Il y a bien des nuances dans l'approche de l'audio et de ce que l'on voit à travers vitres et parebrises.
- KELEREPUS. 6 août 2019 – Interdire le casque en automobile est peut-être un non-sens. En effet, il y a casque et casque, sans oublier l'oreillette*. Et pire encore, l'oreillette avec système anti-bruit...! Prenons tout cela dans l'ordre. Le casque, d'abord. Originellement, on a distingué trois familles de ces instruments pour l'écoute discrète (par exemple, le soir, afin de ne pas réveiller ceux qui, déjà, dorment d'un sommeil réparateur). Le casque fermé isole d'une manière quasi-totale l'utilisateur, utilisant sans vergogne la boîte crânienne de l'auditeur en tant que caisson acoustique. Il y a donc un os s'il s'agit d'entendre quoi que ce soit venant de l'extérieur. Un isolement produisant davantage cet effet qu'un casque semi-ouvert, seconde catégorie, isolant quand même beaucoup, mais plus confortable pour de longues écoutes.
Troisième larron, le casque "ouvert", pour sa part, laisse passer intégralement les bruits extérieurs. Ce dernier modèle, qui se voit quand on le porte (attention, on vous surveille), n'a fondamentalement absolument aucun inconvénient dans une utilisation au volant, serait-il exploité pour une communication via un smartphone. Au contraire, un casque de ce type aurait l'avantage de permettre une audition claire sans inonder le véhicule d'un puissant niveau sonore, inconfortable et capable aussi d'occulter des bruits extérieurs importants. Alors que l'oreillette, qui se voit beaucoup moins bien quand on l'exploite (et pas du tout si cheveux longs, quelle que soit la longueur des idées), "bouche" efficacement le conduit auditif, et fait perdre la perception des bruits environnants. Grave à pied, en vélo, en trottinette, en scooter, à moto... et au volant. Car en automobile, sans que le conducteur en ait toujours totalement bien conscience, cette perception (avertisseurs, régime moteur, rappels clignotants, etc.) très fine et intuitive fait partie de ce qui gère l'action conductrice. Inutile de préciser que lorsque des oreillettes sont de surcroît un système anti-bruit, le comble de la dangerosité est atteint. Voilà un petit rappel qui devrait mettre la puce à l'oreille de ceux qui n'ont pas conscience de certains dangers.
Une autre dimension du danger est toutefois à rappeler. Hormis l'instrument avec lequel se tient une conversation téléphonique, casque, haut-parleur ou même smartphone tenu à la main, c'est la déconcentration qui entraîne le risque pour tout conducteur. Dès lors, avec "seulement" l'interdiction du casque (ou oreillette) et du mobile tenu à la main, la mesure réglementaire est fondamentalement boiteuse. Y compris (et même surtout) avec un smartphone sur support (à griffes ou à ventouse), car cette disposition n'élimine pas la conversation, mais incite de surcroît à manipuler un écran tactile, exercice au top de la dangerosité.
* Bien plus ancienne qu'on l'imagine, elle fut notamment largement exploitée dès le conflit 39-45 dans les avions, les chars et autres équipements dédiés aux transmissions.