Cette hypothèse était soupçonnée. A mots très feutrés, au moins un patron le confirme. Retour sur les paroles modérées mais révélatrices de Carlos Tavares, PDG de PSA.
- KELEREPUS, 29 septembre 2020. Il y a sur la planète des individus qui rêvent de voir l'automobile si ce n'est disparaître, au minimum se réduire jusqu'à une présence infinitésimale. Dans une récente interview accordée au Journal du Dimanche, le patron du groupe PSA n'a pas dissimulé que l'industrie dans laquelle il exerce son rôle se trouve face "à des lobbies hostiles à l'automobile très puissants". Quand on sait à quel point mots, formules et propos de dirigeants de ce niveau sont prononcés avec doigté et prudence, cette affirmation n'est pas loin de ressembler à un pavé dans la marre. En outre, en évoquant le virage électrique, ce PDG ne cache ni qu'il estime les délais trop courts pour des dates limites de mises en œuvre, ni les inévitables et colossales conséquences sur l'emploi (et peut-être même la survie de certains industriels) que cette migration engendrer. Compte tenu des engagements politiques et des tendances constatées lors des dernières consultations électorales, le pli est pris, et il est sans doute déjà trop tard pour que la trajectoire soit corrigée. On y va, attachez vos ceintures…!
Bien sûr, il y a les récentes et inquiétantes paroles d'élus, ainsi que la tentation d'aller vers ces cibles électorales pour en récupérer quelques-unes. C'est en lâchant du lest que l'on fait remonter tout aérostat perdant de l'altitude, Cyrus Smith et Gédéon Spilett vous le confirmeraient. Carlos Tavares ne pensait-il pas aussi et surtout à ces morceaux de choix qui émaillent les travaux de la Convention Nationale pour le Climat…? Des chapelets de contraintes exécrables dont il est clair que les foules "ordinaires" n'ont pas cherché à percer les objectifs qui pourraient fort bien se résumer par "sabordons-nous ou on fait un malheur". Les pourcentages de votes favorables aux résolutions prises par cet éphémère aréopage, qui tournent tous dans la fourchette des 80 à 90%, rappellent à quel point ces propositions sont en phase avec l'expression démocratique. C'est une variante acidulée de ces référendums auxquels, après un "oui" net, les décideurs décident que finalement, ce sera non. Personne n'en veut...? Ok, alors on le fait (ou l'inverse, selon les circonstances). Inutile de tout énumérer. Contentons-nous d'évoquer ce malus de 4000 euros imaginé (taxes des véhicules sur leur poids*) pour des hybrides rechargeables récents bénéficiant de 2000 euros d'aides du fait de leur électrification**.
Pour les anciennes, c'est une bonne pioche. Paradoxalement, les directions suivies, qui vont lourdement affecter les véhicules neufs et récents, ont toutes les chances de multiplier les atouts positifs des occasions, plutôt bien âgées de préférence, et des collectionnables ou collectionnées. A condition que les envies de rendre exclusivement statiques toutes ces pièces de collection, autre volonté des membres de la convention déjà évoquée, ne soient pas à leur tour mises à exécution. "Exécution", voilà justement, un mot très adapté au destin que l'automobile se voit dessiner par des intégristes par ailleurs hostiles à la 5G, et à la plupart des innovation et peut-être même à la pénicilline, qui sait…
* Pied de nez aux ingénieurs et techniciens qui ont, quitte à l'alourdir, transformé l'auto pour la rendre plus sûre. La sécurité passive est l'un des éléments qui ont le plus contribué à la diminution colossale des blessés et des décès dans les accidents de la route.
** Pour l'heure, ces mesures ne sont pas dans la loi de finances retenue, mais les résurgences à la française en matière de prélèvements restent une tradition. Il semble que la leçon de la taxe carbone ayant déclenché le mouvement des gilets jaunes (parti après coup bien loin de sa motivation massive initiale) n'ait pas été totalement retenue.