AULNAY-SOUS-BOIS, émotion, le conservatoire Citroën va quitter le "neuf - trois"...

31 Mai 2024

Contrairement aux idées parfois reçues, le site d'Aulnay n'est pas forcément le lieu où conserver les "trésors" de la firme est le plus logique. Sa migration ne devrait pas faire couler trop de larmes, logiquement. Sentimentalement, c'est autre chose...

- KELEREPUS -

- KELEREPUS, 31 mai 2024. 50 ans, c'est à la fois beaucoup, et quand même pas tant que cela, pour une firme plus que centenaire. D'autant qu'en 1919, quand André Citroën concrétise la création d'une entreprise qui porte son nom* et qui deviendra l'une des plus inventives de son domaine, l'automobile est encore dans sa prime jeunesse. Initialement, l'implantation industrielle d'Aulnay-sous-Bois créée en 1973, avait bien pour mission de poursuivre la belle et turbulente histoire du quai de Javel. Ce n'est qu'en 1976 que Peugeot S.A. dite PSA -.pour Société Anonyme, forme juridique adoptée par l'industriel sochalien dix ans plus tôt.- "reprend" Citroën, en grandes difficultés. (Depuis, après avoir "repris" Chrysler France, ex-Simca, PSA est devenue partie intégrante du groupe Stellantis**). Ainsi, tout comme seul Versailles pourrait revendiquer la localisation historique de tout ce qui se rapporte au Roi Soleil, c'est plutôt le quartier du quai de Javel (photo ci-dessous, les ateliers de Javel dans les années 1930) qui serait la terre d'accueil idéale d'un conservatoire, musée, ou autre forme rétrospective de ce patrimoine industriel. Son prochain voyage sera à suivre.

Et Aulnay, dans tout ça...? Il y a en effet des générations de collaborateurs (la dérive pudique du vocabulaire rend de nos jours délicate l'utilisation de mots tels que "employées", "ouvriers", etc.) qui ont accompli tout ou partie de leur carrière dans cet Est francilien, et leur émotion est bien compréhensible. Le conservatoire était la seule trace concrète restant d'un territoire où une part majeure de leur vie professionnelle s'est déroulée. De l'aveu de certains collaborateurs de la firme, Aulnay était une usine qui, lorsque sa fermeture a été décidée, souffrait déjà d'une conception hors d'âge. "Il aurait fallu tout détruire et tout repenser" avions-nous entendu à ce moment. Un détail qui rappelle que, dans les innombrables discours et autres blablas évoquant la ré-industrialisation du pays, certains oublient ou même ignorent qu'un outil industriel est un ensemble dont la durée de vie est de plus en plus éphémère. (On ne fabrique plus aujourd'hui comme on fabriquait il y a une décennie des produits qui eux-mêmes n'ont plus grand chose de commun avec ceux qui les ont précédé il n'y a pas si longtemps...) Une page se tourne, c'est une occasion de réactiver les traces qui subsistent dans certaines mémoires, et ne demandent qu'à étinceler dans celles où ce vécu patrimonial n'avait pas encore eu l'occasion de se faire une place.

* C'est le cas pour une quantité de firmes créées à cette époque et portant le nom de leurs créateurs, telles que Peugeot, Renault, Panhard & Levassor, Daimler Benz, Opel, Rolls Royce, Morris (MG, Morris Garage), Ford... Mais attention aux déductions trop hâtives, Alessandro Fiat n'a jamais existé, on ne se recueille pas sur la sépulture de Sir Edouard Jaguar, etc.

** Stellantis regroupe désormais notamment Peugeot, Citroën, DS, Opel, Fiat-Chrysler, et quelques autres.