Jamais ceux que l'on résume par "les contenus" n'ont été aussi "lourds" et nombreux. La tentation de ne rien faire de plus que les conserver là où ils sont n'a été aussi répandue.
- KELEREPUS, 4 mars 2021. Les photos dans des boîtes de chaussures, la musique sur des cassettes, les films sur des DVD, ou même des VHS, c'était -déjà...!- hier. Encombrant toujours pas mal d'étagères, ces choses que chacun conserve parce qu'il y tient, et souhaite y accéder à tout moment, ne se gênent pas pour révéler leur provenance d'une autre époque quand on cherche à en réveiller la substance. Trouver les équipements susceptibles de les lire est devenu un exercice complexe. Sauf pour les photographies, dans leur retraite au fond d'un refuge portant encore le slogan d'un chausseur sachant chausser.
Aujourd'hui, tout est différent. Car il y a le "cloud"*, une manière de conserver tout ou presque plus ou moins consciemment**. A ceci près que celui-ci n'est jamais accessible d'une manière gratuite. Sans le savoir, il va falloir lâcher quelques centimes pour voir ou revoir les photos de sa tante du Canada ou des vacances à Long Beach en 75. C'est le côté le plus agaçant de cet archivage qui n'est pas à l'abri, quoi qu'on en dise, d'une défaillance technique d'une nature imprévisibles, voir de la disparition d'un opérateur. Mieux vaut donc aussi conserver pas devers soi des documents jugés précieux. Avec d'emblée une obligation : il faudra transférer de temps en temps (tous les 10 ans est une durée raisonnable) sur des supports nouveaux. Un transfert qui doit, justement, autant tenir compte de la bonne maîtrise et disponibilité des moyens de lire ce qui est stocké, que de la progression de nouveaux moyens. Par exemple, aujourd'hui, les SSD (faussement appelés "disques", puisque ce sont des mémoires sur semi-conducteurs). Encore jeunes, et un peu onéreux, ils permettent quand même de se doter de capacités importantes par rapport aux fichiers déjà stockés, mais qui seront moins démesurées face aux tailles des fichiers qui vont apparaître notamment sous l'influence de la génération 5G.
Le cas à part du smartphone : nombreux sont les clichés, selfies, morceaux de musiques, voire courriers ou dossiers importants, qui dorment dans la mémoire d'un smartphone, parfois transférés sur une carte mémoire, mais pas toujours. Le smartphone est l'un des équipements les plus volés. il arrive aussi qu'il tombe et se brise, qu'il s'oublie là où on ne le retrouvera pas. Non sauvegardé, ce qui se trouve à bord risque fort d'être perdu à jamais. Sauvegarder est une précaution élémentaire.
Cher, ou pas si cher, complexe, ou pas si complexe...? Il faut comparer ce qui est comparable. Par rapport aux collections de CD ou de cassettes audio ou vidéo, la différence n'est pas qu'électronique. Combien d'étagères d'un célèbre marchand suédois de bois au détail (fort généreusement qualifié de marchand de meubles) fallait-il pour conserver ce qui tient désormais dans un SSD de quelques millimètres d'épaisseur et tenant dans une poche sans en dilater les coutures proche d'une inélégante rupture...? Et dès lors, pourquoi ne pas imaginer les mètres carrés gagnés, à parfois 10.000 euros l'unité, dans de grandes et célèbres villes...? De quoi ranger sans souci des tonnes de bouquins et des vinyles qui, comme ceux de 1972, seront toujours lisibles...? Sauve qui peut, sauvegarde qui veut...
* Qui, bien sûr, n'est pas un conservatoire vaporeux flottant dans quelque strato-cumulus, mais n'est autre que la "population" croissante des centres de stockage bien physiques, protégés, sécurisés, multipliés au cas où...
** Inconsciemment dans de nombreuses circonstances où ce qui est conservé par un opérateur l'est en fait dans ces centres de stockage.