N'est pas Micheline qui veut. Mais ce véhicule d'allure inoubliable n'est pas plus une "Micheline" qu'une nouvelle apparition dans le mélange -sans gravité- des noms, surnoms et marques.
- KELEREPUS, 5 octobre 2019. Loin de cette brève l'idée d'un reproche ou d'une critique, tant les habitudes sont depuis longtemps ancrées dans les esprits. Dans le dernier numéro paru de l'excellent magazine Gazoline, (spécialisé dans l'automobile de collection), la légende d'une photo fera peut-être bondir les plus sévères des ferrovipathes incurables, tout en passant inaperçue pour les autres lecteurs, ce qui fait du monde…! Non, l'engin sur rail que l'on voit sur le cliché n'est pas une "Micheline", mais un autorail, un "300 chevaux unifié", selon la terminologie strictement "rail" et pro, et le plus souvent baptisé de ce petit surnom, "Picasso" (sans aucune licence ni autre accord avec le peintre, pas plus qu'avec Citroën).
Pour sa part, la "Micheline" était bien baptisée par une véritable "marque commerciale", au sens strict et juridique du terme, parce que cet autorail monté sur trains de pneus fut l'œuvre de la société Michelin. Micheline, Michelin.. Michelin, Micheline, vu...? L'usage de pneumatiques ne fut probablement pas couronné d'un immense succès. Certes confortable, le type de contact avec le rail était cependant en contradiction avec l'intérêt technique majeur que constituait la qualité du couple métal (du rail) et métal (de la roue), diminuant considérablement l'énergie nécessaire pour mouvoir un véhicule. Mais lorsque ce système fut lancé, les voies ferrées étaient faites de tronçons de rails alignés les uns derrière les autres, solidarisés par des éclisses, mais avec un espace dédié à la dilatation de l'acier par temps chaud, produisant le refrain classique des "gue-dong gue-dong", lancinant à la longue, que le caoutchouc des pneus atténuait presque totalement. La formule ne fut pas prolongée. Mais la dénomination facile et populaire, improprement utilisée pour tout autorail, vit toujours, preuve que le véhicule a frappé les esprits. A l'heure présente, la technique permet depuis des années de souder les files de rails entre elles, éliminant les effets dangereux de la dilatation (la chaleur se propage tout au long des voies) ainsi que le délicieux refrain choc et interminable, accompagnement sonore des voyages en train de jadis.
Quant à la dérive de l'appellation, elle n'est qu'une parmi des quantités. Le réfrigérateur se laisse appeler "Frigidaire", le baladeur musical "Walkman", et ainsi de suite, la liste de ces travers de dénominations étant sans fin.