Ah ! Les éditos…! En voilà un, encore presque récent et qui, selon la formule classique, a retenu toute notre l'attention. Important, ceci n'a rien d'un coup de gueule. Bien au contraire.
- KELEREPUS, 25 octobre 2021. Rarement, quelques lignes suffisent à faire un tour quasi intégral de ce que recouvre un loisir. L'auteur de ces lignes, journaliste toujours "encarté", a vécu quatre bonnes décennies1 (en fait, un peu plus) de ce rituel qu'est l'Edito, ce grand (par ce qu'il doit exprimer) texte toutefois limité (en taille ou "en signes" disent les pros). Un rituel revenant comme certaines tâches régulières et semblent commodes mais le sont en réalité bien moins qu'on le croit. Pire, ces textes sont loin d'être parcourus par tous les lecteurs assidus des titres de presse. Ils figurent un peu comme ce qui peut ponctuer l'entrée d'un chez-soi, par exemple, un simple paillasson. Vous rappelez-vous du paillasson de la plus belle des demeures où des amis vous ont invité à partager leur table…? Non…? Vous vous rappelez seulement vous êtes précipité vers la Jaguar, la 4CV ou la GT-Turbo, dans le fond du garage… Même réflexe pour de nombreux lecteurs de périodiques, dont ceux de ce beau magazine. L'édito, on verra plus tard.
L'édito évoqué, publié dans AUTO-RETRO, mensuel dédiée à l'automobile de collection.
Alors, cet édito. Sans détour, bravo…! Dans sa courte énumération, qu'il qualifie avec prudence de non exhaustive (comment pourrait-on l'être dans un tel domaine), ce confrère énumère ce que l'on ne peut jamais dire en face à face lors de rassemblements d'anciennes ou autres rencontres occasionnelles, toute longueur devenant vite bavardage et échappant à l'écoute. Je n'ai pourtant pas le souvenir d'un résumé aussi clair, complet, explicite, n'ayant rien finalement d'une énumération, mais constituant un panorama parfait. Au fil des ans, depuis le tout premier salon Rétromobile, vécu à la fois en voisin (non pas dans une auto de célèbre Gabriel, mais à la Bastille) et déjà dans le bain collectionnant, j'ai cherché à savoir non pas qui conserve avec intérêt, amour ou passion, des véhicules qu'on baptisait tacots quand j'étais gamin, mais qui, au contraire ne le fait pas, et surtout, pourquoi...?
Alors que je me rappelle à quel point je me régalais, encore en culotte courte, de la musique (selon moi) symphonique du V8 des Vedette2, aveu d'une dérive quasiment congénitale, je comprends et admets que de nombreux quidams ne voient dans l'auto qu'un banal outil pour se déplacer. À ceci près que dans un sondage encore récent à propos de l'automobile, publié il y a quelques temps dans Le Parisien, si 90% de nos semblables estiment que l'auto est une nécessité, 89% l'assimilent à la liberté, et 77% à un plaisir. Tous ces curieux admirant dans des salons ou rassemblements, aux "4 coins de l'Hexagone"3, des autos d'époque et à qui j'ai demandé s'ils aimeraient en posséder une, le "oui" nettement majoritaire (logique, on ne va pas à la plage si l'on n'aime pas au moins le bruit de la mer) fut trop souvent suivi immédiatement d'un "mais" associé au coût, à la place, parfois hypocritement à une épouse -en général absente- qui pourrait s'y opposer, à un manque de connaissances… Et, surtout, non dit mais ressenti, l'absence de ce petit déclic, ce presque courage nécessaire pour y aller, plonger, un peu comme celui qui manque avant d'entrer dans une eau un peu fraîche (décidément, la plage…). Tout cela est l'affaire des professionnels, de l'art et la manière d'aller chercher des nouveaux adeptes, ou nouveaux clients. Ce qui s'appelle, professionnellement, le marketing de l'offre. Mais pour l'édito dont il est question ici, Xavier Audiau titre et interroge : "Et vous, c'est quoi, votre truc…?"
A l'heure ou flotte une idée négative à propos de l'auto, et en particulier de l'ancienne, le "truc" qui pourrait être prioritaire serait de mettre ou remettre en exergue ce qui est inclus dans cette tendance à aimer conserver et animer les véhicules d'hier dans leur aspect multiculturel majeur. Technique, mécanique, design (qui est plus que le style4), esthétique… Le Louvre peut-il en dire autant…? Et pas seulement à la vision des superbes anciennes à valorisations extravagantes réservés aux milliardaires (qui font sans doute peur à des tentations de collectionneurs modestes). Qui plus est, l'après-guerre et les choix gouvernementaux (comprendre sociaux et "fiscaux"…?) a contraint la création en France de légendes souvent bâties par des équipes infinitésimales, aux moyens du même adjectif. Ces génies de la mécanique restés célèbres à la seule vue des aficionados, mais ayant quand même été chercher des poux dans les trophées de nobles britanniques ou de performantes teutonnes, jusqu'aux 24 Heures du Mans. À la différence des créations d'outre-Rhin ou des US, épaulées par des groupes puissants. Non seulement l'aspect statique évoqué et parfois envisagé à longueur de chroniques, pour soi-disant lutter contre des particules, et visant à faire de l'ancienne un monde de statues pour un musée Grévin de la route, est à dénoncer. Mais l'encouragement à un développement encore plus vaste ne serait pas une mauvaise action. Un pas trop mauvais truc, en somme…
1- Yves Dupré, à la tête de plusieurs mensuels professionnels (rédacteur en chef et éditeur…), j'ai vécu ce rituel des éditos, ces bouts de laïus qui retentissent quand les bouclages approchent... "t'as donné ton édito…?". Il faut être dans le moment, dans l'actu, un peu bref, un peu lyrique, 4 à 6 fois par mois, y'a qu'à… -2- Mais les intonations des hélices à pas variable des quadrimoteurs prêts à décoller du seuil de la 25 au Bourget, tout proche et pile dans le sillage des vents dominants, attisaient aussi mes neurones su plaisir. -3- Pardon pour l'utilisation coupablement heureuse de cette formule géométriquement hérétique.- 4- Dans 'industrie, le design est une discipline qui englobe le style, incluant les attentes plus ou moins analysées de la clientèle et des potentiels du marché, et la conception jusqu'à l'tape de la fabrication sur les lignes de production.