Une atmosphère proche de celle des plus prestigieux palaces, de la jet set et du luxe semble planer sur quelques coins et recoins du salon. Truc de riches exclusivement...?
- KELEREPUS, 9 février 2020. La grand messe parisienne des autos d'hier bat son plein pour encore quelques heures. Comme de coutume, les médias se penchent sur cet événement et, sans doute involontairement, tendent à donner de cet univers une image bien éloignée, stratosphériquement, du domaine de Monsieur Tout le monde. Cela s'articule autour des enchères au cours desquelles les euros par centaines de milliers au coup de marteau règnent sur un parterre de connaisseurs, des spécialistes dont le simple regard semble parfois adresser au quidam le message selon lequel ils ne sont pas du même monde. Avec pourtant des petits détails qui remettent les choses dans un ordre plus réel, comme une prestigieuse Voisin que l'on sort de la vente, n'ayant pas trouvé preneur pour 40.000 euros environ (ce qu'il faut compter pour un beau break DS 23 Citroën bien restaurée). Ou encore cette 2CV Citroën dans un exceptionnel état de remise à niveau, explique le commissaire priseur, mais qui arrive sur le podium dans un joli nuage de fumée bleue (adjugée 18.000 euros quand même, avec une segmentation à revoir...?).
Conscients de cette envolée très cernée d'une facette de la collection, les organisateurs ont fait circuler quelques jours avant l'ouverture un autre repère en évoquant des anciennes à moins de 25.000 euros. En osant un "pour tous" à prendre avec des pincettes. A ce niveau, c'est sûr, on n'est pas chez Lidl. Toutefois, comme dans le monde qui nous entoure, il y a ici des ultra-riches, ceux qui, plus modestes, vivent bien, et tous les autres, les plus nombreux. Même chose dans la collection auto. Sans oublier un univers de professionnels. Car comme pour les tapis, les tableaux de maîtres, les vieux vases étrusques et les automates anciens, ces objets sont aussi faits pour être vendus. Ce qui suppose des individus qui ont choisi de gagner leur vie en recherchant, achetant, restaurant, expertisant, présentant (show-rooms) tous ces pièces. Pour cela, il faut de la place, de l'outillage, des connaissances, une panoplie d'aptitudes que l'automobile "ordinaire" ne justifie plus. Des pros qui, si l'on oublie ce qu'est leur métier, donnent à certains envie de faire rimer collection et spéculation. Il n'en reste pas moins que pour les autos anciennes comme pour les meubles ou les timbres, ce ne sont pas les vendeurs mais les acheteurs qui font parfois monter les prix jusqu'à des sommets dont il faut nuancer le côté raisonnable. Avec à la clé des motivations aussi nombreuses qu'il y a de collectionneurs.
Heureusement, il y a aussi des véhicules d'époque pour seulement quelques milliers d'euros, bien moins que pour n'importe quelle auto neuve, gamme Dacia incluse. Ce qui tombe bien. Autant pour les collectionneurs mécanos qui ne voient ces machines que pour le plaisir de les restaurer, mécaniquement, esthétiquement, pour ceux qui se régaleront d'une sortie de temps à autres, comme dans l'auto de papa, ou encore les assidus des rassemblements, bourses d'échange, rendez-vous réguliers... Qui n'a jamais succombé aux charmes d'un départ tard dans la nuit, avec un joli crachin installant dans le faisceau des phares un spectacle féerique, bercé par la mélodie envoûtante de la pluie sur la capote fermée d'un cabriolet...?
Si Rétromobile reste un salon hors normes (récompensé internationalement comme le meilleur de sa catégorie), il peut aussi donner à certains amateurs potentiels, ceux qui sont de plus en plus tentés sans être encore "tombés dans la marmite", l'impression très inexacte que ce monde est trop haut perché pour eux. Ne tombons pas dans les pensées propres à générer le renoncement. Bonne route...!