AUTOMOBILE : Jaguar va bientôt célébrer les 3/4 de siècle d'un moteur de légende.

Le XK, c'est un cas. Ce moteur apparu en 1948 aura 75 ans pile en 2023. Il ne s'agit pas seulement d'une continuité mécanique, mais d'une véritable épopée. Comment naissent les légendes.

- KELEREPUS, 7 novembre 2022. Créer une légende ne se décide pas un beau matin, entre quelques avis bien décidés d'ingénieurs et de patrons d'industrie. Les nécessités les plus élémentaires sont souvent au moins autant déterminantes que les stratégies les mieux élaborées. Dans l'immédiat après-guerre, les soucis de l'industrie automobile européenne sont variés, mais se résument aux renaissances, celle des ventes et celle d'un retour le plus rapide possible des clientèles. Dans ce même immédiat après-guerre, un ex-fabricant britannique de side-cars va poursuivre sa stratégie déjà orientée avant le conflit vers l'automobile, avec des véhicules dont les "patronymes" commençaient tous par "SS", comme la SS1, la SS100, SS pour Swallow Side-Cars, les side-cars (pour motos) "Hirondelle". Mais sans doute que Williams Lyons (pas encore "Sir", il sera anobli en 1956) se dit qu'après tout ce qui vient de se passer, SS n'est pas forcément le sigle plus convenable pour une marque d'automobiles cherchant à prospérer. Toutefois, ce souci nominatif est de tous ceux qui le hantent le cadet. Tout en optant pour "Jaguar", il faut songer à une production attractive et performante. Et l'équipe à Coventry travaille, notamment sur le filon sportif, LA bonne recette pour mieux faire connaître un constructeur. N'entrons pas dans les méandres d'un développement qui, à l'heure où chacun lit ces lignes, moins trois quarts de siècle bien sûr, le staff est déjà concentré sur ce travail, avec en particulier l'ajout de deux cylindres à un bloc qui en comportait quatre. C'est ainsi que naît ce moteur, qui va prendre place sous le capot de la... XK120, roadster dont une proportion sera carrossée en aluminium. Et ainsi prend forme ce XK (le moteur) qui va propulser les Jaguar sportives sur une série de succès mémorables, dont dès les années 50 pas moins de 5 victoires aux 24 Heures du Mans. Les versions vont se succéder, XK120, XK140, XK150, puis le légendaire et inimitable Type E. Les cylindrées vont prendre du volume, passant de "3,4 litres (avec versions à 2,8), puis 3,8, le déjà mentionné Type E né en 1961 avec le 3,8 litres, sera animé dès 1965 par le 4,2 litres (255 cv). -cette transition s'accompagnera aux mêmes moments par le remplacement d'une boîte de vitesse Moss (à première non synchro) par une boîte Jaguar toute synchronisée. Naturellement, le bloc lui-même sera au fil de son histoire l'objet de reconceptions plus ou moins importantes. Comme chacun le sait, il n'y a pas que le sport dans la vie. Les berlines de la marque vont recevoir les mêmes motorisations, qui resteront sous les capots alors que le V12 (5,3 litres) viendra les seconder, les puristes et autres inconditionnels préférant d'ailleurs de loin le XK. Ainsi, ce propulseur massif, mais pas si gourmand que certains l'imaginent, aura vécu sur 6 décennies (fin des années 40 jusqu'au début des années 90). En France, il eut droit à une variante en 2,8 litres, sur la XJ6, dans les années 70, pour contrecarrer les effets d'une vignette exorbitante imaginée par les spécialistes de notre célèbre fiscalitude. Version qui se révèlera d'ailleurs "à problèmes" (même si, depuis, les gestes pour le fiabiliser ont été couronnés de succès). Outre de nombreuses berlines siglées Jaguar, il équipera aussi des berlines Daimler. Chez les industriels de l'automobile, il n'est pas rare de voir des mécaniques traverser les décennies. Mais de s'y maintenir au plus haut des hiérarchies, c'est une exception. Nul doute que ce XK connaîtra en 2023 mille et une célébrations justifiées.

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