Les légendes, les bolides, les voitures de stars, les vedettes des concours d'élégance, c'est très bien. Mais tant d'images d'Epinal attachées à l'automobile n'en effacent pas le rôle dans les provinces profondes.
- KELEREPUS -
- KELEREPUS, 27 mars 2023. Chronologiquement, l'automobile a bel et bien été le second instrument du désenclavement des zones rurales, après le chemin de fer. Cette image d'une Topolino (ou Simca-5) au beau milieu d'une basse cour (Extraite de "Se souvenir de la France paysanne" ouvrage de Jean-Michel Le Corfec et Bernard Pasquet - Editions Geste). fut parmi les images les plus familières de la France profonde, et ce n'est pas un hasard. La campagne avait bien un besoin intense d'un tel équipement. Plus que la ville, où les transports avaient été organisés plusieurs siècles avant l'avènement des véhicules motorisés. La traction hippomobile fut en effet la clé de voûte des dessertes des quartiers, secondée dès le 19ème siècle par le rail, avec des trains locaux, régionaux, des tramways, etc. Pas étonnant donc que, même si l'auto rapide, l'auto prestigieuse, l'auto confortable, l'auto style de vie avaient été façonnées, les industriels eurent à cœur de concevoir et vendre ce qui serait d'une immense utilité pour aller de ferme en ferme, de hameau en hameau, voire faire des trajets jusqu'en ville. Si l'image ci-dessus évoque une période post seconde guerre mondiale, les photos venues d'Amérique, berceau de l'automobile à grande échelle, rappellent que dès les années 1900 (la Ford-T fut lancée en 1908), la campagne a énormément profité d'une automobile utilitaire qu'elle a largement en juste réciprocité contribué à faire vivre. C'est aussi cette vocation pour la ruralité qui a fait de l'automobile un utile complément du train, spécificité toujours d'actualité de nos jours. Avec une auto, rien n'est plus commode que de se rendre à la gare (sauf si des esprits torturés s'acharnent à rendre l'accès à cette gare et le stationnement dans sa très immédiate proximité de plus en plus impossibles).