A toute vapeur ne veut pas forcément dire à toute allure. Sur son parcours en forme de digue, on allait à la plage.
- KELEREPUS, 28 avril 2021. Les "p'tits trains" ne s'en vont pas seulement dans la campagne. Palavas-les-Flots, la station balnéaire de Montpellier, se rejoint aujourd'hui par une voie rapide, enfin, rapide lorsque les embouteillages n'y sont pas trop démotivants, ou par un tramway moderne circulant sur un trajet obéissant à une savante gestion de sections à voie unique. Puisque les contribuables contribuent, pourquoi devrait-on priver les ingénieurs de leur joujou favori, la complexité… Dans les années 50, ce même bord de mer se résumait à un canal bordé de bâtiments, des cafés, des restaurants, des glaciers, des magasins de souvenirs, que du non essentiel, sauf pour le moral… Un petit bac permettait de passer de la rive gauche à son opposée éternelle. Une plateforme flottante, animée sans le moindre micron de particule carbonée abandonnée à l'atmosphère, la force motrice étant assurée par les bras du "plateformiste" encaisseur, capitaine et matelot. Autour, pas grand-chose, à part, vers l'ouest, un camping sur le chemin ensablé menant à Maguelone et son étrange cathédrale, à l'est, Carnon, au bout d'un parcours désertique. Dans sa petite voiture fringante, la famille en vacances s'offre un petit tour vers la grande ville (histoire vraie). Soudain, une exclamation surgit. "Oh…! Regardez là-bas, le train…!" Sous un gentil panache de fumée, qu'aucun intégriste écolo ne songe à diaboliser, la 040 tracte sa rame de voitures à plateformes. Sa silhouette se détache, mi-réelle mi-jouet, sur un horizon limpide, cheminant à hauteur prudente au-dessus du niveau des étangs. Même dans cette atmosphère que les moins de 60 ans ne peuvent pas connaître, c'est la vision d'un passé déjà largement révolu qui monopolise les regards. Un jour, dans une action sans doute qualifiée de moderne, la petite 040 a été mise au rencart. Quelle erreur, mais à une époque où, il est vrai, l'intérêt des trains touristiques et leur succès n'était pas encore soupçonnés. Plus assez moderne, vive les autobus…! Une déchéance qu'un Georges Brassens, venant de son Saint-Gély du Fesc pas si lointain, aurait pu chanter comme l'histoire d'un petit cheval blanc. La 040 n'a pas été ferraillée. Elle reste tel un monument, au rond-point des Prés d'Arènes, accompagnée d'une de ses voitures, alignée près d'une médiathèque capable de montrer pour jusque dans la nuit des temps tout le mauvais goût dont les architectes d'aujourd'hui, et ceux qui les laissent faire, voire les subventionnent, sont capables.
Voilà sans doute un thème idéal pour un projet en modélisme, à la fois complet, fonctionnel et de dimensions raisonnables, en HO ou N. (mais aussi "compatible avec toutes les échelles).