Le cinéma d'amateur aura été richissime en changements de formats. Le "double-huit", un summum dans le genre, laisse des souvenirs où un coût rondelet et une nécessaire dextérité faisaient partie du plaisir...
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- KELEREPUS, 26 avril 2022. Les cinéastes "smartphonistes" ne connaissent pas leur bonheur. Pour pas un centime, il peuvent capturer des images d'une qualité excellente accompagné d'un son qu'il convient de maîtriser, mais qui est là. Et même expédier dans l'instant la ou les séquences, brutes ou assemblées, voire montées et "Youtubisées". Continuité du secteur de la photographie, le film pour amateurs fut une épopée autrement plus vénérable. Il n'a pas pu s'empêcher d'imiter le slalom géant de la photo pour tous, qui s'est crue autorisée à bouleverser ses formats jusqu'à l'avant-veille de la numérisation. Si le 16-mm s'est révélé être un standard d'une continuité acceptable pour des amateurs éclairés et pour les pros "petit calibre", les créateurs et le court-métrage (ce qui n'a rien à voir avec "petit talent", bien au contraire), l'un des plus "rigolos" de ces concepts dimensionnels fut sans contestation possible ce "double huit" que dévorait quelques célèbres petites machines pour cinéastes du dimanche, telle cette Bell & Howell 624 illustrée ci-dessus (collection Kelerepus). Pour des coûts quasi stratosphériques, (mais quand on aime, pourquoi compter) la bobine permettant d'engranger quelques petites minutes d'images était chargée d'un film de 16-mm de large. Une fois arrivé au bout de la bande, ne constituant en fait que la première "moitié" du déroulement, l'amateur n'avait plus qu'à se mettre dans un endroit le moins lumineux possible, ouvrir la caméra, retourner délicatement les deux bobines, refermer, et recommencer la capture sur la seconde moitié latérale du film. Tremblote, envie d'éternuer, démangeaison subite, à éviter...! En faisant bien attention de ne pas laisser pénétrer le moindre rai de lumière, sous peine de partie voilée. Une fois l'ensemble du support soumis à la prise de vue, il ne restait qu'à l'expédier vers le lieu de traitement (principalement les ateliers de l'imposante usine Kodak de Sevran, 93, aujourd'hui réduite à l'état de friche industrielle) d'où il revenait après développement et découpe longitudinale sous forme d'une véritable et simple bobine 8-mm. Pourquoi faire compliqué quand on peut faire pire encore...?