Contrairement à certaines idées reçues, le célèbre manufacturier de Clermont-Ferrand ne fut pas le seul à chercher d'autres voies que le réseau routier.
- KELEREPUS, 23 août 2022. Au fil des années, la seule véritable trace restée populaire des initiatives "pneumatiques" dans nos chemins de fer s'est incrustée dans le vocabulaire. Même le Larousse s'y trompe encore, en mentionnant que "micheline" est un substantif désignant un autorail. Heureusement, les passionnés, voire ferrovipathes, et les adeptes d'une histoire méticuleuse savent que ce terme ne désigne que les automotrices sur pneumatiques Michelin, d'où leur nom inoubliable. Oubliant l'intérêt majeur du contact fer sur fer (ou acier...) qui abaisse considérablement la puissance nécessaire pour mettre en mouvement un engin ou un convoi d'un poids (nous devrions dire "masse") certain, le mobile des tentatives, multiples, était le confort (et bien sur, le marché, ce qui est parfaitement normal pour tout industriel). C'était l'époque (années 1930) où le rail proprement dit se devrait d'être court, et séparé du suivant comme du précédent, sur la voie, d'un espace suffisant pour que la dilatation sous fortes chaleurs n'entraîne de catastrophiques déformations. D'où ce bruit rythmé et saccadé caractéristique du train qui roule et passe sur ces jointures, que les jeunes ne peuvent pas connaître, maintenant que la soudure élimine ces espaces choquants. Toutefois, si Michelin s'est lancé dans cette bataille du rail, il ne fut pas le seul. Son concurrent Dunlop, notamment, a aussi un peu pénétré le réseau, comme le montre ce "Fouga-Dunlop", autre automoteur sur pneus vu par exemple sur la photo ci-dessus (extraite du merveilleux ouvrage en deux tomes, édité par La Vie du Rail "Autorails de France", sous la signature de Yves Broncard, Yves Machefer-Tassin et Alain Rambaud). L'automotrice "ZZEty 23761" y est vue en 1935 à l'occasion d'une inauguration d'une usine Dunlop, sur un itinéraire entre Montluçon et Paris. L'aventure du pneu sur rail n'a toutefois pas connu le succès qu'en escomptaient se initiateurs. Les progrès entre bandages de roues et qualité de voie ont largement supplanté un agréable gain de confort qui entraînait cependant des inconvénients divers, en utilisation comme en maintenance. Seul, sous nos latitudes, les lignes de métro ont permis la percée du pneu, comme la ligne du métro parisien entre le Chatelet et Les Lilas en fut le lieu de l'initiale concrétisation, dans les années 1950. Mais après tout, qui dit que cette histoire serait terminée...?