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"Illégaux", dans une large proportion, le sujet des dos d'ânes est en train de virer au rouge. Un trentième anniversaire plongé dans une colère qui monte.

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- KELEREPUS -

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- KELEREPUS, 15 juin 2024. Hormis pour leur préempter le plus de ressources financières possible, on ne peut pas dire que les décideurs en hauts lieux fassent preuve de généreuses attentions envers les automobilistes, les éternelles "vaches à lait" du bitume. Il y a pile 30 ans, début juin 1994, était publiée une norme très officielle établissant les caractéristiques précises devant être respectées pour la réalisation et l'utilisation des "dos d'ânes", diverticules redoutables de la chaussée destinés à faire ralentir les véhicules là où cela paraissait nécessaire. Reconnaissons d'emblée, et remarquons honnêtement, que la cause profonde et l'origine de cette adoption se situe dans l'indiscipline de trop d'automobilistes, ne respectant pas, selon une sorte d'ADN du Français au volant, des vitesses seulement préconisées pour la sécurité. Une indiscipline qui déclenche hélas bien des sourires, mais qui serait estimée justiciable des pires condamnations fermes si un accident, d'avion ou ferroviaire, était provoqué suite à un irrespect de même ampleur des règles de sécurité. Si l'Hexagone n'est pas le seul pays à avoir adopté ce genre de brise-ressorts, observons que chez des voisins proches (Allemagne par exemple) une simple et bonne observation par les conducteurs des vitesses permises fait de ce pays ami un quasi désert du ralentisseur. CQFD.

La mise en place de ces protubérances aussi rebelles que destructrices a en outre le plus souvent le soutien des riverains excédés par trop de passages "à toutes pompes". Ils ont revendiqué et revendiquent haut et fort l'usage de ce genre de parade auprès d'élus, bien obligés de céder à la pression, ne serait-ce que pour ne pas perdre bêtement l'occasion de se faire élire ou réélire. Malheureusement, la prise en compte de la norme (et l'exigence de son strict respect) est si vaporeuse que chacun y va de sa petite ou plus conséquente interprétation. Attitude bien souvent amplifiée par l'impérieuse envie de développer quelques facettes d'autophobie. Les "contre l'auto" ont leur brin de responsabilité dans la dérive. Alors, depuis des décennies, se créent des ralentisseurs trop hauts, trop longs, trop brutaux, plus ou moins visibles, placés là ou un conseil municipal en a décidé, oubliant ou se moquant pas mal de toute réglementation... Ainsi sont nés des surnoms évocateurs, des "ralentichieurs" sous l'empire de l'agacement aux "ralentitueurs" quand blessures et même décès ponctuent un passage se voulant sécuritaire. De ceux qui détériorent amortisseurs et suspensions, permettent à des bas de caisses de taper et frotter, souvent abîmer des éléments bas des automobiles, déséquilibrent des deux roues... Dans des cas extrêmes, il arrive en effet que le ralentisseur tue. Plus fréquemment, il tasse, via entrées et sorties de zones répétées, des disques intervertébraux, facilitant les épanouissements de pathologies difficilement soignables. Dans un réflexe de bon sens, certains ont bien compris que les ralentisseurs devraient être strictement identiques partout, en toutes caractéristiques et au millimètre près, de manière à ce qu'aucune surprise, surtout mauvaise, ne piège un conducteur passant aux 30 km/h requis. Ceux qui ont à l'esprit ce détail ont tellement raison que c'est en principe ce qui est prévu, réglementairement.

En un résumé simple et puisé à la seule source légale, la réglementation stipule en résumé ce qui suit, sous les préconisations de cette Norme AFNOR NF P-98-300, "Les ralentisseurs doivent être perpendiculaires à la chaussée, permettre l’écoulement des eaux, être durables et avoir une adhérence correspondant à la vitesse autorisée. Ils doivent être visibles de jour comme de nuit, notamment à l’aide de panneaux de signalisation et de dispositifs réfléchissants*. Les ralentisseurs ne doivent pas dépasser 10 centimètres de hauteur et 4 mètres de long. Le recours à ces ralentisseurs est limité, ils ne doivent pas être utilisés sur les voies à fort trafic, ni juste après le panneau d’entrée d’agglomération**, pas plus qu'en virage ou sur un pont." Le petit croquis ci-dessus résume tout cela, et permet de partir à la recherche de modèles conformes. Bon courage, et prévenez, vous ne serez pas de retour avant un bon moment, qu'on ne vous attendent pas pour dîner...!

La colère enfle...? C'est ce que démontre l'initiative prise par La Ligue des Conducteurs, qui a lancé une pétition nationale méritant d'être soutenue. On peut s'y joindre ICI, et prendre part à ce mouvement de réprobation qui réunit déjà des milliers (et mêmes dizaines de milliers) de conducteurs. Lesquels ne sont pas seuls, car d'autres oppositions à ces surélévations qui placent bien bas cette méthode brutale aux nombreux inconvénients. Ainsi, peut-être pris à leur propre piège, de nombreux riverains souhaiteraient ne plus subir les nuisances sonores (éventuellement chocs), et à chaque passage de chaque véhicule, un bruit de ré-accélaration. Ces redémarrages répétitifs, ennemis d'une consommation fluide, font monter les débits de carburants et chuter les aiguilles de jauges, et seraient même une source amplificatrice de rejets de particules et de CO2. Ajoutons la mention spéciale à l'attention de ces "coussins berlinois", masses carrées fixées dans le sol, qui ajoutent un inconvénient terrible pour tous les deux roues, par les glissades qu'ils peuvent provoquer.

* Ces éléments d'éclairage sont parmi les moins bien traités. Ce qui ne se limite pas à la nuit noire du genre "3 heures du matin", mais s'applique aussi lors des allées et venues du matin et de la fin d'après-midi, par temps d'automne et d'hiver, quand pluie, brouillard et autres faits d'hiver sont dans la normalité météorologique la plus banal. Pour la nuit, la vraie, ajoutons que la mesure stupide consistant à tout éteindre dès 22 heures apporte son petit surcroît à la facette accidentogène évoquée ici. En outre, les "dispositifs réfléchissants" imposés devraient aussi répondre à une normalisation rigoureuse.

** Le panneau d'entrée en agglomération est aussi celui qui indique l'endroit où s'impose la vitesse limite de 50 km/h en ville, une notion que de nombreux conducteurs semblent ignorer ou "s'en foutre" (pardon...), un effet amplifié par ces voies plus ou moins périphériques, en zones d'activités ou commerciales, avec d'étranges limites à 70.km/h, semant la confusion.

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