitudes "dos d'ânesques" bien connues, consistant à accélérer à nouveau sitôt la bosse franchie, rendant inutile ce redoutable piège saillant.