Le Guide, n'oublions pas le Guide...! "Le jour où", la formule est excessive…! Pourquoi pas l'heure…? N'avivons pas une supposée concurrence. Ce moment place un point de repère vers une sorte de "je t'aime, moi non plus" qui demeure en 2021.
- KELEREPUS, 21 mai 2021. Bienvenue dans les clins d'œil de l'Histoire. En 1839, fut inauguré le tronçon ferroviaire entre Montpellier et Sète. En 1939, est produit le procès-verbal de commercialisation de la 2CV Citroën. Chemin de fer et automobile sont complémentaires. Rien n'est plus agaçant que de les voir opposés par des intervenants ayant des arrière-pensées faisant dérailler le sujet. Toutefois, la complémentarité rail-route n'est plus, de nos jours, établie dans les mêmes proportions que jadis. En outre, elle ne s'est pas transformée aux mêmes moments dans toutes les régions du globe. Rappelons avant toute autre évocation que le premier arrivé fut le train. Pas besoin d'une "photo finish" pour les départager. Au 19ème siècle, le rail s'est installé dans le décor dès les années 1820, et était un quart de siècle plus tard le moyen de transport et de "communication" qui avait déjà bouleversé la vie de tous. Au cours des années 1850, des textes réglementaires en France vont même aller jusqu'à limiter la vitesse des trains de voyageurs à environ 100 km/h.
Marseille, début du 20ème siècle. Les solutions hippomobiles règnent pour prolonger le voyage en train. Mais à la gare de Deauville, à l'ère un peu plus lointaine, aux sons du Charleston et bientôt du front populaire, (photo plus haut), doucement, le virage s'est déjà amorcé. L'auto et ses chevaux vapeur ont pris le relais.
Ce n'est que plus d'un demi-siècle plus tard que l'automobile se glisse à son tour dans l'aventure, au cœur d'un monde abreuvé de progrès. Rien ne se fait cependant en l'espace d'un claquement de doigt (unité de temps imageante remplacée désormais par "un clic de souris"). D'autant que, parfois, il faut attendre quelques années pour que le cours (de l'histoire) reprenne. Juste le temps de déclencher des guerres et les terminer. C'est après la préférée de Georges Brassens, "celle de 14-18", que les balbutiements de l'auto commencent réellement à se propager. Bien plus vite aux USA, où dès les années 1920, et alors que Henry Ford produit ses 16 millions (!) de modèles T, se concrétise la notion de tourisme en auto. En Europe, la technique n'est pas en retard. Mais les volumes de production et de diffusion -environ de 1 à 10) sont sans commune mesure avec ce qui est bien réel de l'autre côté de l'océan. L'état économiquement catastrophique du Vieux Continent, qui essuie les répercussions de la crise US de 1929, n'arrange rien, sauf l'espoir de ceux qui rêvent de prendre à nouveau les armes. Toutefois, le pli est pris, et ceux qui vivent de cette nouvelle manne qu'est le tourisme, l'organisent et l'accompagnent n'attendront pas que tonne le canon pour se rendre à l'évidence.
Dès 1939, le célèbre Guide Diamant (édité par Hachette) prend un impressionnant virage et le justifie face à ses lecteurs (et clients annonceurs). Dans une préface, est expliqué que "la collection… se présente sous une formule toute nouvelle, adaptée à l'évolution moderne du tourisme." Et de poursuivre : "Bien que les chemins de fer soient toujours et même de plus en plus utilisés pour les voyages, il est évident que le tourisme routier s'est développé se son côté par un essor si rapide et si puissant qu'il a pris en quelques années la première place.". Dans cette information, le guide souligne de surcroît que si le train reste très utilisé, le voyageur est en même temps de plus en plus tributaire de la route, qui assure la liaison entre la gare et la destination finale. Derrière cette constatation, qui impose à l'éditeur d'organiser ses guides (qui couvrent l'Hexagone par ses régions) en fonction de cette réalité nouvelle, c'est déjà le chant du cygne d'un chemin de fer local, avec ses innombrables petites lignes, moins pratiques et plus coûteuses que ces véhicules routiers, bus, taxis, automobiles, achevant des trajets porte à porte plus confortables et réalistes. Depuis cette déjà lointaine époque, le voyage aérien s'est glissé dans le décor et participe à cette complémentarité. Qui penserait que nous "l'avion" oublié…? À quoi servent les innovations techniques…? Elles servent à… s'en servir.