Scandale...! Au confluent des années 70-80, Airbus lance le progrès le plus anti-social du monde de l'aérien, avec un avion qui ne se pilote qu'à seulement deux personnes... L'ère de l'auto volante va, près d'un demi-siècle plus tard, faire voler en éclats bien des idées déjà dépassées.
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- KELEREPUS -
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- KELEREPUS, 12 juillet 2023. Le cockpit vu ci-dessus est celui d'une Caravelle, dont la seule vision est de nature à générer des angoisses à tout profane. Il faut recourir aux formules simples. Il y a bien longtemps, il fallait une petite équipe pour "conduire" un aéronef. Non seulement piloter était un exercice assez compliqué, mais faire en sorte que la machine obéisse en était un autre. Le tout demandant qualification et expérience, avec un petit supplément lié à la durée des vols avec des appareils n'ayant pas encore les vitesses devenues courantes désormais depuis longtemps. Cette époque des cockpits surchargés de boutons et de cadrans inspirant la migraine à la seule pensée de la tâche de ceux qui les avaient conçus n'était qu'une phase transitoire. Les longues histoires ne sont d'ailleurs que des successions de ces périodes faites pour alimenter les écrits de ceux qui n'ont rien d'autre à faire que de raconter. Initialement, le pilotage des avions fut le résultat des sensations physiques des fous du ciel. Suivant la progression des nécessités techniques, les puissances, les distances franchissables, ont été à la source de mille et une innovations permettant de mieux affronter les bons et moins bons côtés du ciel et les bonnes ou moins bonnes habitudes de la mécanique. Beaucoup de travail qui a longtemps imposé dans les équipages au moins deux pilotes (un qui regarde dehors, l'autre les yeux rivés sur les instruments), accompagnés d'un mécanicien, chargé d'épier la moindre variation dans les régimes, la plus intime fluctuation dans les pressions d'huile, les tensions issues des générateurs, tout en s'assurant que les instruments eux-mêmes ne se permettaient aucune fantaisie. Et le "radio" avait aussi pas mal de travail, communiquer, repérer les balises (les NDB, ADF et autres), tout ceci n'étant qu'une très brève évocation.
Longtemps, l'ère du jet moderne (qui donc ne l'est plus tout à fait) est restée, comme dans certaines légendes du jazz, l'affaire d'un parfait trio : CDB, co-pi et mécanicien. Formation que le constructeur toulousain a pulvérisé sans vergogne au grand dam de quelques confrères d'outre-Atlantique, éliminant le troisième remplacé par une informatique parfois décisionnaire avec excès dans ses débuts. Imaginez la joie de tout chef d'entreprise capable de produire et vendre autant tout en se séparant du tiers de son personnel les plus coûteux...! Cette lente mais implacable évolution s'est doucement invitée dans des familles d'appareils souvent restées presque les mêmes pour le voyageur profane. Le beau Boeing 747-300 était le gros porteur ayant vu s'allonger son pont supérieur, mais toujours doté d'une "avionique" quasi traditionnelle, alors que sous une apparence strictement identique, la version 400 changeait d'ère, entrant dans le pilotable à seulement deux personnes, permettant notamment dans les très longues liaisons la mise en place de deux équipes, l'une se reposant quand l'autre était aux manches. Il faut ajouter que les automatisations ont aussi très substantiellement amélioré la sécurité (c'est vrai dans tous les moyens de transport).
Mais vous trouvez ça drone...? Oui et non. Car les militaires (avant que Parrot ne transpose le concept pour les amateurs) ont eu la volonté de pouvoir aller bombarder l'adversaire sans se faire eux-mêmes abattre. D'où l'idée d'un appareil automatique et surtout autonome. Et voilà, le ver était dans le fruit. Des équipements et des logiciels ont été créés et perfectionnés jusqu'à ce que des engins puissent accomplir leurs missions sans le secours de quelque caporal que ce soit. Même Tom Cruse en est inquiet. Ces équipements détectent vitesse, cap, altitude, et savent naturellement où ils sont, réseau GPS aidant. Un intervenant peut bien sûr interagir, de son bunker bien protégé, ou même depuis la terrasse du Café de la Paix, si toutefois la température est assez gentille pour y déguster un demi bien frais sans mousse. Les coûts évoluant dans le sens inverse des quantités diffusées, ces techniques sont en passe de devenir aussi banales qu'un robot culinaire au tarif d'une enseigne low-cost. Avec pour l'utilisateur, serait-il chauffeur de taxi, une facilité incroyable puisque l'informatique se charge d'interpréter correctement les souhaits.: monter, descendre, aller à droite, aller à gauche, et peut-être, suivre les Champs-Elysées*, remonter la Canebière**, se hisser vers la Croix des Gardes***, ne pas survoler Ciboure****... ah, oui, pas n'importe quoi quand même... La suite risque fort de se placer dans le cadre de la règlementation. Et là, une informatique même très élaborée risque de ne pas suffire...
* Paris. ** Marseille. *** Cannes. **** Pays Basque.