Se sentir trop fort est une faiblesse. Serait-ce un redoutable colimaçon industriel dans lequel les grands groupes d’outre-Rhin se seraient peut-être d’ores et déjà aventurés, au risque d’y trébucher…?
- KELEREPUS, 12 décembre 2023. La grosse cylindrée allemande, puissante et fiable, racée et socialement "positionnante", a manqué un virage. Une sortie de sortie de piste dont on n’a pas fini de mesurer les dégâts. Comme l’intrus que l’on n’attendait pas, une publicité vient de surgir dans la presse, signée par Porsche, énigmatique (peut-être du teasing…). Elle se prête à une double interprétation, tant à quelque observateur, tout message non transcrit ne peut qu’en inspirer un autre. Ainsi, sur cette route, que l’on devine bordée de champs de lavande, l’éclair peut aussi bien annoncer l’arrivée d’une électrique du tonnerre que faire l’effrayant constat d’une automobile, au sens large, foudroyée par les millions de térawatts du feu céleste…? Car l’énergie de ce feu de Dieu, d’une puissance électrique colossale, est connue pour être aussi incontrôlable qu’imprévisible et terriblement destructrice. Il y a de l’allégorie, du poème lyrique dans cette création publicitaire. Ou plus inquiétant... Peut-on cependant oser une pensée pour le client, cet acheteur qui, depuis des années, a porté la firme allemande au rang de légende planétaire…? A-t-il consenti des dépenses colossales pour que son admiration pour des motorisations d’une technicité vertigineuse se liquéfie soudain pour un composé fait de quelques centaines de kilos de batteries et d’un moteur asynchrone à assister d’un synthétiseur de musique pour qu’on l’entende arriver sur un parking…? Triste requiem pour le "sissaplat"...?
Que les inquiets du climat se rassurent, même en détruisant totalement toutes les Porsche sur toute la planète, et même toutes les automobiles de même catégorie, cela ne changerait rien à l'atmosphère... N'en rajoutons pas, ne nous fâchons pas...
Au-delà de ce repère haut placé dans la hiérarchie automobile, c’est tout ce qui en découle qui est entraîné. Économiquement d’abord, puisque les modèles de haut de gamme sont les plus profitables. Ils génèrent non seulement des profits, mais aussi des ressources financières et techniques qui ruissellent sur les niveaux moins élevés des offres. Tout ceci étant dit, personne n’a perdu de vue qu’une compétition mondiale entre quelques grands univers économiques s’est engagée. En paraphrasant l’ancien slogan d’une grande banque, l’argent des nos prestigieux européens en intéresse d’autres. Le pire étant peut-être que ces compétiteurs ont eu la perfide audace de porter le combat sur le terrain de leurs adversaires, ces constructeurs du Vieux Continent que certains observateurs voient déjà dévorés par un péril que, pudeur mise à part, ils auraient qualifiés de "jaune". Il n’est pas impossible qu’en embrayant crânement sur l’électrique, l’Europe (comprenez, ses groupes industriels), loin de se défendre, se soit engagée sur un chemin pseudo triomphal, piège qui la mène vers un possible désastre final. Et si l’interdiction de l’énergie électrique pour l’automobile avait été bien plus pertinente...? Serait-ce l’occasion manquée par un (vieux) continent industriellement aveugle, ne voyant pas les prédateurs qui, inéluctablement, finiront par le grignoter...?