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En imposant la mise en place de boîtes noires dans toutes les automobiles, les autorités apportent la preuve que toutes les causes énoncées n'avaient aucun fondement. Ces mémoires ambulantes vont-elles apporter la lumière...? Pas si sûr...

- KELEREPUS, 31 mai 2021. "La vitesse, il roulait trop vite"... C'est bien souvent ce que l'on entend quand il est question d'expliquer ce qui a pu provoquer un accident de la route. Et parfois, c'est vrai, notamment quand un conducteur en vitesse excessive perd le contrôle de son automobile, file dans le fossé ou contre un arbre, ou va percuter un véhicule arrivant en face. En revanche, dans une grande majorité des cas, les vraies causes ne sont pas connues. Une aide vient depuis quelques temps au secours de conducteurs sous la forme des caméras embarquées qui enregistrent les images. Par ailleurs, il est de notoriété que quelques facteurs induisent des catastrophes, comme la conduite sous l'emprise de l'alcool ou de stupéfiants (parfois les deux), ou l'endormissement. La manipulation des écrans de smartphones entre aussi dans la liste des comportements à risques, tout comme celle des écrans tactiles dont les constructeurs inondent les véhicules neufs depuis plusieurs années, probablement aussi dangereux que ceux des mobiles, mais bizarrement (restons naïfs...) jamais évoqués. 

La répression de la vitesse a été au cœur de ce que les responsables politiques estiment être un combat victorieusement mené, grâce à un recul sensible des décès il y a quelques années. Une vision très contestable, car des reculs dans les bilans ont été observés dans d'autres pays proches n'ayant pas pris les mêmes dispositifs. En réalité, ces progrès de la sécurité ont été observés au cours des années où dans le parc automobile, se sont propagés les coussins gonflables de sécurité, les systèmes antiblocages au freinage, la ceinture de sécurité aux places arrières, et les travaux très pointus des laboratoires d'accidentologie.* Expliquer que la limitation de la vitesse et la pénalisation des excès est à l'origine de la réduction du nombre de victimes est un mensonge grave, qui sous-entend que les améliorations énumérées ci-dessus n'auraient eu aucune incidence. 

Voici donc la boîte noire, un instrument qui révélera moins d'éléments que les caméras embarquées. Certes, elle va donner le positionnement du véhicule (comme s'il était mystérieux quand il est endommagé sur le lieu d'un accident!), son cheminement, vitesse incluse, et en cas d'excès, gare...! L'analyse précise de cette même trajectoire restera bien plus compliquée. Une embardée et ce qui l'aura provoqué restera une inconnue essentielle.** La même boîte ne dira rien, par exemple, d'un cycliste ou d'un piéton impliqué dans l'accident (ce qui est très fréquent en milieu urbain). On peut multiplier les points sur lesquels cet instrument ne donnera que des informations tronquées, éventuellement trompeuse. Quant à l'alcool, le crack, le smartphone, l'écran tactile, pas d'info. Ni d'ailleurs, sur l'absence de bandes blanches latérales balisant une route dans une soirée d'automne sombre et pluvieuse, ou autres graves défauts d'infrastructure dont notre réseau est loin d'être exempt.

En revanche, quelle superbe base pour le suivi en permanence de toutes les automobiles qui circulent, avec une alerte et si "affinités" une verbalisation automatique à la clé. Attendons-nous à mille et une explications la main sur le cœur garantissant qu'une telle éventualité n'est en aucun cas envisagée, ne le sera jamais, foi de responsable politique (hum hum...) et que "du reste, les données ne sont pas exploitables dans ce sens" (future citation). On verra... 

* Il ne faut pas sous-estimer le temps que mettent de tels dispositifs à devenir d'abord importants, puis majoritaires au sein du parc en service. En France, environ 37 millions de véhicules particuliers et utilitaires légers sillonnent les routes. Les "bonnes années", environ 2 millions de voitures neuves sont achetées par les consommateurs. 

** Pour un atterrissage aux instruments, la précision demandée à un GPS sur un avion de ligne est de l'ordre de 70 cm dans chacun des trois axes (hauteur, latéral, longitudinal). Ce plus d'un demi-mètre est totalement insuffisant pour savoir avec certitude si une ligne continue a été franchie, par exemple... Rappelons en outre que le coût d'un système GPS en automobile ne peut être le même que celui d'un Airbus ou d'un Boeing.

 

Tag(s) : #- ACTUS, #- AUTO de MAINTENANT
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