Pire, des molécules chargées de traces excitant les narines peuvent aller jusqu'à déclencher des affinités qui resteraient hors d'atteinte sans leur provoquantes interventions. Voilà qui sent presque le prémédité...
- KELEREPUS -
- KELEREPUS, 16 juin 2023. Nous voilà transportés dans un univers dont on ne parle pas assez, celui des odeurs, souvent associées à des métiers, des souvenirs, des ambiances... Osons de simples évocations, pour mieux comprendre. Les effluves du pain frais chez le boulanger, l'onde chargée des émanations de la barraque à frites sur une grand place flamande, et même ce qu'un léger courant d'air estival transporte depuis un barbecue voisin chargé de pétillantes merguez, les sensations et leurs conséquences pavloviennes sont connues de tous. A une question posée à des professionnels de longue date dans la presse afin de savoir ce qu'ils apprécient particulièrement dans leur métier, nombreux évoquent ce que l'on sent dans une imprimerie. Sur les circuits et dans les stands des sports mécaniques, c'est le métal qui vous accroche les narines. Et sur un tarmac d'aérodrome, là aussi, atmosphère olfactive inoubliable. Tout comme dans les ateliers de menuiserie et d'ébénisterie. Allons plus loin. Ceux qui ne connaissent l'Asie, Japon inclus, que par films ou reportages TV, sont sans le savoir privés d'un composant d'atmosphère omniprésent qui a quelque chose d'inimitable et enchanteur. L'ombre d'un soja sommeille dans le décor. Pareil pour la pinède provençale par une belle soirée d'été. Les accros de la vapeur vive sur le rail ne sont pas moins, d'une manière plus ou moins consciente, happés par ce qui enveloppe le cœur de leur dada. Voilà qui en dit long sur le rapport entre ce sens, (l'un des cinq dont l'être se contente) pas assez évoqué en général, entre une perception et les effets qu'elle induit jusqu'aux plus intimes des neurones. L'inverse est du reste bien reconnu. Ce qui pue laisse aussi des traces, en général de rejet. Ainsi, les amoureux de la campagne se montrent parfois moins séduits quand l'oxygène des prés se charge des traces de récents épandages.
Entre le parfum d'un noble cuir et les transpirations mécaniques aux facettes multiples, l'ancienne n'oublie pas l'odorat au chapitre de ses charmes.
En parlant modélisme, photo, vidéo, musique, et peut-être bien d'autres univers de ces loisirs où la technique fait plus que s'inviter, la question des parfums et odeurs reste souvent sans réponse. S'il est commode d'ajouter le chant des cigales à la pinède déjà évoquée, pour son air moins courant, c'est plus difficile. Peut-on imaginer générer des sensations olfactives accompagnant la présentation d'une séquence vidéo ou d'une galerie de photos...? Des spécialistes de l'odorat affirment que les perceptions seraient liées à l'émission de seulement quelques éléments de base transportés par les molécules d'air. En théorie, une synthèse pourrait être imaginée. Mais jusqu'où, jusqu'à quels excès, si par exemple, une intelligence artificielle (diaboliquement sans âme) se met soudain à synthétiser du nauséabond...? Un décalage mal embaumé serait-il mieux supportable, comme par exemple l'ambiance métal sports mécaniques appliquée à une belle interprétation de la Moldau (Smetana -écouter ici-)...? Et après tout, certains loisirs modélisants ont eux-mêmes leurs propres fumets. Un banal fer à souder suffit souvent à planter le décor de ceux qui façonnent des maquettes ou autres assemblages. Une réflexion que chacun aura à cœur de prolonger, sachant que pour diffuser cette petite rubrique, certains souligneront qu'il fallait oser le flair...