La concurrence des smartphones a littéralement désarticulé le marché des appareils photographiques. Potion amère pour ceux qui vendent le matériel…
- KELEREPUS, 29 janvier 2020. Vos points de vente photo préférés ne sont plus ce qu'ils étaient…? Certains ont disparu, d'autres ne présentent plus que des assortiments très limités…? Et que dire d'un enthousiasme qui s'est émoussé… Merveille du progrès technologique, le numérique a, comme jadis de nombreuses innovations dans de nombreux domaines, porté un coup presque fatal à l'univers de l'image. Déjà, la transition de l'argentique vers le numérique avait beaucoup transformé cette activité.
Initialement, le créneau des appareils en a bénéficié, avec un boom des ventes extraordinaire. De 2,5 millions d'appareils classiques vendus en France en 2002, la meilleure année de "l'ancienne" époque, les quantités d'appareils ont explosé en quelques saisons, dépassant nettement 5 millions d'unités. En revanche, tout le volet "chimique" de la profession a été laminé, entraînant dans le néant la plupart des laboratoires et spécialistes vivant des travaux, développement, tirage, agrandissements… C'est alors qu'une seconde onde de choc est arrivée, avec ce téléphone mobile devenu ordinateur de poche, le smartphone (premier du genre, l'iPhone, né en 2007) capable d'assumer une foule de fonctions, dont des prises de vues à regarder immédiatement et à partager à tout va. Très médiocre au début, il s'est transcendé…! En dépit des avis nuancés des adeptes de la "grande" photo, ces mobiles sont devenus extrêmement performants. Moins que des APN pur jus et de "belle facture", persistent les spécialistes. C'est de moins en moins vrai, et surtout archi faux désormais si on les compare à ce qu'avaient permis jadis des formats argentiques qui, reconnaissons-le, n'ont pas grandi ce métier, vis-à-vis d'une immense population d'utilisateurs aussi occasionnels qu'amateurs avant tout. Et les choses ne vont pas "en 'arrangeant". Les derniers modèles des principaux fabricants (Apple, Huawei, Samsung, etc.) offrent des prestations spectaculaires, en clair, des images photo et vidéo d'une incontestable qualité, que les écrans de dernières génération (TV, ordinateurs, tablettes, smartphones) restituent sans difficulté, laissant loin dans les limites des tirages 10x15 d'hier et même des diapos.
Certes, l'industrie a répliqué, et ces derniers mois, une nouvelle ère s'est installée pour l'APN, le vrai, en reflex ou sans miroir, et surtout avec des capteurs plein format et des processeurs d'images qui distancent largement les prestations des meilleurs smartphones. Une renaissance qui va se prolonger. Toutefois, une population bien plus réduite est en mesure de se laisser motiver. Dans un rayon spécialisé ou dans un magasin, tout professionnel ne vit (y compris économiquement) qu'en fonction de ce que lui rapporte son courant d'affaires. En 2010, l'industrie avait produit et vendu près de 126 millions d'appareils. En 2019, ce total est, au terme d'une glissade pathétique, dégringolé à 19,4 millions. En 2019, les progrès semblent avoir enrayé le mouvement, et montré quelques signes de très léger redressement. Il n'en reste pas moins que si vos interlocuteurs dans le commerce ne semblent plus aussi enjoués que jadis, ils ont de réelles raisons d'avoir perdu leur entrain. D'autant qu'un malheur n'arrivant jamais seul, le numérique leur apporte quotidiennement un autre motif pour pester sans se cacher.
En effet, Internet a permis à la distribution de s'installer en ligne. Et dans ce mouvement, certains acteurs du e-commerce ont innové en créant ce que les pros, en français qui n'est pas du Périgord, appellent les "market places" (places de marché). Ils accueillent notamment sur leurs sites des enseignes du bout du monde qui, proposant des produits sans leur appliquer la TVA, deviennent très concurrentiels, sans aucune parade. Un magasin ou vendeur situé en Asie, par exemple, n'a pas la possibilité d'appliquer la TVA française. C'est le client, quand il reçoit son colis, qui devrait en théorie déclarer et régler ce qui est dû à Bercy. Inutile de décrire davantage le phénomène.