AUDIO et HI-FI : CD, un aussi bon support pour la musique et aussi durable que promis...?

Quarante ans après son avènement, le disque compact n'a plus les faveurs de beaucoup d'adeptes. Toutefois, sa réputation initiale était peut-être un peu surjouée. Aujourd'hui, les questions incorrectes d'hier deviennent permises.

- KELEREPUS -

- KELEREPUS, 24 avril 2023. Il faut le reconnaître, certains audiophiles n'ont jamais été réellement et totalement satisfaits de ce que cette innovation numérique apportait à la musique. Né dans une période où la haute-fidélité était encore gaillarde, le CD avait été annoncé comme le summum de tout ce qui avait pu être conçu pour stocker et reproduire de la musique. Quelques mois avant son lancement, aucun mystère n'était fait autour de cette révolution du son. Une "platine" (lecteur) serait un équipement du haut du panier, et vaudrait le prix d'une très bonne table de lecture pour disque vinyle, le sommet du haut de gamme. À la date "à peu près" convenue, soit fin 1982 pour quelques francs tireurs (dont un industriel hollandais qui en partageait la paternité avec une célèbre firme japonaise), plutôt début 1983 pour l'Hexagone, selon les accord préalables conclus entre les deux co-inventeurs, les étiquettes s'établissaient bien à une altitude digne des plus beaux plateaux tournants. Rapidement pourtant, des commentaires ont surgi, décrivant un son sec, tout sauf en rondeur, décevant à l'évidence les amateurs habitués aux meilleures galettes analogiques, dont les célèbres gravures directes. Ce qui n'avait pas pour autant rafraîchi les ardeurs des conquis par avance. Toutefois, au royaume des aveugles, les borgnes sont rois. En France, le public est encore sur la lancée du duo 33 et 45 tours, des supports distillant des succès à des oreilles imprégnées des performances des derniers successeurs du Teppaz (gloire des chambres d'ados du début des années 60), de la radio diffusant essentiellement en modulation d'amplitude (la FM restant cantonnée sur trois radios de service public, dont la plus écoutée vire au moins une fois par semaine au multiplex du championnat de France de football.) Donc, côté musique, ça passe, alors que de surcroit, des atouts de ce nouveau disque ont quand même été perçus favorablement de la part du public. Une taille enfin compatible avec la morphologie,12.cm tenant dans pratiquement toutes les mains en fait partie. Une apparente insensibilité aux rayures et à la poussière constituent d'autres avantages séduisants. Et ce morceau de plastique dont un rayon laser extrait des symphonies est décrit comme éternel, inusable... Là, on est déjà dans une contre vérité.*

Cependant, le CD est désormais confronté à une adversité totalement inimaginable il y a quatre décennies, la vogue des dématérialisations, du téléchargement, du streaming. Le numérique aux prises avec le numérique.! Au point qu'un supposé moribond est bel et bien de retour. Le vinyle (ne dites plus microsillon, on vous prendrait pour déjà un vieux senior) ne fait pas que de la résistance. Ses ventes sont en passe de dominer celles du CD, stimulées par plusieurs lignes de force qui se cumulent. (Lire sur www.dvsm.eu cette information chiffrée). Plusieurs tendances tirent en effet le disque du passé, sa qualité de reproduction sonore étant jugée bien supérieure à celles des autres sources. Même, semble-t-il par rapport aux formats dits "hi-res" (haute résolution). Preuve que les montées en qualité du CD, notamment avec le SACD, pour Super Audio CD, et le "BluRay" et la polyvalence entre image et son n'ont pas suffi à contrer le vent du progrès qui, de souffler, jamais ne s'arrête. Mais comment ne pas noter que c'est par une qualité audio spontanément perçue même par des utilisateurs jeunes, n'ayant pas connu le moyen âge du digital, que le vinyle déjoue les pronostics. Il serait d'ailleurs préférable de parler de plaisir d'écoute, une sensation plus physiologique que technique. Un professionnel des grands crus classés affirmerait, dans un petit paradis au cœur de Saint-Emilion : "un bon cru, ça ne s'explique pas, ça se déguste". Pareil pour la musique. 

* Lors d'une grande conférence de presse organisée à Paris il y a une quarantaine d'années, dans les locaux de Philips avenue Montaigne à Paris, l'auteur de ces lignes ose soudain une question assez peu correcte. "Est-il exact que le CD aurait en fait une durée de vie de 10 ans.?" Aïe...? Où a-t-il pêché ce sujet étrange, ce journaliste.? Simple, la veille, pile poil, lors d'une autre conférence, en comité bien plus réduit et très "pros vers pros" (B to B), une équipe composée d'ingénieurs (dont un ex-Philips) présente pour l'informatique un... CD garanti "longue durée", destiné notamment à l'archivage administratif, notarié, les successions, etc., domaine pour lequel la conservation impérative est plus de l'ordre du siècle que de la décennie. Une création qui est justifiée "par la durée de vie de seulement 10 années attribuée au CD grand public" indiquent les auteurs de la création de ce support. Avenue Montaigne, embarras sur le podium des intervenants de la conférence Philips, avec des hésitations qui laissent sans prudence un technicien se faufiler dans la brèche et, croyant bien faire, confirme : "Oui 10 ans". Stupeurs et rictus défaits appelant des précisions supplémentaires, ou complémentaires, enfin, tout sauf se taire... Quelques explications fusent dans un léger brouhaha né de l'étonnement général des représentants de nombreux médias. Oui, effectivement, dans le plastique du disque, des bulles microscopiques peuvent s'échapper et en perturber la lecture des informations numérisées sur sa surface. L'insensibilité du support aux agressions externes est donc assez illusoire, en délicatesse avec les promesses. Plus tard, on remarquera que même des traces de doigts pourront rendre illisibles des exemplaires, trop contaminés (vers le centre), cependant récupérables après un petit nettoyage. Mais en revanche, le perfectionnement de la correction des erreurs de lecture atteindra des niveaux tels que peu d'exemplaires seront définitivement affectés. Le CD audio ne s'auto détruit pas 10 ans et un jour après avoir été fabriqué. Ouf...! 

- VERS TOUTES LES INFORMATIONS > > -