Si les moyens techniques et les sources pour écouter sublimement toutes les musiques ont apporté à ce plaisir des dimensions inédites, les vrais équipements de diffusion ont tant perdu de visibilité qu'on les croirait morts et enterrés. Erreur...
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- KELEREPUS -
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- KELEREPUS, 3 février 2024. Savoureuse, simplement à savourer. Écouter de la musique, ou plutôt "des musiques" relève de la très grande famille des plaisirs purement physiologiques. Ce qui veut dire des "plaisirs ressentis avec rien d'autre que nos propres sens physiques les plus naturels". Sans que ne soient nécessaires ni quelque connaissance, ni la moindre initiation. Musiques... Elles se ressentent, à une seule mais toutefois impérative et incontournable condition.: qu'elles soient concrètement perçues. Écouter, pour "de vrai", c'est tout. Souvent comparée aux plaisirs de la gastronomie ou de la dégustation des bons vins, cette jouissance -il ne faut pas avoir peur du vocabulaire- ne peut cependant pas surgir des seules description, inspiration, imagination, persuasion, seulement émergées d'un vécu théorique. Il faut, pour chaque individu, une découverte. Rien de plus. C'est le rôle qu'ont longtemps joué les points de vente, très ou partiellement spécialistes, dans des espaces dédiés, souvent des auditoriums.
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Force des vagues et des vogues, faiblesse de ceux (du monde du commerce) qui se contentent de s'y plier, ces espaces ont certainement percuté certains de ces trous noirs qui les ont avalés. Disparus, ou tout comme. Quand ils subsistent, ils restent trop souvent muets. Du statique. Sans un bruit, et même au calme. Pas question de risquer le moindre brouhaha, serait-il enchanteur, capable de se propager vers un rayon de plaques à induction, d'aspirateurs ou vers le linéaire de la connectique micro. Le reste de ce qui s'écoute est presque pire. Autant le dire sans détour, les innombrables petits systèmes, enceintes et assimilés de l'ère du Net, dont la condition première est d'être connectés, n'offrent aux musiques savoureusement consommées guère mieux que, pour les crus les plus gouleyants, une approche façon vin de messe, voire piquette. (Comment s'en étonner, à l'heure de la gastronomie "burger, pizza, kebab," et même végan...?) Ce qui ne veut pas dire que les joujoux, avec lesquels beaucoup font appel à l'improbable Alexia ou à l'une de ses copines, seraient du mauvais matériel. Ce sont des équipements performants, destinés à exploiter et vivre ce qui est accessible en ligne. Mais absolument pas à se laisser emporter vers les pièges exquis des sonates et autres symphonies (ou toutes autres musiques, de Miles Davis à Rachmaninov, de Gershwin à Queen, de Gounod à Nougaro, d'Elvis à Parker...). Pour en revenir aux analogies œnologiques, la véritable écoute à laquelle aurait été balanstiqué l'attribut "haute fidélité" est devenue l'équivalence d'une recherche dans des grands crus classés par seule lecture des étiquettes. Les points de vente qui ne songent pas à mettre en continu des musiques sublimes à laisser entendre dans leurs espaces de démonstration ne semblent pas mesurer ce qu'ils perdent dans ce silence qui leur veut du mal. Les mélomanes potentiels subissent la même sanction. Insupportable...!