"Passer" un véhicule ancien au statut du certificat d'immatriculation dit "de collection" hante les esprits de nombreux possesseurs qui s'interrogent sur la supposée complexité des formalités et les avantages qui en ressortent. Des idées reçues et des réalités décryptées...
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- KELEREPUS, 06 juin 2024. "J'y vais, j'y vais pas...?" Voilà une question à laquelle les bavardages lors des rassemblements ne sont pas toujours de nature à éclairer ceux qui cherchent à savoir, et peuvent même plonger bien des amateurs dans un océan de perplexité. La Fédération Française des Véhicules d'Epoque revient sur le sujet dans une récente lettre d'information, dans laquelle elle décrit la "manœuvre" en trois étapes, 1-.l'attestation FFVE, 2-.la carte grise par elle-même, et l'ultime et quasi légendaire symbole, 3-.les plaques noires. Toutefois, ne nous y trompons pas, la possibilité d'utiliser une plaque minéralogique noire (non obligatoire) n'est qu'un bien modeste détail. En outre, l'expérience montre que des véhicules ayant plus de 30 ans et utilisant cette plaque sans être dotées de la précieuse carte grise "collector", même s'ils sont aux limites de la légalité, sont fort peu tracassés par la maréchaussée. Même s'il ne faut pas exclure des circonstances dans lesquelles cette audace risque logiquement de stimuler quelques désagréments*.
Souvent au cœur des discutions, le coût de l'assurance pour un véhicule d'époque est en général spectaculairement inférieur à celui d'une automobile courante, au moins pour les dommages aux tiers. Mais là encore, point besoin d'une "immat" collection pour en profiter. Le coût inférieur (souvent accordé pour des autos à partir de 20 ans) est justifié par des kilométrages en moyenne bien inférieurs à ceux des autos du quotidien, et des comportements plus que précautionneux et prudents de la part des utilisateurs. En outre, un contrat "voiture ancienne" n'est le plus souvent consenti que si une assurance de véhicule moderne (pas forcément chez le même assureur) existe bien. À noter quand même que les dommages au véhicule peuvent engendrer des coûts nettement plus élevés si l'auto est une pièce très cotée, rare, voire exceptionnelle (l'expertise pour la couverture des dommages au véhicule est alors obligatoire). Il en va de même pour tout bien assuré. La jolie peinture sur toile d'un proche ne sera pas assurée à un tarif comparable à celui de la Joconde.
Arrivons-en à la réalité concernant ce document administratif, de fait fort différente de la rumeur, et cela commence avec ce qui est parfois dit ou entendu du point de départ, l'indispensable attestation délivrée par la FFVE. Laquelle est, selon nous, la véritable clé de voûte de l'opération. La fédération ne se contente pas, en effet, d'établir un banal document administratif. Sa délivrance est la ponctuation d'une procédure de parfaite et précise identification d'un véhicule et de son "pedigree". Sa date (année modèle) et tout ce qui s'y rapporte constituent une base solide, non seulement apte à rassurer le propriétaire, mais aussi utiles sur le long terme pour les différentes personnes participant à des actes courants le concernant, comme la vente, certaines expertises pour par exemple les couvertures par assurances, pour ne citer que les plus évidentes. La vie du véhicule collectionné en est fondamentalement transcendée. Cette étape évite aussi les intrus, maquillées ou traficotées plus ou moins habilement, du cercle de la collection honnête. Ainsi donc, ce qui peu apparaître à certains comme une sorte de mal nécessaire est tout au contraire une étape essentielle pour tout collectionneur.
Sur un plan plus pratique, la détention d'une carte grise de collection apporte bel et bien des avantages sérieux. Comme par exemple la possibilité (ou plus de souplesse) de circuler dans certaines zones protégées "écologiquement", hors des critères de... Crit-Air (et des souhaits, voire caprices, de certaines municipalités). De même, lors des contrôles techniques obligatoires, les mesures de pollution ne sont pas applicables, ce qui libère les inquiétudes de tous ceux qui savent que les paramètres sur des automobiles (ou autres véhicules) datant d'autres époques ne correspondent plus aux normes actuelles. (Rassurons ceux que l'avenir de la planète perturbe nuit et jour, le nombre de ces véhicules et leur fréquence d'utilisation laisse à des années-lumière ce qu'ils expédient dans l'atmosphère des émanations du moindre spasme volcanique islandais ou autre).
La fréquence de ces contrôles techniques obligatoires, de deux ans pour les autos d'aujourd'hui (et d'un an pour le volet pollution des utilitaires), est portée à 5 ans pour les classifiés collection. Au risque d'étonner certains, ce qui apparaît comme un avantage n'en est peut-être pas forcément un dans la vie d'un véhicule ancien. En effet, les contrôles techniques permettent souvent de détecter des anomalies ou de petits pépins** qu'une période de 5 ans ne suffit pas à dépister et corriger. D'autant plus qu'en collection, chacun sait que les utilisations peuvent être très espacées, allant jusqu'aux distances parcourues se limitant au trajet entre le domicile et le centre de contrôle. Toutefois, cette durée est quand même la bienvenue, donnant en particulier du "temps au temps" dans des opérations de restauration, pas toujours commode économiquement ou face à des délais nécessaires pour trouver ou refabriquer des pièces ou éléments. Rançon de ce temps long et des inconvénients qu'il engendre, un véhicule d'époque DOIT tourner, (devrait...!) et circuler, aussi souvent que possible, et il est impératif que son propriétaire en assure un suivi permanent, ne serait-ce que pour s'éviter des pannes en rase campagne... Voilà donc un impératif pratique qui réunit l'utilité et le plaisir (si vous n'aimez par circuler en véhicule ancien, ne collectionnez pas, prenez les transports en commun...!)
Il ne reste donc que le côté pratique, l’éventuelle crainte du compliqué et du fastidieux pour ce passage "en collection". Oubliez tout ce que vous avez pu entendre dans ce sens. L'expérience (vécue au concret notamment par l'auteur de ces lignes) permet de jeter au chapitre des fausses informations ce qui pourrait générer la moindre angoisse. Certes, comme dans la comédie grecque, un respect de l'unité de temps est préférable. L'étape des photos avec un magazine récent (pour justifier à la fois de l'état du véhicule et de la date fraîcheur des éléments de son identification) doit se mener rondement, mais pas avec précipitation. Il constitue en outre un petit parcours utile dans l'amélioration de la connaissance du véhicule par son propriétaire et inversement. Il peut aussi constituer un exercice pour tout photographe amateur, non seulement pour les angles, les perspectives, la lumière, mais aussi pour la réalisation d'images dignes de ce nom plus intimes (et demandées) montrant les numéros de moteurs, de châssis, etc... Quand les loisirs se rencontrent...! Conclusion, le certificat de collection est bien plus simple et commode à obtenir que certains le craignent, et n'est pas qu'une formalité sans intérêt. S'en priver serait une erreur, d'autant plus que, au cas ou surgiraient des raisons bien improbables, il est même réversible...
* En cas d'une belle infraction caractérisée avec une auto ainsi "plaquée", voilà qui peut jouer le rôle de la goutte d'eau faisant déborder le vase des verbalisations.
** On ne compte pas les points où peuvent apparaître des anomalies bénignes si elles sont traitées rapidement, mais aux conséquences plus ennuyeuses dans le cas contraire.: oxydations, caoutchoucs -soufflets par exemple- en fin de vie, joints cessant leur longue tâche d'étanchéité, conducteurs électriques et gaines craquant sous l'effet d'un âge certain... Dans la plupart des cas, les intervenants dans les centres de contrôle, par définition des individus quand même intéressés par l'auto (en général), cachent rarement une sympathie accentuée pour les mamies du bitume, et ne rechignent jamais (sinon, changez de centre) à porter un regard attentif et même à partager avec les propriétaires leurs impressions visuelles.