Le simulateur de vol pour tous est retombé dans un presque anonymat. Avenir tronqué pour un ancien best-seller abandonné à son pauvre sort. Et pourtant loin d'avoir disparu.
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- KELEREPUS -
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- KELEREPUS, 16 janvier 2024. En lisant cette entrée en matière, certains adeptes, comme par exemple les habitués de la famille X-Plane, vont s'étrangler. Retombé...? Et quoi encore...? Étrangement, s'il a déserté les linéaires (comme les autres logiciels pour ordinateurs), l'univers de la simulation de vol reste un domaine de loisirs très actif et bien suivi. Toutefois, le fossé s'est creusé pour devenir précipice entre les initiés et les reste du monde... Comprenez fossé entre les "pratiquants" accomplis et ceux qui pourraient en devenir des adeptes, mais n'ont presque plus aucune chance de le devenir. C'est une des innombrables facettes du "pas vu, pas vendu". Devient-on gastronome s'il n'est aucune grande table pour s'y laisser séduire par quelque dégustation ensorceleuse...? Pourtant, cette question, "peut-on apprendre à piloter avec un simulateur...?" n'a pas totalement disparu. Ici, elle sert d'alibi, chacun l'aura compris. Comble de l'insolite, nous l'entendons soudain dans le périmètre d'un petit aérodrome très local, où des promenades sont de temps en temps organisées. Pour obtenir une réponse bien étayée, il pourrait suffire de se plonger dans la lecture d'un mensuel présent dans tous les bons linéaires de presse, Micro Simulateur (Editions Larivière). Mais dès les pages tournées, une réalité s'impose.
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Ce loisir est devenu un univers à part entière, au même titre que le modélisme ferroviaire ou les passionnants domaines des aéronefs et bateaux télécommandés, voire de la photo ou de la musique. Toutefois, si de nombreux parallèles peuvent être établis entre le vrai et les loisirs qui s'en sont emparés, celui qui gère ses convois sur le rail ne serait sans doute pas très à l'aise aux commandes d'un véritable TGV ou d'une locomotive à vapeur transpirant de ses efforts époumonés dans les rampes de Tarentaise. De même, tout pratiquant de la simulation aérienne, même après de nombreux vols longs courriers, avec des vents contraires, des approches sans visibilité, ou quelques uns des menus tourments que quotidiennement, les CDB et "copis" * ont à gérer sur des avions pourtant en excellent état, serait sans doute assez anxieux à l'idée de poser un véritable appareil avec 150 "pax" (passagers) en cabine, par un temps superbe, sur une piste totalement dégagée, sans vent, enfin, un Cavok absolu. Réplique un tantinet vengeresse, "on" a vu des habitués des cockpits alignant quelques milliers d'heures de vrai vol, s'agacer sur des caprices de Flight Simulator ou de concurrents. A chacun son métier...
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Il reste que la simulation de vol peut, outre ses côtés purement ludiques, se révéler particulièrement formatrice, ne serait-ce que pour voir, comprendre et assimiler ce qui apparaît sur un tableau de bord. Avec un détail à ne pas perdre de vue.: aucun loisir n'est gratuit. Les amateurs de petits trains ne fréquentent pas les bourses d'échange pour rien. Outre le matériel, il y a presque une "valeur locative" dans ce joujou d'adulte, pour ne pas dire du foncier, par la place occupée par un simple réseau. Pour l'aérien réel, le thermomètre économique se cale sur le coût de l'heure de vol. Pour des tours de piste, des "touchés", et encore, pas d'alternative. Le vrai est le seul moyen pour acquérir les habitudes et les réflexes, dont ce célèbre pilotage "aux fesses"... indispensable à qui veut maîtriser un DR-400 (pour l'Airbus, on verra plus tard) reste dans le vrai. En revanche, financer des heures de vrai vol pour comprendre comment fonctionne un HSI, une balise NDB, faire une percée en utilisant les VOR, le sans risque dans un fauteuil à zéro euro l'heure n'a pas son pareil.
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Il demeure que tout ce qui s'élève dans les airs reste passionnant. La relégation de cette simulation dans le cercle un peu cloisonné des initiés prive sans doute ceux qui ne connaissent pas la joie d'un trajet quel qu'il soit, ce d'autant plus que les développements récents permettent de concilier des visions satellitaires et de la découverte du vaste monde. À quelque chose, malheur est mauvais... Mais un autre revers de cette médaille réside dans ce qui apparaît dans de nombreux loisirs supposés pour tous. À contempler ce que peut devenir le quotidien du vol simulé à travers la complexité liée au souci de vérité, la nuance entre simulation et similitude s'estompe. Il devient (par exemple) presque aussi compliqué de maîtriser un bi-réacteur simulé qu'un vrai. À ce stade, on en regrette les simulations d'antan, plus simples et désormais non visibles (ou difficilement) par ce profane qui plongeait jadis avec l'historique décollage dans un avion de tourisme du petit aérodrome de Meigs Field du cœur de Chicago dans les FS de Microsoft des "grandes années". Aéroport qui d'ailleurs n'existe plus, l'espace ayant été vendu à des promoteurs immobiliers. La simulation permet aussi de vivre dans des temps révolus. Les amateurs potentiels le savent-ils...?
* "CDB", pour commandant de bord, "copi" pour copilote.