Si elle est un accessoire très courant dans l'automobile "plaisir", on ne la montre que bien peu souvent. Une pudeur qui en prendrait presque des facettes mensongères...!
-
- KELEREPUS -
-
- KELEREPUS, 22 mai 2024. C'est bientôt l'été, et le long des plages, attirant très souvent les regards, les cabriolets vont déambuler, princièrement. Belle image, mais dont un côté trompeur n'échappe à aucun utilisateur de ces "décapotables". Car le soleil de plomb n'a qu'une durée d'apparition très limitée. Dans la vraie vie, "H24" et 365 jours par an, le moment où il sera souhaitable, voire absolument impératif de déployer une protection contre les averses et les mauvais courants d'air pour les muqueuses sera le plus fréquent. Dès lors, la capote est un sujet qui entre dans la vie intense de tout cabriolètiste. Mais pourquoi plus spécialement "anglaise"...? Seulement pour oser un titre se voulant "rigolo et aguicheur"...? Un peu, mais pas seulement, loin de là, même.
En effet, nos amis britanniques, qui n'ont pas eu leur pareil dans la création de ces petits objets pour la route, en ont généré de vraies lignées, à part entière, comprenez pas uniquement des versions cabriolets déclinées de berlines dominatrices de gammes. Et des paysages reposants du Kent aux campagnes du Suffolk, quadrillées de leurs merveilleux "broads", en passant par les Midlands et la célèbre Coventry, (cité native de Jaguar), les conditions climatiques propres à nourrir les plus beaux gazons de la planète ne pouvaient qu'imposer une protection en permanence disponible contre tout crachin, utilisable tout "le" et par tous "les"... temps. Cette double culture du cab et de la pluie qui mouille a conduit ceux que l'on ne baptisait pas encore "designers", ou avant, "stylistes", à transpirer sur leurs tables à dessin jusqu'à ce que les trois ingrédients nécessaires soient réunis. Une efficacité sans faille (donc sans infiltration, ni eau, ni air, enfin, pas trop...), une manœuvrabilité à la hauteur de tous les avant-bras, et une solidité apte à franchir les années du statut de dernière nouveauté à celui de véhicule devenu légende. Sans oublier la cerise sur le pudding.: une élégance harmonieuse, qui ne met en aucun cas en difficulté la ligne de l'auto, couverte comme découverte. Ce qui n'est pas si simple.
Le Type E Jaguar "bâché" (photo) répond sans la moindre restriction possible à ce souhait essentiel. Cette somptueuse machine a toutefois été créée aussi dans des versions coupés tout aussi légendaires (qui se parent d'ailleurs des performances les plus élevées de cette illustre famille) qui la plongent un peu dans plusieurs catégories à la fois. Un "en même temps" dans lequel ne se sont pas aventurés des "uniquement cab", quitte à leur destiner des "hauts durs", dits "hard tops" en bon franglais. Ces derniers apportent cette solidité apparente d'un toiture métallique qui rassure quelques utilisateurs, même si, en cas de tonneau, le destin des occupants est le plus souvent transféré des normes de sécurité vers les services du Saint Esprit. À propos de tonneau, ceux de ces cabriolets sans toit qui, courage suprême, n'ont pas davantage de capote, ont pour utile accessoire "un couvre-tonneau", destiné aux stations immobiles sous ondée ou pire, et pour utile mérite celui des usagers sachant qu'en roulant à bonne vitesse, les grains évitent de choir dans la partie habitée du bolide. Restent à éviter les feux rouges et les bouchons. Quand au soleil, certains en connaissent un rayon. Si de l'été, on est entré dans le régime canicule ou presque, si le rayonnement n'est plus seulement câlin mais un peu trop chaud bouillant, la protection toilée s'avère aussi précieuse que celle d'un parasol en terrasse. On a même entendu dire que certains, par temps trop chauds, capotent comme par grands froids et mettent sur "on" la commande de la clim...!
Le cabriolet reste donc plus que jamais un produit de l'univers automobile, davantage véhiculé par des envies symboliques que par des conditions d'utilisation envisagées avec une conscience toute concrète. La preuve, cherchez des représentations, dans les dépliants, catalogues, reportages et autres d'autres images montrant ces belles autos... non décapotées. Un peu comme la salade en sachet vend l'économie de la peine et du temps de lavage égouttage, le cabriolet fait jaillir les envies pour des promenades le long de la plage, dans la douce quiétude d'un été campagnard, dans les défilés de gorges dont les contours s'admirent sans avoir à tordre la cou par une fenêtre. Et pour le sport, du moins une forme du sport mécanique et de conduite musclée, plus proche du "grand tourisme" et du rallye que de formes plus réelles de la compétition. Ne nous attardons même pas sur cette vision, si usée qu'elle en devient rengaine, d'un beau cab et de jolies silhouettes dont regorgent certaines publicités. Quel cinéma...! Ne serait-ce pas de là que vient l'expression "on se fait une toile"...?
Pour le collectionneur, la capote est aussi une sorte de concentré de préoccupations. Elle cumule des petits travers, comme celui de ne pas apprécier une position repliée trop permanente, de redouter les usures imposées à la toile par de trop fréquentes positions pliée puis déployée puis..., le toujours capoté l'exposant à de multiples agressions (outre quelques objets tranchants rebelles de débiles) comme les oublis "déjectants" des oiseaux, les poussières et les pollens, le soleil trop dardant et la grêle trop giboulante, etc. Tout cela sans compter les caprices d'un bâti capable de souffrir du temps qui passe et des efforts demandés, ses articulations pouvant aller jusqu'à la perte d'un cartilage par manque d'une subtile lubrification. Et des efforts parfois mal insistés pour une ouverture guillerette ou une fermeture maladroitement précipitée. Ce n'est pas parce qu'elle ne se voit guère que cette toile protectrice n'est pas un sujet d'attention impératif que tout possesseur perçoit sans délai. Comme si les berlines échappaient à tout usure ou agressivité. Voire de la corrosion, côté armature...
Le plus enchanteur des instruments de musique..., à percussion... Au-delà de ces évocations, n'oublions pas l'autre sens par lequel se transcende "l'effet capote", l'ouïe. Allez savoir si le ramage d'une toile sous l'ondée a motivé des créations là où on ne les avait pas imaginé (comme cette Mini ou, version à l'américaine de cette Kaiser -voir photos ci-dessus*), ou si, seules les attentes des clientèles ont été prises en compte, toutes les firmes fabricant des autos, et de nombreux ateliers se consacrant à leurs transformations, ont à un moment flirté avec "du cab" au catalogue. Ce qui conduit bien plus que les amoureux des britanniques à pouvoir profiter de la douce mélodie que les larmes de ciel projettent sur la protection qui en devient magique. "Etre de la dernière pluie en cabriolet bâché" a en effet une signification quasi ésotérique, sens hi-fiste du terme, au moins aussi riche de sous-entendus (et de sons entendus) que d'avouer une fidélité absolue aux jouissances symphoniques annuelles de Salzbourg.
(* Toutes photos : © YD-DVSM-KELEREPUS)