Si la prise de vue reste un loisir extrêmement prisé, ses deux principes techniques originels, la chimie et désormais l'optique, perdent doucement la main, ce qui contrarie les amateurs inconditionnels.
- KELEREPUS, 17 février 2020. Ce n'est un secret pour personne, ça tangue dans l'industrie photo. Les grands spécialistes japonais (notamment Canon et Nikon…) avaient déjà eu beaucoup de mal à se faire à la transition de l'argentique vers le numérique. D'autres industriels japonais, groupes majeurs dans l'électronique (en particulier Panasonic et Sony), ont en revanche imposé à une cadence soutenue l'entrée dans une nouvelle époque. S'il s'agissait d'une révolution dans le domaine des supports (capteurs en lieu et place des films et de leurs émulsions sensibles), cette transformation historique dissimulait à peine l'arrivée inévitable d'un prolongement pourtant logique. De plus en plus, grâce à des aptitudes de traitement en constante amplification, ce sont désormais les tâches que l'on attendait de l'optique qui sont prises en charge par des circuits et des logiciels intégrés qui démultiplient les effets de cette métamorphose de la capture des images. Ainsi, sur de nombreux points (zoom, traitement des dynamiques, correction de certaines aberrations, gestion des couleurs…) l'électronique numérique s'est attaquée à des tâches essentielles, tout en présentant des perspectives d'améliorations encore immenses.
Ces transformations fondamentales sur le plan technique sont à l'origine de l'évolution des usages et de concurrences qui mettent à mal l'industrie classique de la photo. Celle-ci avait déjà perdu en quelques années plus de 80% de ses ventes (volumes mondiaux passés de plus de 100 à environ 20 millions de pièces*), et pour l'heure, des analystes en redoutent encore un repli moyen annuel supérieur à 11% jusqu'en 2024, faisant chuter les recettes de cette industrie de plus de 16 à moins 8 milliards de dollars au cours de ces prochaines saisons. La concurrence qui profite de cette tendance, et des techniques nouvelles est bien sûr celle des smartphones. Des équipements qui profitent de surcroît des croissances observées sur de nombreux segments d'activité (télécoms, réseaux sociaux, objets connectés, etc, ce qui en permet des économies d'échelles sans précédent. De quoi dynamiser encore l'activité des amateurs, confirmant que si l'industrie photo classique est face à ses plus gigantesques défis, la photo par elle-même a de bonnes chances de voir se multiplier ses adeptes.
* Cinq marques, Canon, Fujifilm, Nikon, Panasonic et Sony vendent 8,5 appareils sur 10 dans les 20 millions diffusés