Le monde des collections serait-il en début de déprime...? Montres, automobiles, art pictural, objets prestigieux, d'où vient donc cette tendance en apparence à contre-courant...?
-
- KELEREPUS -
-
- KELEREPUS, 31 août 2024. Au moment où déjà, les fraîcheurs de septembre annoncent leur arrivée, un léger courant d'ère provoque quelques frissons. Un dossier approfondi et sérieux vient d'être consacré à l'univers des collectionneurs et son évolution. Il n'est pas issu d'une sombre et contestable officine. Il s'est retrouvé inscrit au sommaire d'un récent numéro du très sérieux magazine économique américain, le Financial Times. Globalement, ce gros plan révèle que l'esprit collection serait en sérieux repli. En soulignant que, outre un sensible repli de l'intérêt, on ne voit plus guère que des individus ne misant que sur l'aspect épargnant, voir spéculatif, pour des biens qu'ils ne regardent même plus, d'autant que beaucoup sommeillent dans l'obscurité des coffres sécurisés où ils traversent les années. Le chien qui enterre son os est-il réellement un collectionneur...? Même les automobiles sont dans cette spirale estimée largement partie loin du cœur, loin de l'admiration, loin de toute passion. Suivant une logique déformation éditoriale, compréhensible -et au demeurant loin de ne présenter aucun intérêt- la publication rapproche cette tendance des pratiques financières, boursières et de nature similaire, engendrées par les divers soubresauts observés sur la planète. A mille lieues de nos constatations quotidiennes, au gré des bourses d'échanges, des rassemblements, des salons...? Oui, encore que...
Il est clair que ce sujet évoqué "à l'américaine" sauce financière semble surtout concerner la pratique collectionneuse de très haut niveau. A l'image de ce que sont les sommets de ventes aux enchères où des acquéreurs pas toujours identifiés savent "claquer" quelques centaines de milliers d'euros, voire davantage, pour mettre la main sur une automobile d'une rareté et d'un prestige d'un tel niveau qu'elle se confond un peu avec la Joconde, un automate de Robert-Houdin (prénom Jean-Eugène) ou une montre à se faire arracher l'avant-bras par un commando préparé et déterminé, tard le soir à la sortie de l'Opéra... C'est ce que les médias choisissent souvent comme thème pour commenter les coups de marteaux (de commissaires priseurs) lors des grandes soirées de Rétromobile. Mais la collection "populaire" est probablement loin d'être affectée par ce syndrome. En février à la Porte de Versailles (Paris) comme dans des centaines de rendez-vous où des anciennes (autos) convergent, l'intérêt pour la chose collectionnée, son histoire, sa restauration, son utilisation, voire la transaction pour la céder ou en acquérir une autre, restent au cœur de l'animation. Si dans le public venu visiter Rétromobile, on rencontre des collectionneurs nœuds papillonnés, coupes de Champagne en main, discutant haut niveau, il ne faut pas oublier les milliers de ceux venus pour admirer les modèles encore vivants de ces berlines qui ont bercé leur enfance, de ceux qui restent à la recherche d'un joint de pare-brise ou d'une flèche (directionnelle), sans oublier les adeptes convoitant la casquette avec laquelle leur chef ainsi couvert dans une décapotable plus que cinquantenaire les fera eux aussi "d'époque" (rajeunissement...?)
Justement, à propos de rajeunissement, observons que très souvent, la collection est aussi un symptôme générationnel. Entre une 2D2 (c'est une locomotive électrique) et un train express régional de maintenant, se glisse autant de séparateurs temporels qu'entre les derniers selfies et une photo en premier communiant. Le passé n'est pas universel, chacun à le sien. Celui des jeunes n'étant pas forcément celui de leurs aînés. Ainsi, la collection est, comme certaines statistiques, à exprimer en années "glissantes". Plus elles ont "glissé" loin, plus elles se fondent davantage dans l'histoire que dans les souvenirs. Dans un hall de sous-préfecture où sont accueillis des événements locaux en tous genres, une saga collectionneuse d'aujourd'hui a pris possession des lieux, en cet été 2024. Le sujet.: les jeux vidéo, les héros de cette génération numérique des loisirs interactifs. Ne parlez pas à ces déjà moins jeunes encore fascinés par des Game Boy, des Commodore 64, des Amiga, des R2D2, de 141R (c'est une locomotive à vapeur) ou d'un Minox (c'est un appareil photo argentique plus petit que le tiers d'un smartphone, apprécié de certains espions). Entre la collection, le boursicotage, les modes et les tendances, le temps reste ce qu'il est, l'agent dominant d'une destruction permanente et d'une éternelle renaissance. Le temps, c'est l'homme, la collection, sa manière de le voir s'écouler...