Casques, oreillettes, écouteurs, autant d'accessoires qui ont doucement envahi l'univers de l'écoute. En le défigurant grave...! Parfaite pour la mobilité, cette méthode est cependant une négation bête et navrante de l'usage de nos cinq sens.
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- KELEREPUS -
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- KELEREPUS, 8 juillet 2024. C'est de la faute du Walkman...! Et un peu à cause des voisins du dessus, qui ne supportaient pas ce qu'ils baptisaient tintamarre...! Dans un magasin de hi-fi doté d'un immense "dispatching", on avait choisi une chaîne avec des enceintes, assez volumineuses. Inévitable, mais quelle excellente excuse pour enfin balancer le vieux bahut hérité d'une lointaine arrière grand-mère. Hélas, le soir, il fallait mettre tout cela en sourdine, surtout à cause de ce rendu si riche en sons graves musclés, précis, puissants, portant loin. Alors que 1980 commençait à poindre à l'horizon des calendriers, à la FNAC, un acheteur téméraire et visionnaire avait été chercher aux USA un nouveau joujou imaginé par Sony. "Cherché" aux US et rapporté en terre gauloise, car sur notre sol, l'importation en était à zéro...! La prudence de la filiale hexagonale ayant peut-être été inspirée par celle du responsable US de cette jeune firme nippone en pleine ascension. Lors de la réunion commerciale dédiée notamment à ce joujou baladeur, à Tokyo, cet américain prudent ne s'était engagé que sur 500 pièces...! Pas davantage pour, excusez du si peu, le Pays de l'Oncle Tom tout entier et ses 300 millions d'âmes. On a vu des paris plus osés. Donc, d'une hi-fi à la mode rack, les mélodies portaient haut. Mais sitôt le petit casque -détourné de son baladeur- sur les oreilles, ces voisins d'en haut pouvaient s'abandonner aux bras de Morphée dans un onctueux silence réparateur. La suite a... suivi, et les accessoires pour pavillons se sont perfectionnés, multipliés. Si l'on s'écoutait, on n'utiliserait plus qu'eux. Mais alors, quel abandon...! Car avec juste le tympan, c'est toute la sensation hors oreilles qui disparaît. Comme le filet béarnaise sans sa sauce, comme l'orage sans ses éclairs, comme le bain sans sa mousse, comme Noël sans ses cadeaux... Un son, une musique, un surround, c'est au moins autant abdominal que subliminal. Le smartphone, avec ses homologues de la génération on line, et les enceintes connectées qui prennent moins de place sur la table que la plus classique des soupières nous servent un... potage musical certes un peu flatteur, contrasté. Mais trop d'épices tuent les épices. Le son dépourvu de l'ampleur que la morphologie de l'homo-sapiens est en mesure de ressentir haut et fort, des racines de ses cheveux jusqu'aux pointes de ses orteils, en passant pas tous les organes intermédiaires. Dans les rayons spécialisés, enfin, ceux qui existent encore, certains semblent oublier qu'en matière sonore, il y a le ventre du marché (ce qui se vend le plus, et en général, rapporte le moins), mais aussi le marché du ventre, celui des sensations, de la physiologie. Il y a bien longtemps, sur les amplificateurs, il y avait accompagnant le circuit "correcteur" (réglages basses et aigues) un ajout dit "contrôle physiologique" renforçant les extrêmes (rien à voir avec certaines élections). Hélas, l'anglomanie des dénominations en a fait le "loudness", substantif auquel un Français moyen n'entend rien.