La conquête de la vidéo n'a pas été seulement celle des films à enregistrer, à voir et revoir. Bien des amateurs, frustrés par les limites du cinéma argentique pour tous, se sont fait un film de ce que le magnétoscope version mobile allait leur permettre.
- KELEREPUS, 24 octobre 2022. Le cinéma d'amateur, quelle belle distraction...! Mais aussi, quelle coûteuse galère...! C'était à l'ère du film. Il y avait eu le 9,5, puis le double 8, ou encore le 8, enrichi au son de l'Ekta-Sound. On vous parle en millimètres, bien entendu. Mais entre y penser et le faire, il y avait une belle distance. A commencer par le premier obstacle, la tirelire. Pour trois petites minutes dont on ne saurait qu'après traitement (souvent au labo de Sevran, dans le 93) si elles étaient réussies, utilisables, montrables, venait l'éventuel montage. Avec la colleuse, qui découpait, grattait, maintenait le film bien en place, et ce temps, interminable, qui passait. Et les bouts de film, séquences jouant les spirales sur la table du séjour, jusqu'à ce qu'il faille en ranger certaines car l'heure du dîner sonnait. Si des passionnés sont bien devenus des cinéastes amateurs authentiques et accomplis (allant même jusqu'à oser le 16mm pour certains) ce cinoche-là n'était définitivement pas pour tout le monde. La vidéo a bien failli tout changer. A commencer pour le portefeuille. Les cassettes, presque de la rigolade, d'autant que, si la prise était mauvaise, trop bougée, pas nette, trop sombre, aucun souci. Sans aucun frais, effacer, recommencer, rien de plus commode.
------
D'abord initiée par des ensembles plutôt encombrants, organisés autour d'une caméra et d'un magnétoscope dit portable puisqu'il possédait une bandoulière, c'est le plein format VHS qui s'y est collé, le camp Sony (Beta format) se cantonnant dans le pro où il était d'ailleurs irremplaçable et irremplacé. Puis sont arrivés les formats grand public. Et là, ce n'est plus un historique, mais une longue procession. Il y a eu (entre autres) le 8mm, initialement lancé par Kodak et Philips qui l'ont abandonné, avant qu'il ne soit ensuite propulsé dans une variante, cette fois à succès, par Sony. Le "camp" du VHS a répliqué avec le VHS-C, la firme inventeuse du Walkman osant le -bien meilleur- Hi8. Puis arrivèrent les versions à DVD enregistrables, avant celles de cartes mémoires. Mieux vaut se limiter à ce résumé concis d'un domaine où le client fut quand même quelque peu dérouté par les nombreuses variantes, non compatibles, les modèles et cassettes devenant vite obsolètes, les anciennes prises de vues de moins en moins visionnables faute d'un matériel apte à cette manœuvre. Il y a dans des tiroirs ou sur des étagères des quantités de ces mises en mémoires magnétiques dont les auteurs se souviennent, et espèrent sans trop y croire les revoir un jour.
Finalement, la vidéo caméscopée, après une belle période, s'est repliée. Elle n'a pas complètement disparu, mais elle survit d'une manière quasi moléculaire, d'autant que, comme l'image du cinéma argentique, le montage est resté une épreuve. Et surtout, le numérique est arrivé. Désormais, il se partage entre des appareils photo dotés de telles aptitudes qu'ils sont, pour les pros, en train de supplanter les caméras classiques. Et l'incontournable smartphone, qui enregistre des images techniquement allant du très bon à la véritable excellence. Sans oublier la famille qui fait bande à part, celle des caméra "sport" ou d'action, dont le dernier né de la marque phare, GoPro Hero-11, vient d'apparaitre Mieux, grâce à des logiciels de montage simples et efficaces, construire des séquences est désormais à la portée de qui le souhaite. De quoi remplir les réseaux sociaux, et donner à cette génération des amateurs (ou presque pour certains) que sont les "Vlogueurs" tout ce qu'il faut pour conjuguer le rêve sur le ton de la réalité. Fin heureuse d'une longue séquence.
- AUTRES INFORMATIONS, IMAGES, DE L'HISTOIRE, DE LA PRATIQUE >>> -