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Une entrée par le tunnel, comme pour "piocher" dans l'histoire, évocation de grands travaux réalisés il y a fort longtemps, qui avait permis au train de prendre de la hauteur, au sens le plus concret...

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- KELEREPUS -

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- KELEREPUS, 9 mars 2024. Voilà de quoi réconforter des modélistes qui auraient pu se croire dans une inavouable hérésie. Nombreux sont en effet ceux qui, afin de gagner ce qu'il faut en centimètres, ou un peu plus, utilisent les dessous du décor pour dissimuler un petit jeu de spirales. Une astuce qui n'a non seulement rien de coupable, mais est même plus fidèle qu'on ne l'imagine à la réalité. Astuce qui remonte avant le 20 novembre 1913. Bien avant même, quelques années, car pour des travaux conséquents, il faut laisser du temps au temps. En cette journée d'automne, Bourg Saint-Maurice, ville de Savoie, et plus précisément de Tarentaise, bien connue des amateurs de sports d'hiver (terminus des trains pour ceux qui se rendent notamment à Tignes ou Val d'Isère), voit s'inaugurer le dernier tronçon entre elle et Moûtiers, finalisant ce que le journal La Croix de Savoie décrit quelques jours plus tard. Dans un lyrisme qui vaut le détour, il évoque la ville "rattachée à l'immense réseau des voies ferrées qui couvre le continent européen comme une vaste résille aux mailles de métal". L'auteur, un talentueux Victor, ne s'arrête pas à cette déjà pas trop banal envolée. Il ajoute que "les jeunes couples borains pourront désormais, dans leurs voyages de noces, sans quitter le chemin de fer, aller débarquer à Brindisi, à Cadix, à Brest, à Ostende, à Saint Pétersbourg ou à Odessa".  Si la description est un peu "creusée", la montage l'a aussi été, pour passer des 479 mètres, altitude de Moûtiers à celle de Bourg Saint-Maurice, 815 mètres, en gros, une Tour Eiffel plus haut. 

Il faudra des pelles, des pioches, des muscles, de la sueur, pour venir à bout d'un granit solide, bien que la montagne soit connue pour ses aspects friables, sources de nombreux éboulements qui perturberont de temps à autre le trafic sur cette liaison de 28 km (base du tarif du billet quand le kilomètre était le seul étalon économique pour la clientèle voyageuse). Sur la photo ci-dessus, reproduction d'un carte postale d'époque, on distingue un travail bien avancé, mais loin d'être terminé. La boucle que l'on voit plus haut, sur ce qu'il faut de nos jours pour suivre en temps réel le trafic (- C'est à lire ou relire ici...), reste encore une attraction pour qui se déplace, en montant ou descendant, sur la section qui est à voie unique. (la "boucle" comporte en réalité deux tunnels) Cette ligne, détenue à l'époque par le PLM, était particulièrement bien utilisée, ayant même déjà nécessité un agrandissement substantiel de la gare de Moûtiers (finalisé en 1906). Outre les nombreuses activités locales (agriculture, commerce, thermalisme, etc.) la Tarentaise et ce trajet constituaient aussi l'itinéraire parfait vers l'Italie via le Col du Petit Saint Bernard. Les sports d'hiver, alors déjà actifs en Suisse, n'avaient que peu fait irruption dans les parages du massif de la Vanoise (et en France, fort discrètement). Et justement, c'est un certain Jean Bertoli, d'abord tenancier d'un hôtel à Moutiers, qui dès l'après-guerre (l'inauguration de la gare de Bourg Saint-Maurice ne précédant que de 7 mois l'attentat de Sarajevo, début du premier conflit mondial, guerre dite de 14-18) sera de ceux qui mettront le pied à l'étrier de ces sports d'hiver version française, installant d'abord un hôtel dans l'ancienne ville de Tignes, engloutie en 1953 par les eaux de son célèbre barrage, puis créant à Val d'Isère l'hôtel Christiania, figurant encore aujourd'hui parmi les "5 Étoiles" les plus prestigieux d'Europe. Il est probable que cette petite histoire incite à mieux comprendre le sens de l'expression "le bout du tunnel"...

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Tag(s) : #- TRAIN, TRAINS..., #- KELEREPUS RACONTE..., #- ACTUS
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