Le modélisme ferroviaire n'est pas en voie de disparition. Néanmoins, il n'a plus la vivacité qu'il a connu jadis. Et l'évolution du train réel y est sans doute pour quelque chose. La distribution également...
- KELEREPUS -
- KELEREPUS, 14 avril 2023. Electrique...! Quel gamin, devenu aujourd'hui "senior" ou même papy-boomer n'a pas rêvé, il y a bien longtemps, d'un réseau...? Ou ne serait-ce que d'un modeste circuit éphémèrement posé sur une table de salle à manger...? Cette belle perspective n'est plus pareille à elle-même. Et concrètement, le chemin de fer miniature fait aux yeux de nombreuses personnes figure de loisir d'un autre temps, chassé par les écrans, les consoles de jeu, le e-Sport et autres gouleyantes distractions numériques. De très nombreux points de vente spécialisés ont fermé boutique, et les magasins de jouets, y compris "grandes enseignes spécialisées", ne proposent plus ou presque plus de ce genre de joujoux. Joujoux qui, ne l'oublions pourtant pas, ont pourtant un atout inimitable par rapport aux jouets en masse dans les linéaires.: il se prolongent dans des populations d'amateurs de tous âges, constituant une clientèle assez dépensière, fidèle, bien accrochée, capable de générer un CA "de croisière" durant des décennies en toutes saisons (et pas seulement lors des bousculades d'avant Noël). Au-delà de ce constat, sommeille une réalité. Si les envies de "jouer" au train étaient jadis vigoureuses, c'est parce que le vrai chemin de fer avait un côté agréable, voire fascinant. Espérer qu'il ait pu rester intact face à l'automobile et à l'avion aurait été déraisonnable. Toutefois, l'avoir laissé plonger dans ce qu'il est devenu, pour les amateurs, mais aussi pour sa clientèle non joueuse (normale, donc voyageant...) ne manque pas de côtés coupables. Hélas, le déplacement par le rail, quotidien ou plus occasionnel, est devenu un concurrent tarifaire des autres transports, pour lequel il faut guetter les bonnes promos, et se réconforter en acceptant le discours (très discutable) qui fait du train un supposé sauveur écologique de la planète. Loin d'être le complice parfait des vacances, il est trop souvent celui qui, sous couvert de conflits sociaux, va torturer les voyageurs (parents, grands parents, bambins) par un suspense entre marche ou grève dès que des dates de congés approchent. Les tarifications, qui se comprenaient facilement (sur la base du kilomètre parcouru) sont devenues ce que certains n'hésitent pas à qualifier de "pièges à pigeons (voyageurs)". Dans le même convoi, la même voiture, à la même heure, sur le même trajet, pas facile de trouver deux quidams ayant réglé le même montant. Le service à bord, notamment des TGV, est trop souvent à la limite de l'inacceptable. Ayant l'audace de se comparer à d'autres, notre opérateur national ignore peut-être qu'il y a déjà plus de quatre décennies, les trains rapides japonais (à bord desquels le personnel s'excuse à partir d'une bonne minute de retard), tout le monde voyage dans le sens de la marche (des intervenants basculent tous les sièges si la manœuvre n'est pas encore automatisée), un service (boisson, snacking) à la place, rutilent, est assuré tout au long du trajet (et non interrompu 30 minutes avant l'arrivée), complété par restaurant et bar dans des conditions de propreté qui ne se retrouvent guère que dans des services chirurgicaux hospitaliers de nos meilleurs établissements de santé.
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Et puis, il y a le matériel, les bambins, le croisement du regard des seconds vers le spectacle du premier. Un TGV, un TER, une rame de banlieue, n'ont assurément pas le côté fascinant d'une 2D2-5500, d'une 141-R, d'une 72000... Des mastodontes portant face aux heurtoirs les stigmates de quelque averse ou giboulée neigeuse fraîchement rencontrée, transpirant encore des efforts à pleins poumons pour vaincre des rampes rebelles, et autres visions qui n'avaient pas vocation à être oubliées de sitôt. Si les charmes d'un passé ferroviaire ne seront jamais de retour, pourrait-on espérer en générer de nouveaux, dignes de notre époque, ne se limitant pas à des possibilités aussi banales que de pouvoir se connecter en Wi-Fi ou d'absorber ce que certains osent baptiser "nourriture"...
- La distribution : les réseaux du jouet sont évoqués plus haut. Les spécialistes en modélisme ferroviaire, il en reste, heureusement, sont comme d'autres acteurs engagés dans des univers de loisirs avec de la technique (autres modélismes, photo, musique grand public, etc...). Ils sont face à des tâches importantes, exigeant de leur part, outre leurs connaissances d'experts sur le sujet qu'ils traitent, de talents de gestionnaires, d'acteurs de communication, d'organisateurs de séquences attractives, de marketing, de merchandising, etc. Ils sont confronté au défi consistant à conserver une clientèle acquise tout en sachant recruter de nouveaux adeptes. Tant de feuilles de route que rarement, on ne peut humainement assurer en solitaire. Des systèmes fédératifs seraient sans doute utiles, animés par des spécialistes des grandes lignes du commerce, gestionnaire, juridique, financier. Dans le domaine du rail, la grave défaillance de l'univers des fournisseurs n'arrange rien.