Pour célébrer son centième anniversaire, le constructeur britannique a créé une vidéo à la fois belle et émouvante, mais à double tranchant pour l'image du petit train et les perspectives pour l'univers des pros qui en vivent.
- KELEREPUS, 5 août 2020. Le modélisme ferroviaire est-il un loisir d'hier, de maintenant, ou du futur…? Tout est affaire de vision. Pour des papy-boomers, le passé est incontestablement l'ancrage dominant. Ayant vécu l'enfance et la jeunesse quand le train occupait une place importante dans la vie courante et encore davantage dans des moments forts tels que les départs en vacances, les allers et retours vers des grands parents, les souvenirs alimentent leurs passions. Qui plus est, dans ces époques lointaines (années 50-60), les chemins de fer avaient aussi une image liées aux activités valorisantes. Alors que l'avion n'était encore que d'un usage limité en Europe*, et l'automobile en phase de développement (moins de 30% de taux d'équipement des ménages en automobiles fin 1959), le train concentrait les analogies avec les tendances les plus positives. Voulait-on créer une publicité pour un pantalon en Tergal ou y stylo à plume élégant…? Ils étaient montrés par un jeune cadre dynamique accédant à une voiture de TEE. Nous n'en sommes plus là. Les enfants de ces baby-boomers devenus papys sont allés chez leurs grands parents de province en avion, ils ont dans leurs souvenirs les voyages dans des automobiles qui ne demandent qu'à être collectionnées. Les cadres et "collaborateurs" ayant à se déplacer font la queue de bon matin aux portes d'embarquement de Roissy, Saint-Exupéry ou Nantes Atlantique. En en mot, nous avons changé d'époque.
A travers une vidéo rétrospective (à voir ici) de son long passé, la firme britannique Hornby fait circuler un message qui, comme les médailles, a aussi un redoutable revers, celui qui tend à montrer le modélisme ferroviaire comme un loisirs pour des jeunes pas très éloignés de leurs 77 ans, émotion (très réussie dans ce petit film) en prime. Dans cette initiative de communication, la marque souligne certes son passé prestigieux, très présent dans l'ambiance ferroviaire miniature, mais pas forcément génératrice de motivation pour des publics de 2020.
Entre le chemin parcouru et celui d'un avenir qui pourrait s'annoncer prometteur, il y a une distance. Que tout professionnel, notamment détaillant, ne peut observer qu'avec circonspection. L'heure est en effet à la recherche d'armes et d'outils susceptibles de recruter des nouveaux clients, et donc de nouveaux adeptes. Selon nos diverses et nombreuses constatations, (hors périodes de confinement, naturellement) les moments forts liés au train miniature (expositions, présentation en galeries commerciales, etc…) permettent pourtant de constater un intérêt pour ce loisir aussi bien chez des sujets jeunes que chez d'autres, de générations plus anciennes. Sans le moindre doute positionné d'une manière différente de ce qui a été conçu jadis, il reste un terrain fertile, plus restreint, mais pas moins constructif. Cultiver le passé est louable, encourager le présent est impératif. Avec ce fil conducteur indissociable de toute activité de commerce de détail : attirer de nouveaux chalands, sans chasser les plus anciens. C'est un métier...
* Alors qu'aux Etats Unis, l'irruption de l'avion pour les déplacements entre métropoles provoque à cette même époque l'effacement progressif du rail pour des voyageurs ayant aussi à leur disposition des liaisons par autocars nombreuses, confortables et économiques.