POIDS LOURDS : un centenaire souffle ses bougies. Il y a de la Route 66 dans l'air...

Un camion, c'est beau. Un camion américain, c'est bien plus que cela, tant il peut évoquer tout ce qui fait que personne ne puisse trouver l'Ouest terne. 

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- KELEREPUS -

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- KELEREPUS, 10 août 2023. 100 ans, c'est un âge...! Et ne pas en fêter le franchissement serait bien plus qu'une inélégance. Au début du dernier siècle, celui de juste avant le nôtre, si l'automobile était en pleine effervescence, le transport des marchandises occupait sur la route l'un des rôles les plus importants. Rien à voir avec le luxe de certains puissants capables de s'offrir un phaéton ou une limousine pour rendre visite à quelques relations huppées. Le véhicule automobile était utilitaire, et au pays de l'Oncle Tom, les grandes distances occupaient déjà les esprits. C'est dans cette ambiance que l'un des plus célèbres, Kenworth, naquit en 1923. Ainsi se constitue une histoire aux incroyables prolongements. Car, en 1923, et depuis 1908, Henry Ford avait déjà fabriqué son illustre modèle "T", donnant un coup d'accélérateur déterminant à l'auto pour tous. Passé le conflit de 14-18, l'Amérique connaît une période économiquement faste. Le tourisme, les stations-service, les motels, toute cette épopée des déplacements loisirs sont alors au cœur d'une prodigieuse explosion. Des monuments en guise d'escales routières sont crées comme, en 1925, la chaîne des établissements à l'enseigne Howard Johnson (dont le créateur revendiquait l'invention du "Ice Cream Soda"). Avènement qui ne précède que d'un an le lancement de la fameuse Route 66. Kenworth s'ébroue ainsi au beau milieu d'une effervescence routière où se confondent sans plus attendre le transport proprement dit et les débuts du rêve américain.

Depuis, les camions de ce continent sont devenus objets de rêves et de passions. Des véhicules pour rouler, déjeuner, diner, dormir, et d'une puissance évoquant celle de ce pays où tout, pour les Européens notamment, paraît surdimensionné. Bien sûr, les "high ways" n'ont pas été sillonnés que par des Kenworth, mais le profil, le "faciès", en est tellement représentatif qu'il semble aux yeux de nombreux amateurs être comme sorti de l'un des moules dans lequel bien d'autres ont été dupliqués. (Pour de nombreux aficionados, les Mack sont au sommet de la hiérarchie des célébrité, mais ce n'est pas leur centenaire cette année). Il existe en outre sur le continent nord-américain une notion de camion standard à laquelle les fabricants font référence, également dans les versions à cabines avancées. Qui dit Amérique, rêve, gigantisme sous-entend aussi excès. Ce sont ceux des intérieurs que même les palaces de Las Vegas envient, des chromes qui se veulent capables d'éblouir le soleil lui-même, des peintures de cabines à rendre furieux Velasquez, les avertisseurs que l'on entend (presque) de Niagara Falls à El Paso. Et les décors...! Que les passionnés de chez nous adorent imiter, à la française. Une épreuve reine, Les 24 heures du Mans camion (cette année, les 23 et 24 septembre prochain), est un moment idéal pour en admirer les réalisations).

Côté modélisme, le camion américain occupe aussi une place solide dans une population d'amateurs qui "craque" notamment pour le King Hauler de Tamya (photo ci-dessous), qui n'est pas la reproduction d'une machine réelle, mais dont l'esthétique est très largement évocatrice des Kenworth (T600B...). 

A l'heure présente, le monde des camions américains est à son tour plongé dans les perspectives des fameuses "zéro émissions" et l'oeil d'Elon Musk (Tesla) s'est inévitablement porté sur ces mastodontes du bitume. Outre leur alimentation électrique (l'hydrogène fait partie aussi des projets -ou fantasmes- énergétiques à la mode), il ne pouvait pas ne pas les imaginer autonomes, sans conducteur. Heureusement qu'un siècle nous aura déjà procuré une longue épopée de ces gros cubes, dont on peut se demander s'ils seraient aussi fascinants sans personne au volant. Car, comme pour toutes les réalisations belles, grandioses, spectaculaires, fascinantes, l'objet n'existe que par ce que l'individu a voulu en faire et s'y projeter. Casse-cou qui veut supprimer l'homme, voulant se supprimer lui-même...! 

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