Alors que le pétrole nous pompe l'or de nos tirelires, prenons un instant nos distances pour mieux cerner certaines farandoles du vocabulaire.
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- KELEREPUS, 26 juin 2022. Comme chacun le sait, Diesel n'est pas un liquide visqueux, malodorant et de plus en plus cher, mais un individu. Excellent ingénieur, Rudolf Diesel a contribué à la mise au point de cette forme de moteur à explosion, au terme d'une fort longue période de plus d'un siècle parsemé de multiples inventions et améliorations auxquelles se sont consacrés de nombreux techniciens de toutes origines. Au début du XXème siècle, cette technique est finalement bien au point, brevetée, et le mondes des transports, en pleine effervescence, constate qu'il se prête admirablement aux besoins des poids lourds ou encore de multiples mécaniques exigeant des puissances importantes, et en particulier ce que l'on appelle du "couple". N'entrons pas dans des détails trop compliqués, et revenons sur ce qui occupe notre regard, les mots. Bientôt, et grâce à la dictature administrative qui nous vaut toutes les normalisations possibles et imaginables, nous perdrons dans des données lettrées et chiffrées tout sens, si ce n'est pas tout à fait poétique, mais quand même évocateur. Devenu laconiquement le B7 (ou B10 pour les périodes très froides), le gazole a ainsi abandonné son identité pour se réfugier derrière un obscur matricule. Notez que si l'on parle de "gazole" de nos jours, longtemps, les moteurs de technique "Diesel" se sont rangés dans les mécaniques à "huiles lourdes". Pas assez sexy, c'est surtout après la guerre 39-45 que s'est glissée doucement dans le paysage le quasi anglissime "gasoil", que les citoyen de l'Hexagone ont préféré prononcer "gazouale". Et avec sa déclinaison plutôt appliquée à l'auto qui l'utilise et entachée d'une légère point d'irrespect, "le gazo". Mais passant du cargo franchissant mers et océans et du Berliet qui montait les raidillons à vitesse d'escargot à la conduite intérieure, ce précieux liquide ne pouvait pas entrer dans le monde de l'automobile sans adopter au moins un pseudonyme plus classe. Il ne fut d'ailleurs pas le seul dans grande la famille des carburants venus des puits d'huile de roche à se voir rebaptisé. Dispensant une lumière faiblarde avant que la fée électricité inonde la planète de ses superbes rayons, le pétrole lampant s'est vu un beau matin confier une tâche lui faisant prendre beaucoup de hauteur. Devenu le carburant des avions à réaction, il a vu s'inscrire "kérosène" sur sa carte de visible. Plus chic, non...? Répondant à une volonté, quand même, d'une francisation minimale, le gasoil est ainsi devenu le gazole. Non sans aller se mêler au haut du panier, puisque le turbo (compresseur) dans ses versions les plus élaborées, est aussi devenu synonyme d'économie et de performances. Quels jolis noms vont prochainement désigner les courants électriques qui vont animer les véhicules de la nouvelle époque...? Il y a peu de chances pour que leurs soient attribués des créations littéraires aussi riches de sens que ceux qui ont immortalisé les propulseurs liquides d'une bien belle époque. Le sans charme dépasse hélas toutes les bornes...